De retour en Capitalie


Non, je n’étais pas parti en vacances prolongées (pourtant tout à fait méritées 😉 et d’ailleurs très proches, nananère) à bronzer sur quelque île tropicale aussi paradisiaque pour les touristes qu’infernale pour les locaux,

non, je n’étais pas non plus étendu sur un lit d’hôpital à me remettre (grâce à la bienveillance du personnel résiduel de la fonction publique hospitalière) d’une quelconque maladie aussi invalidante que fulgurante,

non, je m’étais juste mis en retrait quelque temps, en pause en quelque sorte. Une cure de désintox salutaire suite à ma crise aigüe d’exaspération des dernières élections. Au total, presque deux mois sans i-Télé, sans BFM, sans Barbier, sans Doze, sans rien … sauf bien sûr mes abonnements au Monde Diplo, à Fakir et à Politis (tiens, à ce sujet, ils commencent à me taper un brin sur le système ceux-là aussi, sans déc, faut que je consulte). Et surtout, sans plus aucune envie d’écrire quoi que ce soit … à qui que ce soit. Car, tu le sais bien, toi aussi, ami qui, dans ton immense indulgence, supporte de me lire de temps à autre, de toute manière, tout le monde s’en tape de nos conneries de gauchistes. Alors à quoi bon ?

Pour le pire et pour le pire, I am back (and I am – toujours autant – angry et non pas hungry comme d’aucuns le prononcent parfois à tort). Me voici donc de retour dans cette étrange contrée chimérique sans frontière dont la capitale est le Capital, ce pays mondialisé peuplé de singuliers petits individus dont la férocité n’a d’égal que l’ignorance (ceci expliquant bien entendu cela), cet état à la tyrannie douce dont le pouvoir exécutif est détenu par l’oligarchie économico-financière mondiale, le pouvoir législatif par les grandes instituions internationales (FMI, OMC, BM, BCE) et le pouvoir judiciaire par les grands groupes de médias, ce territoire sans terre, éthéré, possédant sa propre Histoire, parallèle, hors réalité, hors sol, hors tout d’ailleurs, dans laquelle, pêle-mêle,

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Commission Européenne on ICE


T’en souviens-tu ami, dans 3 semaines, ce sont les élections Européennes. (Et également la nouvelle élection présidentielle en Ukraine, mais ça, ce n’est pas mon sujet du jour.) Je souhaiterais donc t’entretenir, modérément, d’Europe, ou plutôt d’Union Européenne, celle de Barroso et Merkel. Je sais qu’il est totalement démodé de nos jours de s’intéresser aux programmes politiques avant que de déposer son bulletin de vote et je ne profiterai donc pas de ta vigilante bienveillance à on égard pour t’infliger l’analyse par le menu de ce programme.

Mais au moins, pourrions-nous examiner ensemble où nous en sommes rendu. Qu’en dis-tu ? Si tu es un lecteur assidu du Monde, de Libé, du Figaro, du Parisien, du Nobs, du Point, de l’Express ou de la PQR, ou si tu écoutes ne serait-ce que 10 minutes par jour la Radio ou la Télévision française, tu pourrais, ami, ne pas être entièrement au courant (mais la faute ne t’en revient pas exclusivement, rassure-toi) du bilan que beaucoup de gens, pas forcément tous idiots (bon, probablement moins brillants que Jean Quatremer 😀 mais quand même) tirent de la construction européenne actuelle. Parmi beaucoup d’autres, prenons par exemple Messieurs Michel Soudais et Denis Sieffert du journal Politis (oui, oui, c’est un hebdomadaire d’actualités, promis). Et bien, dans le numéro 1300 du journal,  ils démontent lumineusement les 5 mensonges qui nous sont perpétuellement (et vigoureusement) assénés concernant l’Europe (un peu à la manière dont les économistes atterrés démontent les 10 fausses évidences ou mythes sur l’économie de la pensée unique dans leur manifeste éponyme bien connu) :

  1. Mensonge 1 : un modèle de démocratie
  2. Mensonge 2 : une garantie de paix entre les peuples
  3. Mensonge 3 : l’assurance de la convergence sociale
  4. Mensonge 4 : plus de protection pour ses citoyens
  5. Mensonge 5 : une grande puissance politique et diplomatique internationale

Ami, si tes moyens te le permettent, abonne-toi (si ce n’est déjà fait) et lis par toi-même. Pour ma part, je me contenterai aujourd’hui d’illustrer le mensonge n°1 avec un exemple, à la limite de la caricature, de ce qu’est la Démocratie pour nos bâtisseurs européens.

