Le choc des extrêmes, mon serment

Ils l’ont fait, putain !  Les milliardaires ont réussi le coup parfait.  Le deuxième tour rêvé.  Leur petit poulain face au meilleur « ennemi du système ».  Le scénario idéal.  Le CAC 40 a réussi son putsch constitutionnel.

Qu’y pouvions-nous réellement ?  J’ai des doutes.  Ils ont les gros moyens, les médias, les sondages, les canaux, les chaines, la presse.  C’est sûr, c’est du lourd.  Mais quand même.  Prendre un jeune Œdipe aux dents longues et au parcours servile, et le faire passer en 9 mois du statut d’anecdotique petit financier rampant à celui de futur président porteur de renouveau.  Chapeau bas, les gars, du grand art !  On a tellement à apprendre en stratégie politique.

Pourtant, cette fois-ci j’y croyais.  Vraiment.  Non, les Français n’allaient pas tomber dans ce piège grossier.  Même entouré, sur toutes les chaines du CAC40, de jeunes rances en T-shirt rose Dragibus, jaune poussin et bleu layette, un obscur comptable intellectuellement géronte ne pouvait réussir à passer pour un chantre du renouveau porteur d’avenir en couleurs pour le populo.  Le populo, le vrai, le bon, nous, le peuple français, il allait choisir ceux qui parlaient à son intelligence, à son humanité.  C’est sûr.  Il allait choisir l’harmonie, l’harmonie avec la nature, avec les animaux, la fraternité et la solidarité en France, la paix et la coopération dans le Monde.  Les Lumières, quoi.

Dans mes rêves les plus fous, j’essaie encore d’apprécier le score qu’aurait obtenu ce petit Macron si, depuis ce jour de septembre dernier, où, soudainement, un jeune ministre de l’Économie démissionnaire était pourchassé par des centaines de caméras sur une péniche voguant sur la Seine, Drahi n’avait pas diffusé le moindre de ces rots médiatiques, si Niel n’avait pas imprimé le moindre de ces babillages politiques, et si Gattaz n’avait pas forgé ex nihilo ces intentions de vote, aussi improbables qu’auto-réalisatrices, à plus de 20% dès son apparition sur le marché électoral.  J’imagine un monde sans sondages, sans le Monde, sans l’Obs ni BFM et je m’interroge : Macron aurait-il obtenu un score à la Asselineau ou aurait-il pu approcher, soyons fou, celui de Hamon ?  Une chose est sûre, il serait resté la miette insignifiante qu’il est dans les poubelles de l’histoire.

Mais le temps n’est plus aux rêves.  Les Français ont voté.  Mon admiration sincère et profonde pour la pensée politique de Rousseau rencontre aujourd’hui sa limite.  Oui, Jean-Jacques, tu as bien raison quand tu dis que « jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe; et cʼest alors seulement quʼil paraît vouloir ce qui est mal. »  Mais, puisque les valeurs de droite sont à la mode, vous ne m’en voudrez pas de m’y essayer (devançant déjà mon serment à venir).  Commençons donc par cette bonne vieille responsabilité individuelle que vous chérissez tant.  Adieu les excuses.  Vous avez décidé de nous laisser le choix entre l’extrémisme néolibéral et l’extrémisme xénophobe ?  Parfait, choisissez au second tour votre extrême personnel, ce sera sans moi.  Et soyez-en responsables.  Assumez.

Vous voulez travailler jusqu’à 65 ou 70 ans ?  Vous voulez qu’on laisse crever les malades étrangers dans la patrie des droits de l’homme ?  Vous voulez devoir choisir entre payer votre loyer ou une éducation pour votre progéniture ?  Vous voulez que les enfants d’étrangers ne soient plus éduqués ?  Vous voulez qu’un patron vous impose du jour au lendemain vos horaires de travail ?  Vous voulez que des familles soit disloquées parce que tous n’ont pas eu la chance de naitre au bon endroit ?  Vous voulez qu’on vous impose un boulot de merde parce que vous êtes un assisté de chômeur ?  Vous voulez faire les poubelles parce que vos retraites ne suffisent pas ?  Vous voulez continuer de jouer avec le nucléaire ?  Et pourquoi pas les gaz de schistes ?  Vous voulez qu’on refoute à la mer ces pauvres bougres fuyant nos bombes ?  Vous voulez vous saigner pour rembourser les spéculations hasardeuses des banques ?

Parfait.  Vous et vos enfants allez en manger et ça me fait vraiment plaisir pour vous.  Peut-être même aurez-vous la chance d’une bonne guerre.  Avec la Russie, ce serait top, ça !  Ou d’un Fukushima français ?  Franchement, je vous envie, vous allez kiffer grave.

