Encore un diner un peu passionné, hier soir. Désolé, je suis comme ça, l’engagement m’emporte « quelquefois ». Bon d’accord, on va dire « souvent » 😉
Mais, je tiens mes promesses. Voici donc, comme je me suis engagé à le faire hier, les éléments étayant, je l’espère, mes propos sur l’unicité (contre tous) de la position du Front de Gauche au printemps 2010 quant aux mesures à prendre vis à vis de la crise grecque, à savoir l’achat direct de bons du trésor des états européens par la BCE
Ce que j’ai dit et que je continue d’affirmer c’est que dès le début de la spéculation sur la dette grecque, au début 2010, le Parti de Gauche était le seul à avoir énoncé et à soutenir clairement la seule solution pour bloquer immédiatement l’effet boule de neige spéculative. Voici par exemple une interview du 29 avril 2010 de J.L. Mélenchon dans laquelle il présente parfaitement ce qu’il fallait faire. À savoir, répétons-le (et il faut bien lire) : permettre à la BCE d’acheter directement des titres de la dette grecque, ou, pour le dire autrement, de souscrire directement, lors de leur émission sur le marché primaire, aux obligations du trésor grec, ou pour le dire encore autrement, de monétiser directement auprès de la BCE une partie de leur dette (comme font beaucoup d’autres pays, hors zone euro, sans pour autant subir d’inflation, tels que les USA – même si leur cas n’est pas un exemple à suivre tellement ils ont exagéré dans cette voie). Le mot « directement » est fondamental. Cette solution aurait eu deux effets fulgurants.
- D’une part, cela aurait permis aux grecs d’emprunter au taux auquel la BCE prête aux banques (autour de 1% au lieu des 5%, 8%, 18% auxquels elle a été forcée d’emprunter, augmentant ainsi encore plus leur dette) leur laissant ainsi un espoir de se sortir de l’impasse.
- D’autre part, cela aurait passé un message fort aux spéculateurs, à savoir que l’Europe est prête à étouffer dans l’œuf toute tentative de spéculation sur des dettes souveraines.
Voici la vidéo d’avril 2010 (il y a presque 2 ans).
À cette époque (car aujourd’hui beaucoup de monde parle de cette solution, sans rougir de honte), cette solution n’était pas du tout envisagée par la communauté européo-politiquo-médiatiquo-économique. Elle était même décriée, moquée, écartée ou tout simplement ignorée. Au mieux, on obtenait la réponse lapidaire (que vous avez certainement entendue de la part du chien de garde « journaliste » dans la vidéo ci-dessus) que cette solution n’est pas possible (car interdite dans les status de la BCE).
En revanche, il est vrai que beaucoup de gens et d’articles parlaient alors de rachat de titres grecs sur le marché secondaire. Mais, il ne s’agit pas du tout de la même chose. Je pense que la discussion d’hier soir vient de cette confusion: « rachat » n’est pas « achat ». Je dirais même que les effets de ces deux « solutions » sont complètement différents, voire inverses. D’ailleurs sur ce sujet, il faut dire qu’après avoir longuement refusé même cette seconde solution, le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a finalement accepté début mai 2010 d’autoriser quelques rachats limités de bons du trésor grec. Ces rachats devaient néanmoins restés ciblés avec précision quant à leur objectif et plafonnés en termes de taille: « Les rachats d’emprunts d’Etat sur le marché secondaire ne devraient pas dépasser une limite rigide », disait alors Axel Weber, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne.
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