Il faut nous laisser travailler maintenant, Monsieur Filoche

Gégé, comment te dire.  Si tu veux vraiment nous rendre service, je t’en prie, tais-toi.  Je te dis ça en toute amitié et avec tout le respect que je dois à ton engagement sincère.  Je te l’ai déjà demandé en plus.

Parce que franchement, entendre, autant de choses sensées et saines sur la loi de retour au XIXème siècle, entendre cette franche colère, entendre cette profonde indignation, ces vibrants appels à pétition, à manifs, à grève générale … tout ça pour probablement t’entendre ensuite appeler à voter en 2017 pour … Hollande … ou Valls … ou Cambadélis … ou Aubry … ou enfin bref pour le candidat de droite qui sortira de votre carnaval nominatif interne, quel que soit ce candidat, comme en 2012,

franchement, ça me fout hors de moi !

Gégé, il faut que quelqu’un te le (re)dise.  Et je déteste que cela tombe sur moi, mais faut bien que quelqu’un se dévoue.  Le pauvre Daniel Mermet, on voit bien qu’il ne se sent pas le courage de te faire de la peine.  Alors voilà.  Gégé, tu nuis à la gauche en parlant comme tu le fais.  Quand on est dans un parti de droite, on ne parle pas comme un homme de gauche.  Sinon, on contribue à brouiller les lignes et les gens, ils s’y reconnaissent plus après.  Et quand les gens y’sont perdus, quessequ’y font les pauv’ ?  Eh ben, y’votent FN, voyons !  Gégé, tu es au PS.  Tu t’y sens bien.  Tu veux y rester.  Parfait !  Assume et cesse-donc de parler comme tu le fais.  Achète-toi plutôt le dernier Macron  (pas besoin de le lire, ces gens-là ne lisent pas de toute manière 😉 ).

Allez, il faut nous laisser travailler maintenant, Monsieur Filoche.

Les projets de Hollande – Valls pour rendre permanent l’état d’exception

Source : Par Chloé Dubois sur Politis

On en sait un peu plus sur les projets constitutionnel et législatifs du gouvernement. Si une partie de la gauche manifeste de réelles inquiétudes, l’exécutif semble déterminé à aller au bout de la logique sécuritaire.

Le gouvernement a transmis mardi au Conseil d’État un avant-projet de révision constitutionnelle afin qu’il puisse être présenté au conseil des ministres le 23 décembre. Ce texte, intitulé « protection de la Nation », prévoit d’établir, selon les mots de François Hollande, « un régime civil de crise » afin d’agir « contre le terrorisme de guerre ».  Le gouvernement souhaite ajouter, et non pas modifier, deux articles à la Constitution de 1958. L’un concernant l’état d’urgence, l’autre relatif à la déchéance de la nationalité des binationaux français.

Si le projet de loi ne prévoit « pas de maximum » pour la durée de l’état d’urgence, comme il a été d’abord annoncé, il permettra en revanche « que certaines des mesures qui avaient été mises en œuvre pendant l’état d’urgence puissent avoir des effets après la fin de l’état d’urgence, pendant une durée maximale de six mois ». Sa durée reste donc fixée par la loi, comme tel est le cas aujourd’hui. Ce projet vise donc principalement à constitutionnaliser l’état d’urgence, puisque la loi du 3 avril 1955, ne prévoit que l’état de siège.

La réforme de la Constitution, texte qui représente la garantie de nos droits et de nos libertés fondamentales, pourrait également modifier les modalités de la déchéance de la nationalité, aujourd’hui relative à deux articles du code civil. Le gouvernement souhaite inscrire la possibilité de déchoir de sa nationalité française les binationaux condamnés pour acte de terrorisme. Si cette déchéance n’est aujourd’hui possible que pour les binationaux qui ont acquis la nationalité française, François Hollande avait déjà averti devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, vouloir l’étendre aux binationaux nés français. Il avait alors déclaré :