Moi, je suis trop con.  Je ne veux rien de tout ça, à titre personnel.  Et jusqu’à aujourd’hui je n’en voulais pas non plus pour les autres.  Quelle arrogance de vouloir vous imposer le bonheur, ou tout au moins de vouloir vous éviter des emmerdes !  J’ai pour ma part la chance de n’avoir aucune descendance.  Je peux donc tenter de m’abandonner complètement à une autre de vos valeurs, l’individualisme.  Ça a l’air bien.  Et puis j’ai l’âge, c’est bon, j’ai suffisamment donné.  Alors voilà.  Je fais aujourd’hui le serment (d’essayer) de me désintéresser de tout ça, de la politique, de la citoyenneté Rousseauiste, du bien commun, de l’intérêt général.  Je sors ce jour du Souverain et vous souhaite qu’advienne le plus rapidement possible votre monde rêvé.  Pour vous, pour vos gosses.  Qu’advienne le monde, glacé, du chacun pour sa gueule ou celui, ténébreux, de la haine de l’autre.

Fini les manifs.  Se faire gazer pour défendre vos droits de salariés, terminé.  Le petit Macron ou la grosse Le Pen, ils peuvent bien faire passer toutes les « réformes » qu’ils veulent, ça m’ira.  Tout m’ira puisque c’est ce que vous voulez.  Et ne venez surtout pas pleurer sur mon épaule le jour où devrez vendre votre maison pour payer votre chimio.  C’est le monde que vous voulez.  Vous l’aurez.

Démerdez-vous.

La MES est dite, amen


Les français ont voté.

Ils devront maintenant « choisir » au second tour entre une politique économique dictée par les instruments européens au service de la finance inhumaine (MES, TSCG, Pacte Budgétaire, Semestre Européen, Traité de Lisbonne) et … une politique économique dictée par les instruments européens au service de la finance inhumaine (MES, TSCG, Pacte Budgétaire, Semestre Européen, Traité de Lisbonne).  Ils ont donc choisi de ne se laisser aucun choix.

Peut-être n’êtes-vous pas très nombreux à lire mes billets.  Probablement qu’une très grande majorité des français a voté sans même avoir le début du commencement de la moindre petite idée de ceux que proposaient exactement les candidats.  Sûrement que ce billet ne servira encore pour pas grand chose.  Il est pratiquement certain que je vais redonner les 2 programmes qui restent en lice pour des nèfles.  Combien de gens vont les lire?  Mais tant pis, c’est plus fort que moi, je veux toujours parier sur un sursaut d’intelligence des citoyens.  Voici donc le non-choix que nous nous sommes laissé:

 

Aujourd’hui, je m’en veux énormément.  De m’être laissé aller, encore une fois, à croire que nous serions capables, nous français, en tant que peuple adulte et responsable, d’avoir le courage d’emprunter un nouveau chemin vers une nouvelle société, une société de partage, de coopération et de solidarité.  À mon âge!  Quelle indécrottable jeune con je fais!  Bon, je me trouve une excuse (il faut bien, c’est moi quand même ;-)) dans le fait que c’était la première fois depuis des lustres que cette perspective existait réellement dans un véritable programme de gouvernement, et était proposée démocratiquement aux français.  Dommage.

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Nicolas Le Pen, absolument, représentatif de la France, non!


Vous savez déjà probablement que le très fameux, le très respecté (par le monde du buzinaisse), le très conservateur (euphémisme répandu pour signifier abjecte réactionnaire) quotidien américain, appartenant au magnat australien Rupert Murdoch, le Wall Street Journal a publié hier un éditorial intitulé « Nicolas Le Pen » mettant en cause les récentes prises de position de Nicolas Sarkozy sur l’immigration.  Vous pouvez lire cet article en langue yankee directement sur le site du journal: l’édito « Nicolas Le Pen ».

Sur ce point-là, rien à redire.  Bien vu.  Effectivement, Sarkozy et Le Pen ont les mêmes « affreuses pensées » (uggly thoughts) et cherchent à éveiller les mêmes « affreux sentiments » (uggly sentiments).

Ce que je voudrais rajouter rapidement, ce sont 2 points.  Qu’aucun journaleux français bien entendu ne soulève.

