Le chemisier de Mame Christine

Christine est de retour, le cuir luisant, les chromes étincelants, plein d’idées économiques flambant neuves en tête, des trucs incroyables, des machins hyper « modernes », limite Macronesques.  Et dans sa mansuétude atavique, apanage depuis sa création des directeurs du FMI (rappelons-nous par exemple, une larme à l’œil, de l’affameur de l’Argentine, M. Camdessus, ou du dépeceur de la Grèce, M. Strauss-Kahn), elle a bien voulu en faire profiter immédiatement son pays d’origine, la France.  Merci Mame Christine.

La directrice du Fonds monétaire international appelle en effet Paris à effectuer une « réforme fondamentale » à base de ses dernières trouvailles … que je me permets de vous reproduire ici (source) :

  • En premier lieu, le Fonds monétaire international conseille à la France de … ta ta ta … attention … « mettre un terme à la croissance de l’emploi public » !
  • Ensuite, l’institution préconise pour la France … ta ta ta … roulements de tambours … « un relèvement effectif de l’âge de départs à la retraite« !
  • Et enfin, l’ancienne ministre de l’Économie de Sarkozy, qui attribue « la faible productivité française » au manque de concurrence et à une « régulation excessive », souhaite que Paris … ta ta ta … attention là vous allez être scotchés … libéralise encore plus (encore plus que Macron et Valls, c’est dire).

Je me demandais.  Combien de temps pourront-ils encore tirer sur les trois mamelles asséchées de cette pauvre bête néolibérale moribonde (réduction du rôle public, réduction des acquis sociaux et libéralisation économique sauvage), on s’interroge.

Et combien de temps encore pourront-ils continuer de nous mentir ainsi ?  Oui, parce que, encore une fois, rappelons à Mame Christine et à toutes les têtes molles qui gobent imperturbablement la propagande des dominants (entre un meilleur chef et un incroyable talent) que non, la productivité française n’est en rien « faible ».  Bien au contraire, elle est même record :

Pour ceux qui ont la flemme de lire le tableau ci-dessus (source OCDE), je traduis.

On peut y lire que la productivité française est 6ème parmi les pays de l’OCDE, parmi les pays riches quoi.  Les français produisent en effet une richesse équivalente à 64 $ pour chaque heure travaillée !  Mieux que les allemands dont on nous bourre pourtant le mou en permanence et qui ne produisent pourtant « que » 63.5 $ par heure, mieux que la moyenne de la zone euro (56 $) ou de l’UE (49.2 $).  Sur les 5 pays qui ont une meilleure productivité que la notre, un est le paradis fiscal des paradis fiscaux, l’autre se noie sous son pétrole, et un troisième est l’empire militaire qui terrorise le reste du monde depuis leur création (reste à expliquer la productivité de la Belgique et de la Hollande … hum … frites et coffee shops ?  nan, j’plaisante, pas sur la tête les amis).

De toute manière, la bande à Hollande n’a pas besoin des conseils lumineux de la directrice du FMI puisqu’ils font déjà tout ça très bien tout seul.  Et en plus, c’est qu’ils en sont fiers.  C’est à ça qu’on les reconnait.

Mais bon, merci quand même Mame Christine !  L’intention vaut l’action.

Vivement que vous alliez rejoindre le cimetière des directeurs de FMI, c’est à dire le conseil d’administration d’un quelconque grand groupe privé transnational afin de continuer à piller ce peuple que vous méprisez tant et qui, de son côté, semble apprécier de plus en plus les chemises … et peut-être même les chemisiers.

Et une petite citation en cadeau (EDIT du 03/11/2015) pour mes amis Despasperdus, Partageux et Obermeyer, suite à leurs fidèles commentaires en fin de billet :

« Le jour de la colère du peuple est arrivé.  Ce peuple, qu’on a toujours voulu égorger ou enchainer, las de parer les coups, à son tour est près d’en porter ; las de déjouer les conspirations, il a jeté un regard terrible sur les conspirateurs.  Ce lion généreux, mais aujourd’hui trop courroucé, va sortir de son repos pour s’élancer contre la meute de ses ennemis. »

Adresse des patriotes marseillais
à la tribune de la Législative,
le soir du 19 juin 1792
(le lendemain, 20 juin 1792,
le peuple pénétrait en armes
aux Tuileries où Louis XVI se terrait)

L’Ukraine, le FMI et l’ukrainien moyen


Beaucoup de conneries manichéennes ont été dites sur la crise politique en Ukraine.  Suffit d’allumer la télé ou d’ouvrir le Monde pour s’en prendre plein la gueule. Beaucoup d’analyses plus fines, moins sectaires et plus objectives, ont également été exprimées. Fallait bien les chercher, en même temps 😉 . Tiens, comme ce dernier petit billet de Jacques Sapir qui, bien que jamais invité sur les plateaux de désinformation nationale (ou alors peut-être très exceptionnellement chez Frédéric Taddeï, à un horaire fort peu bourgeois, à l’heure où les lieux de débauche nocturnes ouvrent leurs portes insonorisées), n’en est pas moins un « expert » (à utiliser avec précaution, je sais) de l’économie européenne en général et de la Russie en particulier. Car Jacques Sapir n’est pas un membre du sérail de la pensée officielle. C’est un un hétérodoxe, un compliqué, un qui dit pas comme les autres, un qui nous emmerde quoi !