« Nous devons pouvoir déchoir de sa nationalité française un individu condamné pour une atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ou un acte de terrorisme, même s’il est né Français, je dis bien même s’il est né Français, dès lors qu’il bénéficie d’une autre nationalité. »

Ce cap sécuritaire a tout pour réjouir la droite et le Front national. Beaucoup moins la gauche. Pourtant, de ce côté-là, seuls quelques députés ont à ce jour exprimé leurs inquiétudes, estimant que ce dispositif ne ferait que creuser les inégalités entre les citoyens binationaux, et les citoyens français. Ce projet constitutionnel ne peut être adopté que par un vote favorable des 3/5 du parlement, réuni en Congrès.

Deux autres lois sécuritaires, en cours d’élaboration, viendraient par ailleurs compléter la réforme constitutionnelle. Elles devraient être présentées en janvier 2016, en conseil des ministres. Les quelques mesures réclamées par le ministère de l’Intérieur d’ores-et déjà connues confirme que l’exécutif n’envisage pas de limier dans le temps son coup de barre sécuritaire :

  • Possibilité pour la police de saisir tout document ou objet lors d’une perquisition administratives, sans contrôle du procureur, même la nuit.
  • Création d’un délit d’obstruction de la perquisition administrative.Interconnexion globale de tout les fichiers, notamment ceux de la sécurité sociale.Élargissement des possibilités de vidéosurveillance dans les lieux publics.
  • Assouplissement de régime de la légitime défense pour les policiers.
  • Installation systématique de GPS sur les véhicules loués.
  • Les opérateurs téléphoniques devront conserver les factures détaillées pendant deux ans (contre un an aujourd’hui).
  • La garde à vue en matière terroriste devrait passer de six à huit jours.
  • Des valisettes anti-relais qui récupèrent dans un périmètre donnés toutes données téléphoniques (IMSI-Catchers) pourront être utiliser sans autorisation.

La possibilité de poser des micros dans les domiciles, dans le cadre d’une enquête préliminaire a également été mentionnée. Aussi, les pouvoirs accordés durant une enquête de flagrance, faite par la police, pourraient être alignés sur ceux en vigueur lors des enquêtes préliminaires (sous le contrôle du procureur).

Si la prolongation de l’état d’urgence à l’Assemblée nationale, a été voté le 19 novembre sans résistance, quelques voix critiques commencent à se faire entendre. Pas de quoi toutefois, pour le moment, empêcher l’adoption de ces projets constitutionnel et législatifs qui représentent un réel danger pour nos libertés fondamentales.

Macron, Valls, Hollande et les autres : droit d’inventaire

La saynète est savoureuse (quand on goute aux stratégies, plans et autres bidouilles de communication du Parti des Médias et de l’Argent, le PMA).  Elle est méprisable lorsque l’on n’y goute pas du tout, ce qui est mon cas, tu t’en seras douté, toi ami fidèle. En tous cas, le dernier enfumage du pouvoir s’étale sur les devantures de tous les journaux d’actualités du matin, écrit, radio, télé ou internet, en ce gris dimanche, douzième jour du mois d’octobre.

Notre jeune et flamboyant nouveau ministre de l’Économie, ce winner dynamique à l’américaine qui monte les marches d’escaliers deux à deux et qui ne dépaillerait certainement pas en trônant, avec un énorme cigare (Dominicain et surtout pas Cubain hein passeque la démocratie bla bla bla) entre ses dents de carnassiers, à la table du conseil d’administration de Fucktheworld Capital Inc., Emmanuel Macron, serait donc un p’tit trop à droite au goût à la fois de notre bon président et du parti qui l’a enfanté, le PS, qui-eux-par-opposition-seraient-donc-vraiment-de-gauche-zavez-compris-oui.

Que s’est-il donc passé ? Ben, en fait … rien.  Rien de nouveau en tous cas.  Notre malicieux Macron s’est prononcé, tenez-vous bien, en faveur … d’une réforme approfondie de l’assurance-chômage.  « Il ne doit pas y avoir de tabou ni de posture » a-t-il même déclaré, brrr.

