Ce billet, comme la plupart des choses que j’écris depuis des années, est plus pour moi-même que pour quiconque d’autre (d’ailleurs tout le monde s’en fout et à juste titre probablement – à part ma mère peut-être). Pour que le « moi » du futur retrouve l’état d’esprit et l’argumentation qui m’animent aujourd’hui. C’est toujours intéressant, je trouve (mais je dois être un brin mégalo), de relire des vieux billets, tiens, comme celui-ci (écrit au second degré) qui concernait déjà, en 2014, des sanctions contre Poutine : Les 10 meilleures raisons pour justifier les (nouvelles) sanctions contre Poutine.
Intéressant disais-je, dans l’ambiance actuelle où d’aucuns font semblant de découvrir un problème en Ukraine (comme si la guerre avait démarré en 2022!), de retrouver ce billet de 2014 sur la « Russophobie manipulatrice ou la crise Ukrainienne » ou encore cet autre de 2015 prédisant « la guerre aux côtés de nos amis les nazis ! ». Désolé pour cette autosatisfaction narcissique tout à fait inconvenante mais je n’y peux rien, j’aime bien me relire de temps en temps. Mais, vous qui n’êtes pas ma mère, que cela ne vous empêche pas de survoler rapidement ce billet au cas où vous pensez pouvoir y trouver également quelque intérêt.
Il s’est donc aujourd’hui écoulé une année depuis le début de l’opération spéciale russe en Ukraine. Les dirigeants et médias occidentaux préfèrent dire, de façon mensongère, « depuis le début de la guerre en Ukraine ». J’ai lu le discours qu’a prononcé Vladimir Vladimirovitch Poutine, VVP pour les intimes et les flemmards du clavier, devant la Douma ce 21 février 2023. Comme vous le savez, il est en effet toujours plus sûr de s’abreuver directement à la source plutôt que de ne s’humecter que des quelques gouttes qui seront malicieusement sélectionnées et commentées par la propagande. Si ça vous intéresse, vous pouvez en trouver plusieurs traductions en français sur le net. Je vous propose, par habitude, celle d’un de mes sites de référence, ici.

Attention toutefois, c’est un long discours. Très long. Vraiment très très long. Mais beaucoup plus court qu’une nouvelle de Léon Tolstoï, par exemple (et malheureusement moins romantique) 😉
Il s’agit d’un exercice annuel qui n’est pas dédié spécifiquement aux événement en Ukraine. C’est une sorte de discours de politique générale français mixé avec un discours sur l’état de l’union étasunien. Il aborde donc tous les sujets qui touchent à la gestion du pays.
Mais bien entendu, toute une première partie du discours, que je cite in extenso ci-après afin que chacun se fasse son idée, raconte cette guerre en cours que l’OTAN mène à la Russie (à travers l’Ukraine), analysée depuis le point de vue russe. Il ne s’agit pas juste des délires d’un psychopathe qui se rêve en fils de Hitler et de Catherine II, comme tentent de le faire croire nos médias occidentaux. C’est au contraire à mon avis la perception des russes dans leur ensemble. Et c’est en tous cas exactement la mienne, et ce, bien que je ne sois ni Russe, ni résident en Russie, ni russophone, ni même psychopathe (enfin, je ne crois pas).
Pour résumer l’affaire, comment est-ce que quiconque muni d’une mappemonde, de quelques notions d’histoire et d’un cerveau à deux hémisphères pourrait sérieusement nier que :
- Les USA, à travers son (deuxième) bras armé l’OTAN, cherche depuis toujours (allez, soyons magnanimes et arrondissons à 70 ans) à faire disparaitre la Russie qu’ils considèrent (comme à peu près tout ce qui possède un drapeau et un PIB supérieur à celui de Royan sur cette planète) comme une menace pour leurs intérêts
- L’Ukraine est depuis longtemps la cible privilégiée par l’OTAN pour allumer l’incendie final après l’annexion (avec force missiles, bases, contingents et autres douceurs militaires) de pratiquement tous les anciens territoires du pacte de Varsovie
- La Russie, après des années de tentatives infructueuses de négociation pour limiter l’expansion impérialiste des USA vers leur frontière et se garantir un espace vital minimal, tentatives auxquelles l’Occident a consciencieusement répondu par dédain et tromperies, n’avait finalement plus d’autre choix que de faire comme les étasuniens ont fait de tout temps et en tout lieu (utiliser la force)
- Et que donc, comme le synthétise VVP lui-même : « la responsabilité de l’incitation et de l’escalade du conflit ukrainien, ainsi que le nombre considérable de victimes, incombent entièrement aux élites occidentales et, bien sûr, au régime actuel de Kiev »
Voici donc cette première partie. Lisez-la. Pour ma part, je ne trouve rien à redire à cet historique des événements (je reprends la main après cette longue citation, plus bas, beaucoup plus bas, pour la suite de mes explications pesantes) :
« Il y a un an, pour protéger la population de nos terres historiques, pour assurer la sécurité de notre pays et pour éliminer la menace provenant du régime néo-nazi qui s’est installé en Ukraine après le coup d’État de 2014, il a été décidé de commencer l’opération militaire spéciale. Étape par étape, avec soin et cohérence, nous nous occuperons des tâches qui nous incombent.