Jack RasmusL’article dont je souhaite vous entretenir aujourd’hui aborde les aspects purement économiques de la crise. En détails. Très fouillé, très complet, très long et très … en anglais (‘fin, en yankee plus exactement). Normal puisque son auteur, Jack Rasmus, est prof. d’économie dans deux universités étasunienne : le St. Mary’s College et l’université Santa Clara. Encore un hétérodoxe. Un syndicaliste. Très engagé. Si, si, voyez, y’a encore des êtres humains dans l’État Voyou. La preuve.

Ce considérable billet, intitulé « Qui tire profit de la crise économique en Ukraine ? » et sous-titré « (Indication: pas l’Ukrainien moyen) » traite des conséquences économiques du « coup d’état [en Ukraine] » et des événements qui s’en sont suivis (par exemple en Crimée), ainsi que des scénarios possibles pour le futur.

Je ne vais pas tout vous traduire, les amis. Je voudrais profiter un peu de mon dimanche aussi 😉 . Juste un petit résumé des chapitres 1 et 7 qui présentent les conséquences probables sur la population Ukrainienne de « l’accord d’aide » 😀 du FMI en cours de négociation par le gouvernement de Yatsenyuk. Yatsenyuk, vous savez le nouveau premier ministre de pays (nommé par les nazis de Maïdan ajouteraient ironiquement certains).

Sachez cependant, pour ceux que cela intéresse (les aussi malades que moi) et qui ne sont pas rebutés par la langue anglaise (avec moult verbiage économique), que l’article analyse également longuement :

2. Les pertes Russes dans la Crise
3. Comment les USA tire profit de la Crise
4. L’économie Européenne : à la fois des gains et des pertes
5. Ce que les multinationales US-EU veulent en Ukraine
6. Les connections entre potes capitalistes d’Ukraine et des USA

Bon, on y va.

Le FMI a donc Poursuivre la lecture de « L’Ukraine, le FMI et l’ukrainien moyen »

Le mauvais côté de l’Histoire


Le président du régime étasunien, Barack Obama, a affirmé, à propos de la crise en Ukraine, et sans éclater de rire (ce qui est déjà en soi une immense performance), que

« Ce qui n’est pas acceptable, c’est que la Russie (…) viole des principes fondamentaux reconnus par tous »

Il a ajouté, toujours très sérieux :

la Russie est « du mauvais côté de l’Histoire » en Ukraine

Je suis bien conscient que mon influence internationale pèse peu comparée à celle de ce prix Nobel de la paix (tiens, là non plus, personne n’avait pouffé), je me doute en outre que vous vous foutez royalement, et à juste titre, de mon avis sur la question, et je sais que je dois faire très attention à ce que mon anti-étasunisme (qui est loin d’être primaire mais tout à fait construit et argumenté) ne m’entraine pas dans des contrées trop extrêmes (j’ai pris mes cachets, ça devrait donc bien se passer), mais, malgré tout, permettez-moi de vous faire part de ce que je trouve, moi, tout aussi inacceptable.

Je trouve tout aussi inacceptable que le seul pays qui soit en guerre de manière permanente depuis plus de 70 ans (guerre ouverte, guerre secrète, coups d’états, etc) de partout sur la planète et au-delà, qui n’a ratifié pratiquement aucun des grands traités internationaux destinés à tenter de bâtir un monde meilleur, qui assassine régulièrement sur sol étranger principalement des civils (98% du total des morts selon le Bureau du Journalisme investigateur) avec des attaques de drones aveugles (rien qu’au Pakistan, au Yémen et en Somalie, le gouvernement d’Obama a lancé 390 attaques de drones en 5 ans, pour un bilan de 4000 morts dont 954 étaient des civils, et 225 des enfants), qu’un tel régime terroriste, disais-je, s’arroge le droit, ou se croit même tout simplement habilité à parler de paix au nom de « la communauté internationale » en lieu et place de l’ONU qui a été créée à cette fin.  Ça aussi, ce devrait être inacceptable, me semble-t-il.

Je trouve tout aussi inacceptable que la « communauté internationale » Poursuivre la lecture de « Le mauvais côté de l’Histoire »

Dettes publiques, la stupéfaction!