Écoutez (quelques bribes de) l’orchestration impeccable qui s’en est suivie :

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Budget 2015 de Hollande et Valls, quelques commentaires sur l’austérité

Pas d’inquiétude.

Les commentaires qui suivent ne sont pas de moi. Tout le monde sait que je suis un immonde rouge dégénéré, un crétin obtus, une brute bornée fort peu avertie des choses de l’économie. Ce que je pourrais dire ne saurait donc avoir une quelconque portée.

En revanche, qui, selon vous, a pu dire ce qui suit. Mélenchon ? Besancenot ? Tsipras ? Lisez et vous saurez.

« Si les faits ne correspondent pas à la théorie, il faut changer la théorie », dit le vieil adage. Mais trop souvent, il est plus facile de garder la théorie et de changer les faits, comme la chancelière allemande Angela Merkel et d’autres dirigeants européens pro-austérité semblent le croire. Bien que les faits s’imposent à eux, ils continuent de nier la réalité. (…)

L’austérité a échoué. (…)

L’austérité a été un désastre total et absolu, qui est devenu de plus en plus évident. Même dans les économies les plus performantes, comme l’Allemagne, la croissance depuis la crise de 2008 a été si lente que, dans toute autre circonstance, elle serait classée comme mauvaise. (…)

Les pays les plus touchés sont en dépression. Il n’y a pas d’autre mot pour décrire une économie comme celle de l’Espagne ou de la Grèce. (…)

Pendant ce temps, l’Allemagne oblige les autres pays à suivre des politiques qui affaiblissent leurs économies – et leurs démocraties. (…)

La France a en effet voté pour changer de cap il y a trois ans. Au lieu de cela, les électeurs ont reçu une nouvelle dose d’austérité pro-entreprise. L’une des propositions les plus anciennes dans l’économie est le « multiplicateur de budget équilibré » – l’augmentation simultanée des impôts et des dépenses de l’État en tandem stimule l’économie. Si les impôts ciblent les riches et si les dépenses ciblent les pauvres, le multiplicateur peut être particulièrement élevé. Mais le gouvernement soi-disant socialiste (sic) de la France réduit les impôts des entreprises et coupe dans les dépenses – une recette qui garantit inévitablement l’affaiblissement de l’économie mais une recette qui permet de s’attirer les éloges de l’Allemagne. (…)

L’espoir est que les réductions d’impôts sur les sociétés stimuleront l’investissement. C’est une pure absurdité. Qu’est-ce qui retient l’investissement (à la fois aux États-Unis et en Europe) ? C’est l’absence de demande, et non pas des impôts élevés. En effet, étant donné que la plus grosse partie des investissements est financée par la dette et que les paiements d’intérêts sont déductibles de l’impôt, le niveau d’imposition des sociétés a peu d’effet sur ​​l’investissement. (…)

[Un autre exemple d’absurdité est] la privatisation des retraites. Elle a toujours coûté chère dans les pays qui ont tenté l’expérience. Le système de soins de santé en grande partie privatisé des USA est le moins efficace dans le monde. Ce sont des questions difficiles, mais il est facile de montrer que la vente à bas prix d’actifs appartenant à l’État n’est pas un bon moyen d’améliorer la solidité financière à long terme. (…)

Toutes les souffrances en Europe – infligées au nom d’un artifice, l’euro – est encore plus tragique quand on sait qu’elles sont inutiles. Bien que les éléments de preuve que l’austérité ne fonctionne pas continuent de s’accumuler, l’Allemagne et les autres faucons doublent sans cesse la mise en pariant l’avenir de l’Europe sur une théorie discréditée depuis très longtemps.

Alors, vous avez trouvé ?

C’est un économiste, un prix Nobel d’économie même. Bon, vous me direz, cela ne présage pour autant aucun talent particulier dans le domaine. Le criminel de guerre Obama est bien Prix Nobel de la paix, nan ? Et vous aurez raison. Mais bon, ça en jette toujours !

