Commission Européenne on ICE


T’en souviens-tu ami, dans 3 semaines, ce sont les élections Européennes. (Et également la nouvelle élection présidentielle en Ukraine, mais ça, ce n’est pas mon sujet du jour.) Je souhaiterais donc t’entretenir, modérément, d’Europe, ou plutôt d’Union Européenne, celle de Barroso et Merkel. Je sais qu’il est totalement démodé de nos jours de s’intéresser aux programmes politiques avant que de déposer son bulletin de vote et je ne profiterai donc pas de ta vigilante bienveillance à on égard pour t’infliger l’analyse par le menu de ce programme.

Mais au moins, pourrions-nous examiner ensemble où nous en sommes rendu. Qu’en dis-tu ? Si tu es un lecteur assidu du Monde, de Libé, du Figaro, du Parisien, du Nobs, du Point, de l’Express ou de la PQR, ou si tu écoutes ne serait-ce que 10 minutes par jour la Radio ou la Télévision française, tu pourrais, ami, ne pas être entièrement au courant (mais la faute ne t’en revient pas exclusivement, rassure-toi) du bilan que beaucoup de gens, pas forcément tous idiots (bon, probablement moins brillants que Jean Quatremer 😀 mais quand même) tirent de la construction européenne actuelle. Parmi beaucoup d’autres, prenons par exemple Messieurs Michel Soudais et Denis Sieffert du journal Politis (oui, oui, c’est un hebdomadaire d’actualités, promis). Et bien, dans le numéro 1300 du journal,  ils démontent lumineusement les 5 mensonges qui nous sont perpétuellement (et vigoureusement) assénés concernant l’Europe (un peu à la manière dont les économistes atterrés démontent les 10 fausses évidences ou mythes sur l’économie de la pensée unique dans leur manifeste éponyme bien connu) :

  1. Mensonge 1 : un modèle de démocratie
  2. Mensonge 2 : une garantie de paix entre les peuples
  3. Mensonge 3 : l’assurance de la convergence sociale
  4. Mensonge 4 : plus de protection pour ses citoyens
  5. Mensonge 5 : une grande puissance politique et diplomatique internationale

Ami, si tes moyens te le permettent, abonne-toi (si ce n’est déjà fait) et lis par toi-même. Pour ma part, je me contenterai aujourd’hui d’illustrer le mensonge n°1 avec un exemple, à la limite de la caricature, de ce qu’est la Démocratie pour nos bâtisseurs européens.

Peut-être as-tu souvenir que je t’exposasse ici même il y a deux ans l’escroquerie que ces tartuffes venaient d’inventer pour tenter de se faire passer pour des gens tout à fait soucieux des aspirations du bas peuple (ce qui est malheureusement un peu un exercice obligé quand on se dit démo-crate finalement). Il s’agissait de l’Initiative Citoyenne Européenne (ICE) introduite dans le régement européen par le Traité de Lisbonne (fallait bien un gadget pseudo-démocratique dans ce texte pour tenter de faire oublier qu’il était l’émanation-même de la négation de la volonté populaire) et lancée très officiellement le … 1er avril 2012 (une sorte de clin d’œil frondeur à l’Histoire).

Bien sûr, à l’époque, Poursuivre la lecture de « Commission Européenne on ICE »

13 mai 2012: un jour marqué d’infamie


EDIT (15 mai à 17h30): Il semblerait que ma prudence à employer un conditionnel là où le Nouvel Obs. et l’AFP employaient, eux, le présent de l’indicatif, ait été récompensée puisque, finalement, on vient d’apprendre cette après-midi, que l’accord outrageant dont je faisais l’écho dans mon billet ci-dessous n’existe pas (ou plus? ;-)).  Le bureau présidentiel grec a en effet fait un communiqué, au sortir des réunions du jour, dans lequel il déclare qu’une dernière réunion aura lieu demain (16/05) à 13h dans le but de former un gouvernement qui s’occupera des affaires courantes et qui devra s’occuper de l’organisation des prochaines (re-)élections.  Le choix du peuple est donc respecté et c’est le plus important.  Je ne change néanmoins pas un seul mot de mon billet d’il y a 2 jours, afin de pouvoir se souvenir, dans quelques temps, que nous sommes passés à 2 doigts d’un nouveau coup d’état en Grèce.  Heureusement que SYRISA veillait au grain.  Bravo à eux pour leur honnêteté et leur résistance!

