Avant, chaque année depuis leur instauration en 2011, je les traduisais, les analysais, les commentais …
Mais ça, c’était avant. Avant que je me rende compte, tout à mon affliction, que tout le monde s’en battait les tuuuut, en fait. Je veux parler des recommandations de réformes que la Commission Européenne (sous le masque translucide du Conseil Européen) se permet de donner à chacun des 28 membres de l’Union, en sa qualité de … ben de j’sais pas quoi en fait, dans le cadre de la fameuse procédure du « Semestre Européen » dont je vous ai si souvent parlé. Ainsi, en 2011 année de la création du triste semestre, puis en 2012 et finalement en 2013.
Et puis ce weekend, je suis encore tombé sur des gens (je ne me suis pas fait mal, ne vous inquiétez pas), fort bien intentionnés au demeurant, qui ne semblaient pas vraiment se rendre compte que les actes politiques d’aujourd’hui (tiens, comme le projet de loi El Khomri), sont les conditions d’existence de demain, ou, translatées dans le temps, que les décisions politiques d’hier sont notre environnement d’aujourd’hui. La dialectique matérialiste toussa-toussa …
Ainsi, le Semestre Européen d’hier (ou le TSCG puisque le Semestre est maintenant intégré au TSCG) autorisent la Commission Européenne a dicté ses recommandations de réformes aux nations de l’UE. Et le TAFTA (ou TTIP) d’aujourd’hui permettra, s’il est signé, à la société Coca-Cola (par exemple) d’obtenir des dommages et intérêts faramineux de la part de l’État français (c’est à dire, nous) si ce dernier s’obstine à vouloir maintenir (par exemple) un rétrograde salaire minimum en France, l’empêchant ainsi de réaliser les bénéfices auxquels elle pourrait raisonnablement s’attendre si on pouvait payer ces gueux à 1 € de l’heure comme dans tout bon pays civilisé.
Bref, j’ai lu les recommandations 2016 de la Commission concernant la France. On peut trouver le document, bien à sa place, au milieu du tableau contenant également les 27 autres listes de recommandations nationales. Et force est de constater que les commissaires passent (avant c’était Barroso le Commissaire en Chef, aujourd’hui c’est Juncker) mais les recommandations persistent, toujours les mêmes, inébranlables, intransigeantes, obstinées, glaçantes, impitoyables (cruelles) et pitoyables (risibles) à la fois. Devant un tel aveuglement dogmatique radicalisé, je n’ai pu résister à l’envie de vous les faire partager encore une fois.
Mais, comme évidemment rédigées en novlangue européolibérale, elles nécessitent une traduction minimum afin d’être mieux digérées des néophytes pas très au fait des belles choses de cette Union qui nous protège (mais de quoi ? faudra bien qu’un jour on se pose la question quand même).
Un petit document, d’à peine 8 pages. Dense. Un splendide concentré d’homélie ultralibérale, un inventaire à la Prévert d’exhortations prosélytes au dieu Compétitivité (amen).
Le sermon commence, comme il se doit, par les « considérants ». Que je vous ai traduits :
Poursuivre la lecture de « Les ordres 2016 de l’UE à la France, orgie néolibérale habituelle »