Franchement, j’en suis resté scié!

Je rattrapai un peu mon retard en actualités économiques accumulé cet été, quand je suis tombé sur le rapport d’Eurostat de juillet dernier concernant les dettes publiques européennes.  Et bien, figurez-vous que, contre toute attente :D, la dette publique de la zone euro … a continué d’augmenter sur le 1er trimestre 2013 « malgré » les plans d’austérité généralisés.  Elle a même explosé pour les pays … qui ont appliqué les mesures de restrictions budgétaires les plus drastiques dont bien sûr, ceux qui ont été forcés de suivre les recettes de rigueur budgétaire imposées par la troïka (CE, BCE, FMI).

Au cas où, comme moi, vous auriez loupé cette info (pour une raison certainement très valable que je ne veux pas savoir), j’en fait donc part ici.

Quelques chiffres pour les thuriféraires de la rigueur profonde (branche sado-maso), pour les glorificateurs de la misère généralisée (mais seulement pour les autres) et les adorateurs du couple Merkel-Sarkozy-Hollande  (couple moderne si l’en est):

  • À la fin du premier trimestre 2013, les ratios de la dette publique par rapport au PIB les plus élevés ont été enregistrés en Grèce (160,5%), en Italie (130,3%), au Portugal (127,2%) et en Irlande (125,1%), 3 pays ayant reçu « un plan d’aide » 😀 de l’UE et l’Italie qui, sans avoir subi officiellement de plan d’aide a appliqué par anticipation tout ce que la troïka était sur le point de lui imposer (un grand coup de lèche, en quelque sort).  L’Espagne (dernière lauréate du prix de bon élève européen) n’est pas très loin.
  • À la fin du premier trimestre 2013, le ratio de la dette publique par rapport au PIB s’est établi à 92,2% dans la zone euro (ZE17), contre 90,6% à la fin du quatrième trimestre 2012.
  • Dans l’UE27, le ratio a augmenté, passant de 85,2% à 85,9%.
  • Par rapport au premier trimestre 2012, le ratio de la dette publique par rapport au PIB s’est accru tant dans la zone euro (de 88,2% à 92,2%) que dans l’UE27 (de 83,3% à 85,9%).

Et attendez!  La Grèce!  La Grèce n’est toujours pas revenu au niveau d’endettement qui était le sien … avant « l’aide européenne » (entre 120 et 130%)!  Et ce, malgré une prétendue ré-structuration en cours de route!

Sérieusement, qui aurait pu se douter 😀

Sauf quelques bolchéviks hirsutes qui écrivaient au début de l’année 2012:

« Le problème de la Grèce, n’a toujours pas été réglé.  Bien au contraire, il va s’amplifier. »

Merde, je me rends compte que, du coup, j’ai raté également la série interminable de plates excuses du sérail médiatico-politique qui a dû déferler suite à ce rapport.

Trop bête.

Cette révolution, personne ne l’arrête


De temps en temps, comme ça, éclot une bonne nouvelle au milieu de notre désert Sarkoziste (Quoi? On a changé de président dites-vous? Non, vous devez faire erreur, renseignez-vous un peu avant d’intervenir dans les conversations des grandes personnes, siouplait).

Alors, comme vous n’en entendrez probablement pas, ou très peu, parler dans les médias officiels de la désinformation, voici:

En Équateur, le président sortant Rafael Correa a été réélu dès le premier tour de la présidentielle, ce dimanche 17 février avec plus de 56% des suffrages (et plus de 40 points d’avance sur le premier de ses poursuivants :-D).

Son gouvernement a dépensé plus de 100 milliards d’euros depuis six ans pour financer le développement du pays, des programmes sociaux, des programmes de santé et des programmes d’éducation. Les Équatoriens voient surgir de nouvelles routes, des barrages, des ponts, des écoles, des crèches, des collèges…

Comme quoi, n’en déplaise à l’Apathie et à ceux de son espèce qui aimeraient bien que la vérité ne s’ébruite pas, il n’est pas suicidaire (et donc pas démagogique de le proposer) d’affranchir un État de la soumission aux banques, pourtant présentée comme une fatalité TINA-esque.  Rappelons en effet que, en 2008, le président équatorien décidait de ne pas rembourser la part illégitime de la dette de son pays et organisait un audit public pour en déterminer le montant.  Cette part fut estimée alors à 70% de sa totalité.  Il est intéressant de noter que 95% des créanciers de l’Équateur (FMI, Banques, et autres fonds institutionnels) ont accepté cette décision sans broncher une oreille!

Qu’il soit clair que dans notre Révolution citoyenne, celui qui commande est le citoyen, l’être humain, pas le capital.

Ah, ça fait rêver tout ça.