Mon billet original:


Je vais utiliser le conditionnel tellement cette nouvelle me parait tout simplement incroyable.  Et pourtant, le Nouvel Obs., en partenariat avec l’AFP, l’a annoncé avec un présent de l’indicatif assez effrayant, dois-je dire, aujourd’hui à 14h30:

« Un accord a été conclu entre trois partis – conservateurs, socialistes et un petit parti de gauche – pour un gouvernement intérimaire de deux ans chargé de mettre en œuvre le programme d’austérité « criminel » en Grèce »

Je rappelle que le nouveau parlement grec, issu des urnes dimanche denier, le 6 mai 2012, ressemblait à ça:

Outre le fait que le parti Syriza, le Parti de Gauche grec, a été propulsé par ce scrutin comme deuxième parti du pays (52 sièges avec 16,78% des voix), il faut bien se rendre compte que cette élection a marqué le refus clair et net, le rejet sans hésitation, ni atermoiement, des plans d’austérité imposé par la troïka européenne, et en particulier du denier mémorandum, par le peuple grec.  En effet, le Pasok (socialiste) et la Nouvelle Démocratie (droite), les deux partis gouvernementaux sortant ayant accepté de signer le « programme d’assainissement de l’économie grecque », les 2 seuls partis favorables à l’application des remèdes mortifères de l’Europe et du FMI, sont sortis laminés des élections, avec respectivement, 13,18% des voix (correspondant à 41 sièges) et 18,85% des voix (correspondant à 108 sièges, grâce au bonus de 50 sièges accordés par la Constitution grecque au parti en tête).

Tous les autres partis, représentant donc 67.97% des électeurs, s’étaient donc déclaré contre l’application de ces mesures.  Le peuple grec a voté en connaissance de cause, en toute intelligence et en conscience!  Et il s’est clairement exprimé contre ces mesures!

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Initiatives citoyennes européennes … Poisson d’Avril !

Voici un billet (rapide, promis ;-)) de défense préventive à l’attention des cerveaux européens qui vont probablement subir pendant les prochains jours un bombardement médiatique louant la grande avancée démocratique que la très magnanime Europe qui protège vient d’offrir dans sa grande mansuétude à toutes ses brebis égarées.  C »est une cuillerée d’huile d’olive bue avant une soirée de biture (parait-il que ça marche, jamais essayé).

Car, oui, c’est aujourd’hui qu’est officiellement lancé le dernier produit issu du marketing européen, l’initiative citoyenne européenne.  Il s’agit d’un outil proposé aux citoyens européens permettant à un million de citoyens issus d’au moins un quart des États membres de l’UE d’inviter la Commission européenne à présenter des propositions d’actes juridiques dans des domaines relevant de sa compétence.  L’initiative citoyenne européenne (ICE) a été instaurée par … le traité de Lisbonne, il y a donc  4 ans, et son règlement a finalement été adopté le 16 février 2011.

Les premières initiatives citoyennes peuvent être lancées à partir du 1er avril 2012, aujourd’hui.

Je ne doute pas une seule seconde que cette histoire nous sera présentée comme une avancée majeure pour la démocratie.  Et ça commence déjà:

« Il s’agit d’un progrès sans précédent dans la démocratie participative. Les citoyens ont à leur disposition un outil très puissant qui permettra d’établir des programmes de travail. »

Très bien.  Regardons ça de plus près et jugeons sur pièce, voulez-vous, en examinant la procédure étape par étape.

Vous voulez proposer une initiative citoyenne ?  Vous devez être en âge de voter ou être une personne morale établie dans l’UE.  Jusque-là, tout va bien.  Vous devez commencer par enregistrer votre proposition d’initiative auprès de la Commission en fournissant tous les objectifs, et en indiquant les sources de financements et de soutien envisagés.  La Commission enregistrera la proposition d’initiative dans les deux mois qui suivent la demande, pour autant qu’elle estime votre initiative recevable ou pas.  La Commission peut en effet trouver l’initiative « contraire aux valeurs de l’UE » et la rejeter.  Même chose si la demande ne rentre pas dans le cadre des traités et des compétences de la Commission.  Dommage, moi qui voulait faire une pétition contre le traité de Lisbonne, la concurrence libre et non faussée, le MES et le TSCG.  Au temps pour moi.