Depuis 2014, le Donbass se bat pour le droit de vivre sur sa terre et de parler sa langue maternelle. Il s’est battu et n’a jamais abandonné au milieu du blocus, des bombardements constants et de la haine manifeste du régime de Kiev. Il a espéré et attendu que la Russie vienne l’aider.
Entre-temps, comme vous le savez bien, nous faisions tout ce qui était en notre pouvoir pour résoudre ce problème par des moyens pacifiques, et nous avons patiemment mené des pourparlers en vue d’une solution pacifique à ce conflit dévastateur.
Dans notre dos, un plan très différent était en train d’être élaboré. Comme nous pouvons le constater aujourd’hui, les promesses des dirigeants occidentaux, leurs assurances qu’ils s’efforçaient d’instaurer la paix dans le Donbass se sont révélées être une imposture et des mensonges purs et simples. Ils ne faisaient que marquer le pas, se livraient à des chicaneries politiques, fermaient les yeux sur les assassinats politiques et les représailles du régime de Kiev contre les personnes indésirables, sur les mauvais traitements infligés aux croyants. Ils incitent de plus en plus les néo-nazis ukrainiens à organiser des attaques terroristes dans le Donbass. Les officiers des bataillons nationalistes s’entraînaient dans des académies et des écoles occidentales. Des armes leur étaient également fournies.
Je tiens à souligner qu’avant l’opération militaire spéciale, Kiev a mené des négociations avec l’Occident sur la livraison à l’Ukraine de systèmes de défense aérienne, d’avions de guerre et d’autres équipements lourds. Nous nous souvenons également des vaines tentatives du régime de Kiev pour obtenir des armes nucléaires ; ils ont discuté de cette question publiquement.
Les États-Unis et l’OTAN ont rapidement déployé leurs bases militaires et leurs laboratoires biologiques secrets près des frontières russes. Ils ont maîtrisé le futur théâtre de la guerre lors de jeux de guerre, et ils ont préparé le régime de Kiev qu’ils contrôlaient et l’Ukraine qu’ils avaient asservie à une guerre de grande ampleur.
Ils l’admettent maintenant publiquement et ouvertement, et n’en éprouvent aucune honte. Ils semblent être fiers et même se réjouir de leur propre perfidie, tout en qualifiant les accords de Minsk et le format Normandie de spectacle diplomatique et de bluff. Il s’avère que pendant tout ce temps, alors que le Donbass était en feu, que le sang coulait, et que la Russie faisait sincèrement tout son possible pour parvenir à une solution pacifique (je tiens à souligner le mot « sincèrement »), ils ont joué avec la vie des gens, et en fait, ils ont joué avec des cartes marquées, comme on dit dans certains milieux.
Cette effroyable méthode de tromperie a déjà été testée à de nombreuses reprises. Ils se sont comportés de manière tout aussi éhontée et fourbe lors de la destruction de la Yougoslavie, de l’Irak, de la Libye et de la Syrie. Ils ne pourront jamais se laver de cette honte. Les concepts d’honneur, de confiance et de décence ne sont pas pour eux.
