Cartes postales de Grèce

Me voici de retour de Grèce.  De la Grèce continentale, profonde.  Péloponnèse, Épire, Attique, Pélion.  Une Grèce moins touristique bien sûr qu’Athènes, la Crète, Mikonos ou les autres îles.

Quelles cartes postales rapporter ?  Les familles de réfugiés en quête d’une vie à peu près normale ? Nous ne sommes pas allé sur les îles et nous n’en avons pas vu (pourtant, en Épire, les frontières Albanaise ou Macédonienne, frontières vers le reste de l’Europe, n’étaient qu’à quelques dizaines de kilomètres).  La misère et son lot de malheureux en haillons sans le toit ?  Franchement (et heureusement), nous n’en avons croisé que très peu, mais encore une fois, nous ne sommes pas allés dans des grandes villes comme Athènes ou Thessalonique.  Les pierres qui racontent, inusables, leur mythologie ?  La mer qui arbore, imperturbable, l’intégralité de la palette des bleus (et une constante température à peine inférieure à celle du corps humain) ?  Nul besoin de ce blog, il suffit d’ouvrir un guide touristique.

Non, je voudrais vous proposer trois images un peu différentes. Poursuivre la lecture de « Cartes postales de Grèce »

Grèce : pourquoi pas une sortie de l’euro et un défaut sur la totalité de la dette ?

Franchement, ce scénario me paraissait pourtant évident.  La Grèce est en effet actuellement en excédent primaire budgétaire et ils pourraient donc parfaitement subvenir à leurs besoins par leurs propres moyens, si ce n’était ce service de la dette qui les plombe.

Mais je ne suis personne, même pas économiste, donc inaudible.

Mais voilà-t-i pas que ce bon vieux Patrick Artus de Natixis, qui est tout sauf un bolchévique hirsute mais qui nous a néanmoins déjà fourni, à son corps défendant probablement, quelques belles munitions dialectiques sur ce blog, voilà-t-i pas que ce bon vieux Patrick Artus, disais-je, s’est mis en tête de publier hier, 6 juillet 2015, au lendemain du NON historique du peuple grec lors du référendum sur les propositions des créanciers de la dette grecque, un papier qui étudie justement ce scénario-là :  « Peut-on imaginer la situation de la Grèce s’il y a défaut, sortie de l’euro et dévaluation ? »

Ce bon vieux Patrick Artus essaie d’imaginer la situation de la Grèce s’il y avait défaut sur la totalité de la dette grecque (dette publique et prêts à la Banque Centrale de Grèce) suivie d’une sortie de l’euro et d’une dévaluation massive (hypothèse de l’étude : 30%) de leur monnaie :

  • le défaut fait disparaître les intérêts payés sur la dette extérieure et sur la dette publique, mais, en contre-partie, il fait disparaître aussi la possibilité de financer un déficit extérieur ou un déficit public.
  • la dévaluation fait monter le prix des importations, ce qui réduit le revenu réel, mais, en contre-partie, elle améliore la compétitivité des secteurs exportateurs (industrie, tourisme, autres services exportables) et peut attirer des investissements étrangers.

Je vous passe les détails (que vous pouvez aller lire dans l’étude en question), mais sachez que, 7 petites pages et moult courbes et graphiques plus loin, la conclusion tombe sans appel.

Au total, l’effet global du défaut cumulé à la dévaluation serait positif, et ce, même si la dévaluation réduirait le revenu réel des grecs d’environ 10%, car elle aurait en parallèle sur le secteur exportateur (industrie, tourisme, autres services exportables) un effet positif de l’ordre de 6 points de PIB ainsi qu’un un effet positif de l’ordre de 2 points de PIB sur les investissements directs étrangers.

En revanche, le rapport ne dit bien entendu rien du cataclysme que ce Grexit produirait chez les si insensibles créanciers matamores de la Grèce, institutions financières et États européens, dont l’Allemagne et la France.

Quand on sait en plus que le rapport préliminaire de la Commission de vérité sur la dette publique grecque, présidée par Eric Toussaint, a conclu comme on s’y attendait, au caractère illégal, illégitime, odieux et insoutenable de la plus grande partie de cette dette, et que donc, comme d’autres états l’ont déjà fait auparavant tout en ayant de nouveau accès aujourd’hui aux marchés financiers (Argentine, Équateur, Islande pour ne pas remonter trop loin dans le temps), une annulation unilatérale de la dette serait tout à fait justifiée et envisageable, on se demande alors pourquoi le gouvernement Tsipras reste si convenable et, pour tout dire, généreux avec ceux qui essaient pourtant de lui faire courber l’échine et mordre la poussière.

Ah … nous autres … gens de gauche … notre bonté nous perdra 😉

Mais prenez garde tout de même vous autres les Merkel, Hollande, Juncker, Sapin, Moscovici, Lagarde et tous les autres salopards suffisants (et également, vous autres, veules cloportes dirigeants et politiques européens) !  La bonté a ses limites, même chez les gens de gauche !

De Juncker ou Tsipras, lequel ment ?

Comme chacun sait, le 26 Juin 2015 au soir, vendredi dernier, le gouvernement grec, après cinq mois de confrontation exténuante, renonçait à perdre d’avantage de temps et d’énergie dans de pseudos négociations avec les « institutions » – anciennement appelées la Troïka et qui comprennent toujours la Commission Européenne du malsain Juncker, le FMI de la nocive Lagarde et la Banque Centrale Européenne du pernicieux Draghi ; ajoutez à ce trio infernal le funeste Obama et vous obtenez les quatre cavaliers de l’Apocalypse.

