La vidéo du Conseil Scientifique Indépendant qui suit est intéressante à plus d’un titre.
On y trouve diverses interventions et présentations sur différents aspects liés à la crise du COVID et une de ces présentations m’a plus particulièrement passionné, celle de Vincent Pavan (22’50 ») sur la mortalité de 2020 comparée aux années précédentes.
L’idée est de comparer les taux de mortalité plutôt que des mortalités ou surmortalités brutes (comme je l’ai souvent fait sur mes posts FB). Mais comment gommer les biais liés au vieillissement ou à la répartition des morts par classe d’âge ?
J’ai trouvé la méthode (scientifique) qui suit très astucieuse et pourtant tellement évidente une fois dévoilée (comme tout ce qui est astucieux) :
- d’abord, on calcule le taux de mortalité réel qu’il y a eu pour chaque tranche d’âge depuis 1962, c’est à dire le nombre de morts d’un certain âge qu’il y a eu dans l’année divisé par le nombre de personnes de cet âge-là qu’il y avait cet année-là
- puis, on calcule la mortalité ajustée (théorique) pour chaque tranche d’âge qu’il y aurait eu chaque année depuis 1962 si on appliquait le taux de mortalité réel de la classe d’âge considérée (calcul précédent) à la population de cette classe d’âge en 2020
- l’étape suivante consiste tout simplement à additionner toutes les mortalités ajustées pour toutes les classes d’âge pour obtenir la mortalité globale ajustée par année depuis 1962
- enfin, en divisant la mortalité globale ajustée (théorique), par la population globale de 2020, on obtient le taux de mortalité globale ajustée par année, pour toutes les années de 1962 à 2020
- ces taux de mortalité étant ajustés à une même structure de population que celle de 2020 (mêmes pyramides des âges), on peut consciencieusement les comparer les uns aux autres, et en particulier les mettre en graphique pour obtenir la courbe suivante :

Où l’on voit que le taux de mortalité (réel) en 2020 est sensiblement le même que celui (ajusté) de 2015, autour de 1,00%.
Je précise pour les ayatollahs de la psychose si prompts à dégainer la sentence de complotisme que tous les chiffres sont extraits, comme il se doit, des séries démographiques de l’INSEE.
Les explications complémentaires qui suivent sont également intéressantes, sur les « effets moisson » (effets périodiques qui « rattrapent » en une année des sous-mortalités des années précédentes) et sur le fait que la baisse tendancielle du taux de mortalité depuis 1962 (liée à l’amélioration structurelle de la qualité des soins) ne pourra pas se perpétuer à l’infini (scoop : nous allons continuer de mourir).
Chacun en tirera les conclusions qu’il souhaite mais les chiffres sont indéniables et la méthode est rigoureuse.
Qu’il y ait eu surmortalité en 2020, c’est un fait (même si les chiffres bruts sont à manier avec prudence). Une baisse d’espérance de vie ? C’est vrai pour la France dans sa globalité (0,4 années pour les femmes et 0,6 années pour les hommes) mais localement ce n’est plus si évident puisque, en région PACA par exemple, l’irrésistible petite région où un druide soigne les malades, il n’y a pas eu du tout de perte d’espérance de vie (voir mon billet d’hier).
Pour ma part, et même si bien sûr je suis conscient que pour chaque famille touchée par un deuil il s’agit toujours d’un drame, je n’arrive pas à me convaincre que l’année 2020 aura sanitairement été une année si terrible que certains voudraient bien le faire croire.
Et surtout, je ne peux m’empêcher de sentir la rage m’envahir quand je pense que cela aurait pu se passer nettement mieux, quand je regarde par exemple ce genre de courbes :

Et me voilà reparti à rêver de place de Grève et de têtes qui roulent …