Au cours des longs siècles de colonialisme, de diktat et d’hégémonie, ils se sont habitués à tout se permettre, à cracher sur le monde entier. Il s’est avéré qu’ils traitent les habitants de leur propre pays avec le même dédain, comme un maître. Après tout, ils les ont aussi trompés cyniquement, les ont piégés avec des histoires à dormir debout sur la recherche de la paix, sur l’adhésion aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Donbass. En effet, les élites occidentales sont devenues le symbole du mensonge total et sans scrupules.
Nous défendons fermement nos intérêts ainsi que notre conviction que, dans le monde d’aujourd’hui, il ne devrait pas y avoir de division entre les pays dits civilisés et tous les autres et qu’il est nécessaire d’établir un partenariat honnête qui rejette toute exclusivité, en particulier une exclusivité agressive.
Nous étions ouverts et sincèrement prêts à un dialogue constructif avec l’Occident ; nous avons dit et insisté sur le fait que l’Europe et le monde entier avaient besoin d’un système de sécurité indivisible et égal pour tous les pays, et pendant de nombreuses années nous avons suggéré à nos partenaires de discuter ensemble de cette idée et de travailler à sa mise en œuvre. Mais en réponse, nous avons reçu une réaction indistincte ou hypocrite, en ce qui concerne les mots. Mais il y a eu aussi des actes : L’expansion de l’OTAN jusqu’à nos frontières, la création de nouvelles zones de déploiement pour la défense antimissile en Europe et en Asie – ils ont décidé de se protéger de nous sous un « parapluie » – le déploiement de contingents militaires, et pas seulement près des frontières de la Russie.
Je voudrais souligner – en fait, c’est bien connu – qu’aucun autre pays ne possède autant de bases militaires à l’étranger que les États-Unis. Il y en a des centaines – je tiens à le souligner – des centaines de bases dans le monde entier ; la planète en est couverte, et il suffit de regarder la carte pour s’en rendre compte.
Le monde entier a été témoin de la façon dont ils se sont retirés des accords fondamentaux sur les armes, y compris le traité sur les missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée, déchirant unilatéralement les accords fondamentaux qui maintiennent la paix mondiale. Pour une raison quelconque, ils l’ont fait. Ils ne font rien sans raison, comme nous le savons.
Enfin, en décembre 2021, nous avons officiellement soumis aux États-Unis et à l’OTAN des projets d’accords sur les garanties de sécurité. En substance, tous les points clés, fondamentaux, ont été rejetés. Après cela, il est finalement devenu clair que le feu vert pour la mise en œuvre de plans agressifs avait été donné et qu’ils n’allaient pas s’arrêter.
La menace grandissait de jour en jour. À en juger par les informations que nous avons reçues, il ne faisait aucun doute que tout serait en place d’ici février 2022 pour lancer une nouvelle opération punitive sanglante dans le Donbass. Permettez-moi de vous rappeler qu’en 2014, le régime de Kiev a envoyé son artillerie, ses chars et ses avions de guerre pour combattre dans le Donbass.
Nous nous souvenons tous des images aériennes des frappes aériennes visant Donetsk. D’autres villes ont également souffert des frappes aériennes. En 2015, ils ont tenté de monter à nouveau un assaut frontal contre le Donbass, tout en maintenant le blocus et en continuant à bombarder et à terroriser les civils. Je vous rappelle que tout cela était en totale contradiction avec les documents et résolutions adoptés par le Conseil de sécurité de l’ONU, mais tout le monde a fait comme si de rien n’était.
Permettez-moi de répéter que ce sont eux qui ont commencé cette guerre, tandis que nous avons utilisé la force et l’utilisons pour arrêter la guerre.
Ceux qui ont préparé une nouvelle attaque contre Donetsk, dans la région du Donbass, et contre Lougansk ont compris que la Crimée et Sébastopol seraient la prochaine cible. Nous l’avons également compris. Aujourd’hui encore, Kiev discute ouvertement de plans de grande envergure de ce type. Ils se sont exposés en rendant public ce que nous savions déjà.