Peut-être as-tu souvenir que je t’exposasse ici même il y a deux ans l’escroquerie que ces tartuffes venaient d’inventer pour tenter de se faire passer pour des gens tout à fait soucieux des aspirations du bas peuple (ce qui est malheureusement un peu un exercice obligé quand on se dit démo-crate finalement). Il s’agissait de l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) introduite dans le régement européen par le Traité de Lisbonne (fallait bien un gadget pseudo-démocratique dans ce texte pour tenter de faire oublier qu’il était l’émanation-même de la négation de la volonté populaire) et lancée très officiellement le … 1er avril 2012 (une sorte de clin d’œil frondeur à l’Histoire).

Bien sûr, à l’époque, Poursuivre la lecture de « Commission Européenne on ICE »

2014, peut-être l’année du jugement dernier pour les USA


Bien. Assez cherché de p’tits zœufs dans le jardin. Revenons à des sujets plus sérieux, voulez-vous. De toute façon il pleut, alors …

Je lisais cet article du Dr. Paul Craig Roberts (PCR pour les intimes … et pour moi dans la suite de ce billet, car, bien que très loin d’être un intime, je ne me sens pas le courage de taper l’intégralité de ses titres et patronymes chaque fois que je devrais le nommer). PCR est un économiste étasunien qu’il est difficile de situer politiquement.

Mais, savoir à qui on a à faire avant de lire quoi que ce soit est un acte de salubrité mentale indispensable, un préservatif cérébral pour se prémunir contre les MMT, les maladies mentalement transmissibles (on connait malheureusement tous les ravages irréparables qu’ont causé dans les communautés médiatiques et politiques le virus du TINA, le syndrome de la Main Invisible des Marchés ou le bacille de la Théorie du Choc des Civilisations). Donc, prudence, sortons couverts. D’après mon analyse sommaire, je dirais qu’il s’agit d’une sorte de transfuge idéologique. Dans la Mafia, on dirait un repenti. Ultra-libéral dans les années ’70 et ’80, il a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan, c’est tout dire ! PCR était alors un fier partisan assumé de la politique de l’offre, de la réduction fiscale pour les entreprises, du trickle-down et toutes ces conneries. Il a également été rédacteur et chroniqueur de journaux, comme The Wall Street Journal et BusinessWeek, qui ne sont pas exactement sur la même ligne éditoriale que Le Monde Diplo ou Fakir. Mais depuis, il semblerait avoir (largement) évolué vers des positions plus .. comment dire … progressistes. PCR a en effet ouvertement regretté avoir travaillé pour le Parti Républicain, avouant même que, s’il avait su ce que deviendrait ce parti, il n’aurait jamais contribué à la révolution Reaganienne. Il critique également très violemment les Démocrates, affirmant que Obama fait pire que Bush sur la destruction de la Constitution. Aujourd’hui, il suffit de lire les titres de ses derniers articles ou de son dernier livre pour comprendre qu’il a vu la lumière 😉 :

  • « L’échec du capitalisme « Laissez Faire » » (son dernier livre, pas mal hein pour un ancien Reaganien ?)
  • « Les Privatisations sont une rampe de lancement pour la corruption et l’insouciance est une rampe de lancement pour la guerre »
  • « Washington mène le monde à la guerre »
  • « Washington est le pire ennemi de l’humanité » (pour une fois que c’est pas moi qui le dit, mais un étasunien pur cream)