Juncker, et dans son sillage la ribambelle de veules petits chefaillons dirigeant pour son plus grand malheur la belle Europe ainsi que la tripotée de serviles petits chroniqueurs et éditorialistes sévissant dans tous les bons médias près de chez vous, tente de nous expliquer, affolé, que la responsabilité de cette rupture incombe uniquement à ces fourbes de grecs :

« Vendredi encore, après des mois et des mois de discussions et de débats, nous étions une fois de plus déterminés, patients, autour d’une table à travailler au meilleur accord possible.  Cet élan a été brisé de façon unilatérale par l’annonce du référendum et par la volonté de faire campagne sur le « non » à cet accord, et surtout en ne disant pas toute la vérité », déclare-t-il

Le gouvernement grec de M. Tsipras ne dirait donc, selon M. Juncker, pas toute la vérité quand il dénonce un ultimatum inacceptable qui nie le choix démocratique du peuple grec (qui s’est exprimé clairement en janvier dernier pour la fin des politiques d’austérité à la sauce européiste).  M Juncker, après les rituels verbiages et creuses ritournelles à base de diverses permutations des mots « Europe », « Démocratie », « Paix », « Réconciliation », « Volonté », « Dialogue », « Vertueux », ou encore « Solidarité », et se laissant probablement emporter par une crise de vapeurs Eltsiennes, ajoute même :

Il n’y aurait, selon-lui, aucune réduction de salaires ni de pensions de retraites dans ce plan, se défend-il. Et ce serait même un plan d’équité sociale et de croissance économique !  Nous allons y revenir.

« Ce n’est pas un plan d’austérité stupide ! » déclame-t-il même, l’air inspiré, façon Actor’s Studio.  Mais c’est qu’il m’aurait presque fait douter, le fourbe !  J’ai donc voulu vérifier.  Rien de plus facile, car figurez-vous que le sieur Juncker, dont seule la balourdise dépasse la sournoiserie, n’a rien trouvé de mieux que de publier, croyant probablement que personne, et surtout aucun « journaliste », n’aurait l’outrecuidance d’aller jusqu’à … la lire, la dernière proposition de la Commission Européenne, celle-là même repoussée par M. Tsipras et ses vigoureux négociateurs.

La voici également sauvegardée sur mon site avec quelques passages importants surlignés.

Même si la question ne déborde pas d’un suspens haletant, voyons donc qui de messieurs Juncker ou Tsipras ment effrontément.

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Syriza, paralysée avant d’exister ?

Beaucoup de mes accointances virtuelles de la blogosphère, nettement plus qualifiées que moi, ont déjà donné leur avis, fort pertinent comme à l’accoutumée, sur ce que d’aucuns appellent la « capitulation en rase campagne », voire « la bérézina »,  de Varoufakis, Tsipras et Syriza face à la Troïka, la BCE, l’Union Européenne, Mame Merkel et le sinistre Schäuble.

Ce n’était toujours pas mon cas.  Cédant à mes vils penchants narcissiques (que j’essaie de réprimer au tréfonds de mon surmoi probablement tout à fait infréquentable), je voudrais aujourd’hui combler cette lacune (qui vous a probablement profondément perturbé, je me doute, si, si, ne le niez donc pas).

La plupart de ceux de mon bord (ceux qui comme moi avaient fondé un véritable espoir de révolution douce en Europe grâce à la victoire de Syriza en Grèce le mois dernier) voient dans cette base d’accord un compromis temporaire ayant pour but d’éviter une crise immédiate tout en permettant au gouvernement de Tsipras de préserver l’essentiel de ses engagements.  Certains y voient même l’achat de temps (4 mois) afin de se préparer à l’inévitable, c’est à dire la sortie de l’Euro (le fameux Grexit).  Vous pouvez par exemple aller lire (si vous jurez de revenir après!) les articles de Jacques Sapir ou de Jean-Luc Mélenchon, ou les billets, plus légers, des Pas Perdus ou de Gauche de Combat.

Mouais …

Désolé les gars, mais j’vous suis pas sur ce coup-là.  Désolé M. Mélenchon, je crois que vous allez pouvoir me classer irrémédiablement parmi les, comment dites-vous encore?, ah oui, parmi les « gauchistes toujours prompts à excommunier qui ne se plie pas à leur mantras abstraites ».

Je peux avoir tort bien évidemment.  Je souhaite avoir tort.  Je dois avoir tort.  J’ai tort, c’est sûr.

Car certes, en étudiant de près les mesures proposées par Varoufakis aux « institutions européennes », que voici, Poursuivre la lecture de « Syriza, paralysée avant d’exister ? »

Les Grecs choisissent la sortie de l’Euro


Après quelques heures pour digérer (brrrrp, pardon, c’est pas complètement passé encore), je me suis finalement persuadé qu’il fallait tout de même en dire un petit mot.  Je veux bien sûr parler de ça:

Les élections législatives du 17 juin 2012 en Grèce !

Grâce À cause du bonus des 50 sièges accordés au vainqueur, le parti de droite Nouvelle Démocratie (ND) aura 128 sièges (sur 300).  Et tout porte à croire, à l’heure où je dégueule ces quelques lignes,  qu’il trouvera même le moyen de s’allier aux restes du Parti socialiste (12% des voix, 33 sièges) pour obtenir la majorité absolue (151 sièges) afin de former un gouvernement pro-mémorandum, comme ils disent, c’est à dire, un gouvernement favorable aux plans d’austérité imposés par la troïka (Europe, BCE, FMI).

Il est indéniable que ce scrutin a été travesti sous les oripeaux d’un référendum sur le maintien du pays dans la zone euro.   Pur montage mensonger, puisque Syrisa est également fermement attaché à l’Euro, et même, probablement, plus encore que les autres formations politiques (mais j’anticipe mes conclusions, un peu de patience).  Poursuivre la lecture de « Les Grecs choisissent la sortie de l’Euro »