Nous défendons des vies humaines et notre foyer commun, alors que l’Occident cherche à obtenir un pouvoir illimité. Il a déjà dépensé plus de 150 milliards de dollars pour aider et armer le régime de Kiev. Pour vous donner une idée, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques, les pays du G7 ont affecté environ 60 milliards de dollars en 2020-2021 pour aider les pays les plus pauvres du monde. Est-ce clair ? Ils ont dépensé 150 milliards de dollars pour la guerre, tout en donnant 60 milliards de dollars aux pays les plus pauvres, bien qu’ils prétendent se soucier d’eux en permanence, et conditionnent également ce soutien à l’obéissance de la part des pays bénéficiaires. Et tous ces discours sur la lutte contre la pauvreté, le développement durable et la protection de l’environnement ? Où tout cela est-il passé ? S’est-il volatilisé ? Pendant ce temps, ils continuent de canaliser davantage d’argent vers l’effort de guerre. Ils investissent volontiers pour semer le trouble et encourager les coups d’État dans d’autres pays du monde.
La récente conférence de Munich s’est transformée en un flot sans fin d’accusations contre la Russie. On a l’impression que cela a été fait pour que tout le monde oublie ce que le soi-disant Occident a fait au cours des dernières décennies. Ce sont eux qui ont laissé le génie sortir de la bouteille, plongeant des régions entières dans le chaos.
Selon les experts américains, près de 900 000 personnes ont été tuées au cours des guerres déclenchées par les États-Unis après 2001, et plus de 38 millions sont devenues des réfugiés. Veuillez noter que nous n’avons pas inventé ces statistiques ; ce sont les Américains qui les fournissent. Ils essaient simplement d’effacer tout cela de la mémoire de l’humanité, et ils prétendent que tout cela n’a jamais eu lieu. Cependant, personne dans le monde ne l’a oublié ou ne l’oubliera jamais.
Aucun d’entre eux ne se soucie des pertes humaines et des tragédies parce que des milliers de milliards de dollars sont en jeu, bien sûr. Ils peuvent aussi continuer à voler tout le monde sous couvert de démocratie et de libertés, à imposer des valeurs néolibérales et essentiellement totalitaires, à marquer des pays et des nations entières, à insulter publiquement leurs dirigeants, à supprimer la dissidence dans leur propre pays et à détourner l’attention des scandales de corruption en créant une image d’ennemi. Nous continuons à voir tout cela à la télévision, qui met en lumière des problèmes économiques, sociaux et interethniques, des contradictions et des désaccords plus importants au niveau national.
Je voudrais rappeler que, dans les années 30, l’Occident avait pratiquement ouvert la voie du pouvoir aux nazis en Allemagne. À notre époque, ils ont commencé à transformer l’Ukraine en une « anti-Russie ». En fait, ce projet n’est pas nouveau. Les personnes qui connaissent l’histoire, au moins dans une certaine mesure, savent que ce projet remonte au 19e siècle. L’Empire austro-hongrois et la Pologne l’avaient conçu dans un seul but, à savoir priver la Russie de ces territoires historiques qui s’appellent aujourd’hui l’Ukraine. Tel est leur objectif. Il n’y a rien de nouveau ici ; ils répètent tout.
L’Occident a accéléré la mise en œuvre de ce projet aujourd’hui en soutenant le coup d’État de 2014. C’était un coup d’État sanglant, anti-étatique et anticonstitutionnel. Ils ont prétendu que rien ne s’était passé, et que c’était ainsi que les choses devaient être. Ils ont même dit combien d’argent ils avaient dépensé pour cela. La russophobie et un nationalisme extrêmement agressif formaient son fondement idéologique.
Tout récemment, une brigade des forces armées ukrainiennes a été baptisée Edelweiss, du nom d’une division nazie dont le personnel a participé à la déportation de Juifs, à l’exécution de prisonniers de guerre et à la conduite d’opérations punitives contre des partisans en Yougoslavie, en Italie, en Tchécoslovaquie et en Grèce. Nous avons honte d’en parler, mais eux ne le sont pas. Les membres des forces armées ukrainiennes et de la garde nationale ukrainienne sont particulièrement friands des chevrons autrefois portés par les soldats des divisions Das Reich, Totenkopf (Tête de mort) et Galichina et d’autres unités SS. Leurs mains sont également tachées de sang. Les véhicules blindés ukrainiens arborent des insignes de la Wehrmacht de l’Allemagne nazie.