Bref, cet article s’intitule « Est-ce que les USA ou le Monde sont proches de la fin ? ». Et ce qui est plus intéressant encore, c’est son sous-titre : « Ce sera l’un ou l’autre ». Avouez que ça accroche le chaland ! Comme de juste, j’ai donc été accroché (Dieu que la chair mentale est faible), et, considérant

  1. que sont, en ce moment même, en cours de négociation les termes du traité du grand marché transatlantique de libre échange entre les USA et l’UE (le fameux TTIP dont tout le monde se fout sauf quelques rares importuns comme Raoul Marc Jennar ou Jean-Luc Mélenchon)
  2. que ce traité accrochera définitivement, une fois signé, pour le pire et pour le pire, le sort des pays européens à celui, funeste, des USA
  3. qu’auront lieu, sous peu, les élections européennes (pour élire les pas très fameux MEP)
  4. et que l’élection reste à ma connaissance le seul (et l’ultime, dans le sujet qui nous préoccupe aujourd’hui) moyen accessible aux citoyens européens éclairés pour imposer leur refus à cette association mortifère (au passage, laissez-moi vous faire part de mon incompréhension totale, même en tentant d’y appliquer toute la meilleure volonté dont je suis capable, face aux défenseurs, qui se croient drapés dans la dignité de ceux qui ne se font plus avoir, de l’abstention et du vote blanc. S’il y a une seule élection qui présente encore un quelconque intérêt, c’est bien l’élection du Parlement Européen, sauf bien sûr à souhaiter une révolution armée sanglante en Europe, pffft, ou à croire en une soudaine poussée de fièvre démocratique de nos chers dirigeants qui, suite à un taux record d’abstention, déclareraient derechef nulles et non avenues les élections, se mettraient à démonter pierre par pierre l’édifice anti-démocratique qu’ils ont mis 60 ans à construire et en profiteraient d’ailleurs pour s’auto-flageller un p’tit coup au passage, pffft et re-pffft)

il m’a semblé utile de partager avec vous comment l’étasunien PCR (y’sont pas si nombreux, même ce brave Bernie n’ose pas blasphémer ainsi sur son pays) perçoit l’avenir de son beau pays. Peut-être pourra-ce se révéler utile le 25 mai. Malheureusement, de manière fort impolie, PCR a cru bon de devoir rédiger son article en yankee. Choix tout à fait incongru de surcroit car quand on y pense, comment PCR a-t-il pu réellement croire que quiconque dans le monde anglo-saxon pourrait vraiment être intéressé par un article aussi lucide quant à la politique économique et géopolitique des USA ? Franchement ? Il aurait été nettement plus judicieux de l’écrire directement en Français, ou en Russe, ou en Chinois, ou en Espagnol. Mais bon, tel ne fut pas son choix et quelques traductions s’imposent donc.

Sautons directement, si vous le voulez bien, à la conclusion. Cela plantera le décors : Poursuivre la lecture de « 2014, peut-être l’année du jugement dernier pour les USA »

Quelques anticipations sur le TTIP (le grand marché transatlantique)


En cette grisâtre veille de fête des morts, je me devais de lire quelque chose d’adapté.  Quelque chose de bien déprimant et de bien révoltant, vous voyez le genre.  Mon choix s’est donc porté tout naturellement sur un rapport économique étasunien, émanant du Economic Policy Institute, concernant les attaques législatives du régime étasunien sur le monde du travail aux États-Unis.

Pourquoi ce rapport concernant le travail aux États-Unis est-il intéressant, à mon avis, pour nous autres pauvres européens?  Parce qu’il préfigure ce qui nous attend.  S’instruire sur les conditions économiques et sociales aux US, c’est malheureusement un peu comme lire dans le marc de café concernant nos propres futures conditions.  Depuis l’avènement du capitalisme débridé, le régime étasunien constitue en effet le laboratoire lugubre où se concoctent les pires recettes qui sont ensuite exportées sur toute la planète, y compris sur notre vieux continent.  Cela me rappelle d’ailleurs quelques camarades étudiants, il y a bien des lustres de cela, qui déjà à l’époque répétaient sans cesse, des étoiles (environ une cinquantaine) plein les yeux, des bandes (environ une grosse douzaine) sur leur R8 gordini, à propos de tout et n’importe quoi: « putaingue (cela se passait à Marseille ;-)), on a au moins vingt ans de retard sur les ricaingues ici, mais tu verras, ça finira par arriver chez nous aussi ».