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Nouveau plan d’ « aide » à la Grèce: les lois du saigneur sont impénétrables


Après des semaines de négociations, en fait principalement des menaces et des humiliations envers le peuple grec, le gouvernement grec et la zone euro ont fini par se mettre d’accord sur le plan d’aide final de l’Europe.  Il a été voté par l’Eurogroupe ce lundi 20 février (c’est à dire par les ministres des finances de la zone euro).  L’Eurogroupe l’a synthétisé dans une déclaration de 3 pages que je vous livre brut de fonderie, c’est à dire en anglais comme il se doit pour faire sérieux.

Vous en avez bien sûr entendu parler.  Quelques médias l’ont survolé.  D’autres ont donné un peu plus de détails.  Toujours sous l’angle officiel bien sûr: ces braves pays européens et ces gentils banquiers vont encore une fois se saigner aux 4 veines pour sauver ces branleurs et voleurs de grecs.  On connait.

Mais, je m’étonne (c’est une figure de style car évidemment cela ne m’étonne pas du tout ;-)) de voir que personne ne note le point principal.  Si je devais n’en retenir qu’un ce serait celui-ci:

Le but de cet accord est de « s’assurer que la dette publique grecque soit ramenée sur une pente descendante pour atteindre 120,5% du PIB en 2020 » (en anglais dans le texte: « ensure that Greece’s public debt ratio is brought on a downward path reaching 120.5% of GDP by 2020″.

Rendez-vous compte: 120,5% du PIB en 2020 !  Ce chiffre prend toute son absurdité lorsqu’on en rappelle un autre: la dette grecque était de … 127% du PIB en 2009 !  Le massacre implacable de ce pays, la paupérisation de son peuple, l’austérité, la précarité et la pauvreté comme unique avenir pour les décennies à venir, la mise sous tutelle totale de l’économie, l’occupation du territoire par la troika tyranique financière internationale (Commission Européenne, BCE, FMI), tout ça serait donc justifié pour réduire … de 6 malheureux points en 11 ans, en étant optimiste (dixit Junker), le rapport de dette publique à la richesse produite.  Je rappelle qu’il était clairement possible de ramener le niveau de leur dette à ce niveau, et même bien inférieur, et ce bien avant 2020 !  Il suffisait de permettre à la Grèce d’emprunter directement à la BCE au taux des banquiers !  Il n’était pas nécessaire d’étrangler leur économie et d’écraser leur peuple avec tous les plans de rigueur successifs.

Et cela ne choque personne !

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Le 21, le PS choisira-t-il enfin les barbares de la civilisation …


… ou continuera-t-il de soutenir les civilisés de la barbarie?

[Pour ceux qui n’ont pas suivi, je fais référence ici à l’extrait du livre de Victor Hugo « Les Misérables » qui a été lu par Jean-Luc Mélenchon en clôture de son discours du 7 février 2012 à Villeurbanne.  une page entière, un grand moment citoyen.  Je vous ai mis l’extrait en fin de billet.]

Je vous parle dans ce billet de la responsabilité qui attend les sociaux-libéraux, socialistes et écologistes, le 21 février au parlement français.  Ils vont avoir la chance de pouvoir enfin rompre avec leurs habitudes européennes et enfin accorder leurs actes à leurs paroles.  Lors de son discours du Bourget, François Hollande a en effet insisté sur le fait que son seul ennemi était la finance.  Très bien.  Députés socialistes et écologistes, montrez-nous à quel point vous résistez à la finance !  On vous attend.

Tous les français vous attendent.  En particulier ceux qui s’apprêtent à voter socialistes par habitude ou fainéantise ou soumission à l’injonction de « vote utile ».  En tous cas, je espère bien qu’ils vous attendent.  Et j’espère qu’ils sauront se souvenir de votre comportement lorsqu’ils déposeront leurs propres bulletins de vote en avril, mai et juin 2012.

Que doit-il donc se passer à cette date ?  Comme je vous le disais dans ce billet, à partir du 21 février 2012, l’Assemblée Nationale commencent les discussions, « sous réserve de son dépôt, [du] projet de loi autorisant la ratification du traité modifiant l’article 136 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne en ce qui concerne un mécanisme de stabilité pour les États membres dont la monnaie est l’euro » et également, « sous réserve de son dépôt, du projet de loi autorisant la ratification du traité instituant le mécanisme européen de stabilité ».  Ces 2 textes faisant l’objet d’une discussion générale.

Vous savez, il s’agit ici des 2 traités qui ont déjà été acceptés au niveau européen, y compris par les euro-députés socialistes et écologistes, et dont je vous ai déjà parlé: Poursuivre la lecture de « Le 21, le PS choisira-t-il enfin les barbares de la civilisation … »