Les néonazis ne cachent pas qu’ils se considèrent comme des héritiers. Étonnamment, aucun des pouvoirs en place en Occident ne le voit. Pourquoi ? Parce qu’ils – pardonnez-moi mon langage – ne s’en soucient guère. Ils ne se soucient pas de savoir sur qui ils parient dans leur lutte contre nous, contre la Russie. En fait, n’importe qui fera l’affaire, pourvu qu’il se batte contre nous et notre pays. En effet, nous avons vu des terroristes et des néo-nazis dans leurs rangs. Ils laisseraient toutes sortes de goules rejoindre leurs rangs, pour l’amour de Dieu, tant qu’elles agissent selon leur volonté comme une arme contre la Russie.
En fait, le projet anti-Russie fait partie de la politique revancharde à l’égard de notre pays visant à créer des foyers d’instabilité et de conflits à côté de nos frontières. À l’époque, dans les années 1930, et aujourd’hui, le dessein reste le même et consiste à diriger l’agression vers l’Est, à déclencher une guerre en Europe et à éliminer les concurrents en utilisant une force par procuration.
Nous ne sommes pas en guerre contre le peuple ukrainien. Je l’ai dit clairement à de nombreuses reprises. Le peuple ukrainien est devenu l’otage du régime de Kiev et de ses manipulateurs occidentaux, qui ont en fait occupé ce pays sur les plans politique, militaire et économique et ont détruit l’industrie ukrainienne depuis des décennies en pillant ses ressources naturelles. Cela a entraîné une dégradation sociale et une augmentation incommensurable de la pauvreté et des inégalités. Dans ces circonstances, il était facile de recruter des ressources pour les opérations militaires. Personne ne pensait aux gens, qui étaient conditionnés pour l’abattage et finissaient par être remplaçables. C’est une chose triste et épouvantable à dire, mais c’est un fait.
La responsabilité de l’incitation et de l’escalade du conflit ukrainien, ainsi que le nombre considérable de victimes, incombent entièrement aux élites occidentales et, bien sûr, au régime actuel de Kiev, pour lequel le peuple ukrainien n’est, en fait, pas son propre peuple. Le régime ukrainien actuel ne sert pas des intérêts nationaux, mais les intérêts de pays tiers.
L’Occident utilise l’Ukraine comme un bélier contre la Russie et comme un champ d’essai. Je ne vais pas discuter en détail des tentatives de l’Occident pour renverser la situation, ni de ses plans pour accroître les fournitures militaires, car tout le monde en est conscient. Cependant, il y a une circonstance dont tout le monde devrait être conscient : plus la portée des systèmes occidentaux qui seront fournis à l’Ukraine sera longue, plus nous devrons éloigner la menace de nos frontières. C’est évident.
L’élite occidentale ne fait pas mystère de son objectif, qui est, je cite, « la défaite stratégique de la Russie ». Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? Cela signifie qu’ils prévoient d’en finir avec nous une fois pour toutes. En d’autres termes, ils prévoient de transformer un conflit local en une confrontation mondiale. C’est ainsi que nous le comprenons et nous répondrons en conséquence, car cela représente une menace existentielle pour notre pays.
Cependant, ils réalisent eux aussi qu’il est impossible de vaincre la Russie sur le champ de bataille et mènent des attaques informationnelles de plus en plus agressives contre nous, ciblant principalement la jeune génération. Ils ne cessent de mentir et de déformer les faits historiques en s’attaquant à notre culture, à l’Église orthodoxe russe et aux autres organisations religieuses traditionnelles de notre pays. »
Que dire de plus ? De moins ?
Pour beaucoup de gens, à ce niveau de contre-propagande, on a déjà atteint, et même dépasser largement, la limite de la dissonance cognitive. Comme pour le covidisme. Et d’ailleurs, si vous me permettez cette petite parenthèse, sans vouloir convoquer M. Todd et ses structures familiales (arrière, catholiques zombies!) à tout bout de champ, sociologiquement, il me semble bien que nous ayons affaire grosso modo à une seule et même catégorie sociologique (disons pour faire simple les charlie-covidiste-russophobes), j’dis ça, j’dis rien … In fine, le même argument (qui n’en est évidemment pas un) comme bouée de sauvetage ultime, le joker universel supposé invalider instantanément tout raisonnement dérangeant : pourquoi autant de responsables (en Occident) nous mentiraient-ils aussi effrontément ? Et paf ! La dissonance cognitive en pleine au milieu de la route ! Ça passe pas. Je ferme la parenthèse sur les charlie-covidiste-russophobes.