C’était Joseph E. Stiglitz, un professeur d’économie à l’Université Columbia, aux USA, donc très loin du bolchévisme échevelé qui s’exprimait dans The Guardian, un journal anglo-saxon pas marxiste pour un sous.  Stiglitz est un adepte (tendance molle) du keynésianisme , fondateur même du « nouveau keynésianisme » (c’est dire !). Il jouit d’une grande notoriété suite à ses violentes (mais légitimes et fondées) critiques du FMI et de la Banque mondiale, alors qu’il a été lui-même économiste en chef dans cette même Banque mondiale jusqu’en 2000.

Rien à ajouter ou à retrancher de cette article. Comme quoi finalement, j’suis p’têtre pas si rouge que ça. Merde les gars, je me rosis ! Vite mes pilules !

Dettes publiques : mémoire du pouvoir et impunité

Eduardo Galeano, écrivain uruguayen, écrivait en août 1997 (son très bel article, Les braises de la mémoire, vient de reparaitre dans le « Manière de voir », le bimensuel de Monde Diplo, d’Octobre/Novembre 2014) :

« La mémoire du pouvoir ne se souvient pas : elle absout. Elle reconnaît la perpétuation des privilèges par héritage, permet aux oppresseurs de jouir de l’impunité des crimes qu’ils commettent, et trouve des alibis à leur discours qui déguise la vérité avec une admirable sincérité. »

Encore une preuve de cette terrible vérité hier soir avec notre oppresseur local, j’ai nommé le monarque républicain hexagonal du moment, descendant d’une longue lignée de monarques républicains hexagonaux de droite (c’est à dire qui privilégient les intérêts du capital au détriment de ceux du travail, je précise ça pour mes très bons amis Vincent et Malo qui n’aiment pas trop les étiquettes, m’ont-ils récemment déclaré). Hollande 1er, à son pupitre, devant le parterre bigarré traditionnel de lèche-cul (ou de faire-valoir pour être moins injurieux) se prétendant journalistes et se croyant de surcroit fort piquants, débite son propos liminaire (avant les questions cinglantes 😀 ) pleinement conscient de sa totale impunité future face à l’histoire. Un discours d’une vingtaine de pages mêlant comme il est d’usage poncifs, banalités, vœux pieux et platitudes, sauce fadasse relevée par endroits de quelques beaux morceaux de mensonges, boniments, charlataneries et affabulations.

Avant d’en venir à mon sujet, accordez-moi un bref détour par la VIème république, la nécessité d’une VIème république. Je ne sais pas pour vous, mais je trouve totalement insupportable d’entendre qui que ce soit se prendre pour … la France. C’est bien entendu encore plus visible dans un régime présidentiel comme le nôtre, ou comme sous le régime terroriste (qui répand la terreur) étasunien. Et ça n’a rien à voir avec la personne de Hollande (même si sa personnalité amplifie le phénomène, il est vrai). Ce serait n’importe qui d’autre, ce serait la même chose. Tenez, par exemple, lisez-ceci :

Le gars, y’croit réellement qu’il est la France ! Écoutez encore :

Le mec, il est élu pour mettre en place un vague programme de 60 points, et le voilà qu’il décide seul dans son coin d’aller faire le mariole aux quatre coins du monde et ce, au nom de la France, c’est à dire au nom des Français, en notre nom à tous, en mon nom propre, putain de merde ! Alors, certes il a été élu, et certes avec plus de 60 millions de Français on ne coupe pas à une certaine représentativité, une certaine délégation de pouvoirs, mais au moins que ce soit un collège de représentants du peuple (par exemple une Assemblée Nationale, voilà une putain d’idée qu’elle est originale 😉 ) qui prennent les décisions au nom de la France et non pas un monarque, quel qu’il soit, aussi brillant croie-t-il qu’il soit, qu’il s’appelle Louis, Charles ou François. Vivement une nouvelle règle du jeu !

Bref, venons-en à l’impunité.

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