D’abord, mon indignation sur ce que le reste de l’article insinue de manière scandaleuse.  Que la France serait un pays cynique porté à ce genre de pensées.  Dès le sous-tire de l’article l’auteur nous assène ses délires anti-français.  Je le cite: « Even by local standards, the French President’s recent burst of xenophobia is pretty cynical. »  J’étais rouge de colère (donc encore plus rouge que d’habitude ;-)) dès que j’ai lu cette infamie.  Je traduis: « Même selon les standards locaux, la récente explosion de xénophobie du président français est assez cynique. »  Et un peu plus loin encore, l’auteur en remet une couche « Even in France, it rarely gets more cynical than this. » que je traduis par « Même en France, il est difficile d’être plus cynique ».  Comme si le peuple français était en majorité constitué de petits Sarkozy (oula, ça, ça doit être difficile ;-)) ou de petits Le Pen. Redescendez sur terre les américains.  La haine de l’autre, la xénophobie, le repli sur soi, la peur de l’étranger ou du différent n’est pas ce qui caractérise notre population.  Et le 22 avril, nous vous l’allons montrer.

En revanche, et c’est mon second point, ce serait plutôt l’apanage des américains, nan ?  Tiens, sans remonter trop loin dans votre histoire, messieurs, dames du Wall Street Journal, regardez juste un peu vos candidats à la présidence de votre pays.  C’est à mourir de rire.  Justement, hier, le même jour que vous, j’ai posté par une coïncidence ironique, un billet dans lequel je compare votre plus modéré candidat républicain, M. Mitt Romney à notre très outrageusement xénophobe Mme Le Pen.  C’est vous dire à quel niveau de cynisme en sont les autres.  Mais puisque, comme vos confères français, vous ne semblez pas lire beaucoup, et puisque votre américanisme aveugle ne semble n’avoir d’égal que votre anti-francisme primaire, je vous renvoie aux propositions, dignes d’une Le Pen en pleine bourre ou d’un Sarkozy en régime normal, que votre Mitt le Modéré étale dans son programme en ligne concernant l’immigration.  Vous y trouverez le même mur de la honte que celui des Nicolas Le Pen et Marine Sarkozy.  Seule la géographie change.  Le mur des xénophobes français est sur la méditerranée, le vôtre est sur le Rio Grande.  Match nul.

Résistance!

Brouillard en rase campagne


Je serais mort de rire si ce n’était pas aussi lamentable, pitoyable, attristant, frustrant, décourageant …

un Sarkozy nouvellement converti à la taxation différentielle des exilés fiscaux prônée par le Front de Gauche depuis des mois, un Hollande soudainement adepte d’une tranche d’impôts supérieure très fortement taxée également inspirée par le Front de Gauche, et en même temps, un Hollande qui rassure les spéculateurs de la City sur son innocuité future et passée, un Sarkozy paradant sur une estrade style IIIème reich au beau milieu d’une foule excitée de rétrogrades assoiffés de bouc-émissaires qui se présente en défenseur du bas peuple,

hop … un petit coup de Le Pen qui entre en croisade contre l’abattage en boucherie qui se dresse comme le problème essentiel de la France,

le MEDEF qui annonce par son officine de désinformation officieuse, l’IFOP, que les français sont amnésiques et adorent de nouveau Sarkozy, un Hollande qui absorbe les écologistes et les Chevènementistes avec des accords de gouvernement compromettant en promettant aux uns exactement l’inverse de ce qu’il promet aux autres, un Sarkozy en grand défenseur du référendum après avoir outrageusement trahi le peuple avec son traité de Lisbonne et avoir entériné de manière autocratique le nouveau traité européen TSCG et le MES,

et hop … un petit coup de Le Pen qui obtient enfin, après un suspens insoutenable, ses 500 signatures de la part de maires incultes et eux aussi amnésiques, ouf … la démocratie est sauvée, les xénophobes auront leur tribune,

tiens, … la candidate d’extrême gauche qui affirme, en accord avec la candidate d’extrême droite, que le programme du Front de Gauche c’est la même politique que celles qui ont sévi pendant des décennies,

un candidat socialiste qui refuse obstinément un débat politique public avec  le candidat de gauche, un des deux candidats d’extrême droite, en l’occurrence la femme, qui accepte ce débat mais se dédit au dernier moment en refusant la confrontation en direct, des mégalos autocentrés suffisants et arrogants croyant pouvoir diriger la France avec leur seul petit cerveau musclé, des candidats qui envisagent ouvertement et sans aucune honte visible, et d’ailleurs sans aucune indignation sensible de la bonne société, de ne pas soigner des êtres humains malades présents sur le territoire des droits de l’homme,

une droite totalement extrême-droitisée se parant de quelques bijoux de gauche radicale, un parti socialiste totalement néolibéralisé avançant à vue sur un pédalo rose percé,

des communicants sans aucune conviction déblatérant des propositions jugées probablement à fort impact populaire par des conseillers en stratégie scotchés à leurs iPAD, leurs iPHONE, et leurs iPOD , des girouettes lestées aux études marketing qui virent à gauche, qui virent à droite, qui tournent-virent et n’indiquent plus aucune direction,

putain que de fourberies, de duplicités, de sournoiseries, de stratagèmes, d’artifices, d’escroqueries, de mensonges, de fausses promesses, de postures, d’impostures, de falsifications,

putain que de brouillard sur cette campagne!