Bref, voilà pourquoi votre fille est muette et pourquoi je soutiens la réaction de la Russie contre l’OTAN et ses nazis ukropithèques.
Pour le reste, comme je l’ai déjà dit à maintes reprises, je n’ai pas de portrait de VVP au dessus de mon lit. Je n’ai jamais eu, ni Dieu, ni maitre (sauf pendant ma thèse), ni gourou. Comment pourrais-je le suivre lorsqu’il enchaine dans son discours par ces propos :
« Regardez ce qu’ils font à leur propre peuple. Il s’agit de la destruction de la famille, de l’identité culturelle et nationale, de la perversion et de l’abus des enfants, y compris la pédophilie, toutes choses qui sont déclarées normales dans leur vie. Ils obligent les prêtres à bénir les mariages homosexuels. Bénis soient leurs cœurs, qu’ils fassent ce qu’ils veulent. Voici ce que je voudrais dire à ce sujet. Les personnes adultes peuvent faire ce qu’elles veulent. En Russie, nous l’avons toujours vu ainsi et nous le verrons toujours : personne ne s’immisce dans la vie privée des autres, et nous ne le ferons pas non plus.
Mais voici ce que je voudrais leur dire : regardez les saintes écritures et les principaux livres des autres religions du monde. Ils disent tout, y compris que la famille est l’union d’un homme et d’une femme, mais ces textes sacrés sont aujourd’hui remis en question. L’Église anglicane aurait l’intention d’explorer l’idée d’un dieu non sexiste. Qu’y a-t-il à dire ? Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font.
Des millions de personnes en Occident réalisent qu’elles sont conduites à un désastre spirituel. Franchement, l’élite semble être devenue folle, et il semble qu’il n’y ait pas de remède à cela. Mais comme je l’ai dit, ce sont leurs problèmes, tandis que nous devons protéger nos enfants, ce que nous ferons. Nous protégerons nos enfants de la dégradation et de la dégénérescence. »
Non. Pas pour moi. Mais VVP est un chrétien orthodoxe traditionaliste fervent (comme beaucoup de russes) et je suis, au minimum, un républicain anti-clérical athée (pour l’acception communément admise du mot). Je parle, comme Todd (encore lui), depuis le camp occidental progressiste (j’ai enlevé le mot démocratie, trop galvaudé). Différences de cultures, de civilisations. L’important est de comprendre qu’il existe d’autres manières d’appréhender les questions spirituelles de l’humanité, d’autres traditions et valeurs, et de ne pas vouloir imposer sa propre vision aux autres, sans pour autant abandonner ses idées et ses combats. C’est ce que je crois comprendre dans ce que dit VVP plus loin, une position à comparer à l’exceptionnalisme américain évangélisé par Obama (entre autres présidents US dénaturés) :
« La Russie est un pays ouvert et, en même temps, une civilisation distincte. Il n’y a aucune prétention à l’exclusivité ou à la supériorité dans cette déclaration, mais cette civilisation qui est la nôtre – c’est ce qui compte. Nos ancêtres nous l’ont transmise et nous devons la préserver pour nos descendants et la leur transmettre.
Nous développerons la coopération avec nos amis, avec tous ceux qui sont prêts à travailler avec nous. Nous adopterons les meilleures pratiques, mais nous nous appuierons avant tout sur notre propre potentiel, sur l’énergie créatrice de la société russe, sur nos traditions et nos valeurs. »
De même sur le plan socio-économique. VVP, pour faire bref, semble rêver d’une sorte de social-capitalisme alliant comme il le dit le meilleur du système soviétique et du système libéral de ces dernières décennies. C’est un adepte de la loi du marché encadrée, d’une sorte de capitalisme paternaliste attentionné socialement, mais qui n’analyse rien sous le prisme de la lutte des classes. Comment pourrais-je le suivre sur ces sujets ?