Le rapport, pour en revenir à lui, fournit une étude détaillée de toutes les lois, votées sur 2011-2012 à travers tous les états étasuniens, qui attaquent, portent atteinte, restreignent ou abrogent les standards, les protections et les acquis des travailleurs dans ce pays de damnés de la terre:

Je sais que Poursuivre la lecture de « Quelques anticipations sur le TTIP (le grand marché transatlantique) »

Ich bin ein Unitedstater, malheureuselich


Vous connaissiez déjà, bien sûr, clairvoyants comme vous l’êtes, le 51ème et le 52ème états des États Zunis d’Amérique.  Malgré mes recherches acharnées, je n’arrive pas à mettre la main sur l’acte officiel d’adhésion d’ Israël et de la Grande-Bretagne à la grande Nation Unie sous l’autorité de Dieu (et non pas « couchée en dessous de Dieu » comme quelques esprits paresseux seraient tentés de traduire malicieusement).  Mais l’événement est de toute manière absolument incontestable, pour toute personne disposant, entre ses deux oreilles, d’à peine une douzaine de neurones rachitiques désespérément accrochés les uns aux autres du bout de leurs axones atones.

Le rattachement a dû se passer au tournant des années ’50.

Et aujourd’hui, dans un silence assourdissant (encore un de ces vaillants oxymores jouissant d’une splendide carrière dans le monde des locutions linguistiques), les États Terroristes d’Amérique s’agrandissent encore.  53 … 54 … 55 … 56 … 4 nouveaux états, la France, l’Italie, le Portugal et l’Espagne, se sont en effet unis, pour le pire et pour le pire, au grand frère délinquant transatlantique.

Et oui.  Le France est dans le lot.  Pour notre plus grande honte, nous sommes tous officiellement devenus la semaine dernière des étatzuniens d’Amérique (ou des Unitedstaters, comme on dit dans notre nouvel idiome).  You, me, tous, vous dis-je.

Pour ceux qui n’auraient pas suivi (indubitablement animés par une mauvaise volonté évidente, étant donnée la place extravagante qui a été accordée au sujet la semaine dernière dans nos médias bien pensants), un bref rappel des faits.  Il s’agit du grave incident diplomatique survenu entre la Bolivie, un pays indépendant d’Amérique du Sud peuplé d’indigènes hirsutes, et les 4 pays européens susnommés autour de l’affaire Snowden.

(Bref rappel à l’intérieur du bref rappel, que les personnes éprises de nouvelles en tout genre peuvent donc se permettre de sauter allègrement sans entamer leur capital compréhension pour le reste du billet: Snowden, c’est ce jeune américain qui travaillait pour la NSA et qui s’est mu en whistleblower en révélant des informations confidentielles sur les programmes de surveillance menés par les États-Unis, le programme PRISM, espionnage qui s’étendait jusqu’à leurs « alliés », dont la France.  Et on parle là de bon gros espionnage, ambiance guerre froide, apte à faire pâlir de jalousie un Tom Clancy ou éclater de rage un John Le Carré.  Depuis, le jeune homme, terré dans la zone de transit de l’aéroport de Moscou dans l’attente qu’un pays courageux veuille bien lui accorder l’asile politique, le jeune homme, disais-je, est devenu le « terroriste » le plus recherché des autorités nord-américaines.  Ou peut-être le deuxième le plus recherché.  La lutte avec Julian Assange pour ce leadership promet en effet d’être très serrée.)

Bref, revenons à nos moutons du gouvernement français.  Les faits.  Poursuivre la lecture de « Ich bin ein Unitedstater, malheureuselich »