Franchement, on peut comprendre que certains se sentent perdus.  Comme l’avait déjà très bien analysé notre cher Jean-Jacques Rousseau au XVIIIème siècle dans le Contrat Social:

« Jamais on ne corrompt le peuple, mais souvent on le trompe et c’est alors seulement qu’il paraît vouloir ce qui est mal »

Honte à ceux qui participent à cette tromperie, à cette tartufferie généralisée!

Allez, pour finir sur une note d’humour (à ne pas confondre avec la tartufferie):

La semi-démence « modérée » à la mode


Encore un Sarkoday.  Triste dimanche grisâtre.  Je me lève, je zappe sur les chaînes de désinformation continue LCI, i-Télé, BFM-TV et Euronews.  Le Sarkoshow de Villepinte en continu.  Allez, pour être honnête, un peu moins sur Euronews.  Les autres, elles ont même prévu une journée spéciale à partir de midi pour ne rien vous faire rater des ineffables inepties qui seront débitées toute la journée dans ce lieu de perdition.  Le ponpon de la marine 😀 revient, comme souvent serais-je tenté de dire, à BFM-TV qui, après une demi-journée non-stop de droite réactionnaire à la mode Sarkozy vous achèvera à partir de 18h00 avec 2 heures de droite réactionnaire à la mode Marine Le Pen.  Une bonne grosse journée de décérébration individualiste en perspective pour les téléspectateurs.  Et une bonne grosse journée de rattrapage en perspective pour moi.  Je vais enfin pouvoir vous parler brièvement (promis) d’un sujet qui me démange depuis pas mal de temps mais que l’actualité électoraliste française ne me permettait pas d’aborder.  Voici donc.

J’espère qu’il vous reste un peu de temps de cerveau disponible pour vous intéresser à autre chose qu’à nos élections franco-françaises de dans 1 mois et demi.  Quoi que, s’agit-il vraiment d’un sujet totalement décorrélé ?  Vous verrez.

Vous savez certainement que 6 mois après nos propres élections, se tiendront d’autres élections qui pourraient bien s’avérer déterminantes pour l’avenir du monde.  Je parle de l’élection présidentielle aux États Unis.  Pourquoi déterminantes ?  Parce que nous parlons là de la plus grande puissance militaire du monde, avec six cent mille hommes de troupe, cumulant à elle seule 50% de dépenses militaires mondiales, disposant de 700 et 800 bases militaires réparties sur tous les continents, une puissance agressive, impliquée dans la plupart des conflits mondiaux depuis la seconde guerre mondiale, dont ses présidents successifs, y compris le dernier, prix Nobel de la paix :-D, bafouent en permanence et impunément la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en emprisonnant de manière abusive par simple lettre de cachet et en appliquant et justifiant la torture.

Il est bien entendu impossible de prédire qui va remporter ses élections, qui va accéder à cette puissance militaire sans limite.  Mais je vais me risquer à un pronostic.  Obama ne sera pas réélu.  Le syndrome « Qui sème la social-démocratie récolte la droite réactionnaire » sévira aux USA comme ailleurs, comme partout, tout le temps.  Encore tout récemment avec l’élection de Rajoy en Espagne.  Entre parenthèses, ce sera la même chose en 2017 si M. Hollande est élu en France en 2012.  Les politiques molles et soumises de la sociale démocratie sont toujours sanctionnées à terme par la volonté de punition ironiquement masochiste des électeurs qui porte ainsi au pouvoir les pires politiques de droite réactionnaires.  Et Obama, bien qu’il ne soit même pas ce qu’on pourrait appeler un social démocrate (ce qui serait considéré comme un crime de lèze-américanisme par la grande majorité de la population américaine, si clairvoyante, si cultivée, si humaniste) entre dans ce cas de figure.  Hormis sa tentative d’instaurer aux USA un embryon de couverture sociale pour les plus démunis, il n’a rien fait.  Néant sur la lutte contre la finance, néant sur la lutte contre le chômage, contre la pauvreté, néant sur l’arrêt de l’arrogance militaire extérieure, néant.

Il est donc à prévoir que les américains vont s’en retourner à leurs instincts individualistes et élire un … Républicain. Et là, on s’affole.  Ou on devrait.  Allez les gens, affolez-vous!  Car ces braves éléphants ont encore franchi un cap dans la démence.  J’en veux pour preuve le panel des candidats de ce parti en lice en ce moment même dans leurs si fameuses primaires (qui ont tant inspiré nos braves militants PS franchouillards).

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