Après la première partie dédiée à la guerre contre l’OTAN, tout son discours est un (très) long inventaire des mesures et décisions de politique interne à la Russie, très précises, sur lesquelles, pour beaucoup d’entre elles, je ne suis pas d’accord. Tous les domaines sont abordés :
- programme de redressement et de développement socio-économique en Russie
- plan 2021-2025 pour la construction et le développement des forces armées
- programme d’aide spécifique aux entreprises et à l’économie
- système durable et sûr de règlements internationaux, qui sera indépendant du dollar et des autres monnaies de réserve occidentales
- liens économiques extérieurs, les ports de la mer Noire et de la mer d’Azov, chemins de fer orientaux, route maritime du Nord
- développement de l’infrastructure, y compris les communications
- programme de distribution gratuite de gaz
- vaste programme de construction et de réparation de logements et de systèmes de services publics
- programme pour accroître la capacité industrielle nationale
- nouvelles sources de financement des investissements dont l’épargne individuelle à long terme
- droit pénal en ce qui concerne les éléments économiques du crime
- développement culturel
- manuels scolaires et universitaires
- recherche scientifique
- la culture
- la sphère sociale,
- les affaires et l’administration publique,
- concours « Leaders de la Russie », ainsi que le concours « Leaders du renouveau »
- système d’enseignement professionnel, politique scientifique et technologique, enseignement professionnel secondaire, enseignement supérieur
- programmes à grande échelle visant à améliorer le niveau de vie des familles russes.
- salaires réels en Russie, salaire minimum
- système fiscal au profit des familles russes
- déductions fiscales sociales
- modernisation des soins de santé primaires
- rénovation des écoles à grande échelle, réparation et la rénovation des jardins d’enfants, des écoles, des écoles professionnelles et des collèges
- amélioration de l’environnement dans les grands centres industriels
- réforme du secteur de la gestion des déchets
- restauration des masses d’eau uniques, notamment le lac Baïkal et la Volga
- promotion du tourisme dans les zones naturelles spécialement protégées
- …
Je le répète, beaucoup des points ou des mesures abordées dans son discours, n’entrent pas dans le cadre de ma vision de l’émancipation des sociétés humaines. Mais ce n’est pas le sujet! Le sujet c’est la russophobie patiemment construite par l’Occident qui s’est transformée en guerre de l’OTAN contre la Russie.
Pourtant, pour ceux qui aiment la culture russe et qui ne se sont pas laissés happés par la grossière propagande russophobe, comment ne pas se souvenir de Anna K., Natacha R., Pierre B. et tous les autres, en lisant ces paroles :
« Je voudrais mentionner ici le caractère de notre peuple qui s’est toujours distingué par sa générosité, sa magnanimité, sa miséricorde et sa compassion, et la Russie, en tant que pays, reflète pleinement ces traits. Nous savons comment être de bons amis, comment tenir notre parole. Nous ne laisserons jamais tomber personne et nous soutiendrons toujours sans hésiter ceux qui se trouvent dans une situation difficile. »
Pour être exhaustif, je cite ci-dessous l’intégralité de la dernière partie du discours de VVP dans laquelle il explique la décision de suspension de l’adhésion de la Russie au nouveau traité START (concernant donc les armes nucléaires) :
« Maintenant, ils se servent de l’OTAN pour nous envoyer des signaux qui, en fait, sont un ultimatum selon lequel la Russie devrait, sans poser de questions, mettre en œuvre tout ce qu’elle a accepté, y compris le nouveau traité START, alors qu’ils feront ce qu’ils veulent. Comme s’il n’y avait aucun lien entre les armes stratégiques offensives et, disons, le conflit en Ukraine ou d’autres actions hostiles de l’Occident contre notre pays. Comme s’il n’y avait pas d’affirmations véhémentes selon lesquelles ils chercheraient à nous infliger une défaite stratégique. C’est soit le comble de l’hypocrisie et du cynisme, soit le comble de la stupidité, mais ce ne sont pas des idiots. Ils ne sont pas stupides après tout. Ils veulent nous infliger une défaite stratégique et aussi atteindre nos sites nucléaires.
À cet égard, je suis contraint d’annoncer aujourd’hui que la Russie suspend son adhésion au nouveau traité START. Je le répète, nous ne nous retirons pas du Traité, mais nous suspendons notre participation. Avant de revenir sur cette question, nous devons avoir une idée claire de l’enjeu pour des pays de l’OTAN comme la France ou la Grande-Bretagne, et de la manière dont nous allons prendre en compte leurs arsenaux stratégiques, c’est-à-dire les capacités offensives combinées de l’Alliance.
Leur déclaration est, en fait, une demande d’adhésion à ce processus. Eh bien, montez à bord, ça ne nous dérange pas. Essayez simplement de ne pas mentir à tout le monde cette fois et de ne pas vous présenter comme les champions de la paix et de la détente. Nous connaissons la vérité. Nous sommes conscients du fait que certains types d’armes nucléaires américaines arrivent à la fin de leur vie utile. À cet égard, nous savons avec certitude que certains hommes politiques à Washington envisagent déjà des essais nucléaires en direct, d’autant plus que les États-Unis développent des armes nucléaires innovantes. Il existe des informations à cet effet.
Dans ces conditions, le ministère de la Défense et Rosatom doivent tout préparer pour que la Russie procède à des essais nucléaires. Nous ne serons pas les premiers à procéder à ces essais, mais si les États-Unis vont de l’avant, nous le ferons aussi. Personne ne devrait nourrir de dangereuses illusions quant à la possibilité de rompre la parité stratégique mondiale. »
Et pour faire bonne mesure, une conclusion :
« Aujourd’hui, des guerriers de toutes les régions de notre Patrie multiethnique combattent côte à côte sur les lignes de front. Ils prient dans différentes langues, mais ils prient tous pour la victoire, pour leurs compagnons d’armes et pour la Patrie. La Russie relèvera tous les défis car nous sommes tous un pays, une grande nation unie. Nous avons confiance en nous-mêmes et en notre force.
La vérité est de notre côté. »
En annexe, je mets ici, en fin de billet, deux autres vidéos sur ce sujet de la guerre en Ukarine.
D’abord, pour rappel des objectifs, la déclaration de VVP de février 2022 au déclenchement de l’opération spéciale en Ukraine
Et enfin, l’interview de Emmanuel Todd de janvier ou février 2023 sur ce sujet, vidéo intitulée « LA 3E GUERRE MONDIALE A COMMENCÉ : L’ESCALADE EN UKRAINE VA TOUT CHANGER », car je considère que c’est l’une des meilleures sur le sujet. Un peu de hauteur de vue, enfin ! Du très bon Todd. Brillant sur l’analyse géopolitique, démographique, anthropologique, journalistique … Presque une analyse marxiste (à son corps défendant . Touchant même au métaphysique par moments. Le tout avec honnêteté et mesure. Un régal. Avec juste ces quelques petits bémols, si je peux me permettre :
- Todd bien sûr (comme tout le monde) parle depuis son camp (celui des démocraties libérales occidentales bourgeoises, progressiste, anglophile, etc) et il utilise donc quelques fois le vocabulaire et les biais admissibles par le camp du bien (comme quand il parle d’annexion de la Crimée, ou d’invasion de la Crimée par l’armée Russe par exemple). Mais il en est conscient et le reconnait (à l’inverse des autres).
- Todd commet, me semble-t-il, une petite erreur quand il parle des Ukrainiens comme un seul bloc (en particulier lors de son analyse de la structure familiale ukrainienne) alors qu’il y a clairement au moins 2 peuples ukrainiens, grosso-modo celui du Nord et de l’Ouest (Kiev-Lvov) celui dont il parle en fait, et puis un autre celui du Sud-Est qui est en fait beaucoup plus Russe (il suffit de regarder les cartes de résultats de toutes les élections en Ukraine pour voir parfaitement cette dichotomie).
- Berruyer, pour finir, a complètement terminé sa mue et apparait enfin comme ce qu’il a probablement toujours été, même sous sa chrysalide des Crises, un bon petit soldat de la doxa officielle (à qui les décodeurs du Monde devraient pouvoir enlever son étiquette orange de conspi-en-devenir).
@lassure catherine
Merci pour votre commentaire et votre soutien. Ça fait plaisir de se sentir un peu moins seul 😉
J’aimeJ’aime
Je ne suis pas votre mère ,mais je peux vous dire que j’apprécie beaucoup vos articles.
Je me sens très loin de cette misérable gauche atlantiste qui a défilé hier à Paris sous les bannières banderistes,pour soutenir la guerre et les ukronazis.
Rien que du beau monde:les verts ,le PS ,NPA,les syndicats(!),CGT en tête,la LDH,attac.
Mais je suis contente ,car ils n’ont pas rassemblé grand monde,c’est Edwy Plenel(agent de la CIA) qui le déplore dans un tweet attristé…
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