2014, peut-être l’année du jugement dernier pour les USA


Bien. Assez cherché de p’tits zœufs dans le jardin. Revenons à des sujets plus sérieux, voulez-vous. De toute façon il pleut, alors …

Je lisais cet article du Dr. Paul Craig Roberts (PCR pour les intimes … et pour moi dans la suite de ce billet, car, bien que très loin d’être un intime, je ne me sens pas le courage de taper l’intégralité de ses titres et patronymes chaque fois que je devrais le nommer). PCR est un économiste étasunien qu’il est difficile de situer politiquement.

Mais, savoir à qui on a à faire avant de lire quoi que ce soit est un acte de salubrité mentale indispensable, un préservatif cérébral pour se prémunir contre les MMT, les maladies mentalement transmissibles (on connait malheureusement tous les ravages irréparables qu’ont causé dans les communautés médiatiques et politiques le virus du TINA, le syndrome de la Main Invisible des Marchés ou le bacille de la Théorie du Choc des Civilisations). Donc, prudence, sortons couverts. D’après mon analyse sommaire, je dirais qu’il s’agit d’une sorte de transfuge idéologique. Dans la Mafia, on dirait un repenti. Ultra-libéral dans les années ’70 et ’80, il a été sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan, c’est tout dire ! PCR était alors un fier partisan assumé de la politique de l’offre, de la réduction fiscale pour les entreprises, du trickle-down et toutes ces conneries. Il a également été rédacteur et chroniqueur de journaux, comme The Wall Street Journal et BusinessWeek, qui ne sont pas exactement sur la même ligne éditoriale que Le Monde Diplo ou Fakir. Mais depuis, il semblerait avoir (largement) évolué vers des positions plus .. comment dire … progressistes. PCR a en effet ouvertement regretté avoir travaillé pour le Parti Républicain, avouant même que, s’il avait su ce que deviendrait ce parti, il n’aurait jamais contribué à la révolution Reaganienne. Il critique également très violemment les Démocrates, affirmant que Obama fait pire que Bush sur la destruction de la Constitution. Aujourd’hui, il suffit de lire les titres de ses derniers articles ou de son dernier livre pour comprendre qu’il a vu la lumière 😉 :

  • « L’échec du capitalisme « Laissez Faire » » (son dernier livre, pas mal hein pour un ancien Reaganien ?)
  • « Les Privatisations sont une rampe de lancement pour la corruption et l’insouciance est une rampe de lancement pour la guerre »
  • « Washington mène le monde à la guerre »
  • « Washington est le pire ennemi de l’humanité » (pour une fois que c’est pas moi qui le dit, mais un étasunien pur cream)

Bref, cet article s’intitule « Est-ce que les USA ou le Monde sont proches de la fin ? ». Et ce qui est plus intéressant encore, c’est son sous-titre : « Ce sera l’un ou l’autre ». Avouez que ça accroche le chaland ! Comme de juste, j’ai donc été accroché (Dieu que la chair mentale est faible), et, considérant

  1. que sont, en ce moment même, en cours de négociation les termes du traité du grand marché transatlantique de libre échange entre les USA et l’UE (le fameux TTIP dont tout le monde se fout sauf quelques rares importuns comme Raoul Marc Jennar ou Jean-Luc Mélenchon)
  2. que ce traité accrochera définitivement, une fois signé, pour le pire et pour le pire, le sort des pays européens à celui, funeste, des USA
  3. qu’auront lieu, sous peu, les élections européennes (pour élire les pas très fameux MEP)
  4. et que l’élection reste à ma connaissance le seul (et l’ultime, dans le sujet qui nous préoccupe aujourd’hui) moyen accessible aux citoyens européens éclairés pour imposer leur refus à cette association mortifère (au passage, laissez-moi vous faire part de mon incompréhension totale, même en tentant d’y appliquer toute la meilleure volonté dont je suis capable, face aux défenseurs, qui se croient drapés dans la dignité de ceux qui ne se font plus avoir, de l’abstention et du vote blanc. S’il y a une seule élection qui présente encore un quelconque intérêt, c’est bien l’élection du Parlement Européen, sauf bien sûr à souhaiter une révolution armée sanglante en Europe, pffft, ou à croire en une soudaine poussée de fièvre démocratique de nos chers dirigeants qui, suite à un taux record d’abstention, déclareraient derechef nulles et non avenues les élections, se mettraient à démonter pierre par pierre l’édifice anti-démocratique qu’ils ont mis 60 ans à construire et en profiteraient d’ailleurs pour s’auto-flageller un p’tit coup au passage, pffft et re-pffft)

il m’a semblé utile de partager avec vous comment l’étasunien PCR (y’sont pas si nombreux, même ce brave Bernie n’ose pas blasphémer ainsi sur son pays) perçoit l’avenir de son beau pays. Peut-être pourra-ce se révéler utile le 25 mai. Malheureusement, de manière fort impolie, PCR a cru bon de devoir rédiger son article en yankee. Choix tout à fait incongru de surcroit car quand on y pense, comment PCR a-t-il pu réellement croire que quiconque dans le monde anglo-saxon pourrait vraiment être intéressé par un article aussi lucide quant à la politique économique et géopolitique des USA ? Franchement ? Il aurait été nettement plus judicieux de l’écrire directement en Français, ou en Russe, ou en Chinois, ou en Espagnol. Mais bon, tel ne fut pas son choix et quelques traductions s’imposent donc.

Sautons directement, si vous le voulez bien, à la conclusion. Cela plantera le décors : Poursuivre la lecture de « 2014, peut-être l’année du jugement dernier pour les USA »

Des nouvelles de … la Grèce … entre autres


Encore un petit billet sur l’international, désolé.

Ça y est. La Crimée a fait son referendum. Un referendum constitutionnellement tout à fait illégal, au moins aussi illégal que le nouveau gouvernement d’Ukraine (qui n’est nazi qu’à 20%-25% [1], ouf, rien de grave donc), ou que la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo en 2008 par exemple, ou que l’occupation expansionniste d’Israël en Palestine, ou évidemment, que l’ensemble des interventions et ingérences étasuniennes de par le monde durant ces 70 dernières années. Que va-t-il se passer maintenant ? Escalade belliciste avec sanctions économiques de « l’Empire du Bien » et contre sanctions de « l’Empire du Mal » (n’oublions pas en effet que s’il y a des FDI, investissements directs étrangers, russes aux USA ou en UE, il y en a également énormément des occidentaux en Russie, tiens je pense soudainement aux titres de dette souveraine en dollars ou en euros détenus par la Russie), accélération du processus de signature du Traité de libre-échange entre UE et Ukraine, balkanisation du pays ? Ah, si seulement l’UE avait accepté en novembre 2013, la demande de la Russie de les inclure dans une négociation tripartite sur les accords de libre-échange de l’Ukraine avec ses voisins au lieu de suivre les va-t-en-guerre OTANiens en soutien des surexcités de Maïdan.

Une chose est sûre. Les médias, perpétuellement à la recherche de sang frais, quitteront bientôt la place Maïdan et la Crimée (qui parle encore de la Syrie?).  Le chef du régime étasunien a réussi à foutre le bordel aux portes de son rival de toujours. Le tsar russe a réussi (ou va réussir) à récupérer la Crimée. L’extrême droite a réussi une nouvelle percée sur la scène « démocratique » européenne. Reste sur le carreau le peuple ukrainien dépossédé de sa légitime révolution. Le peuple ? Pfff, pas assez photogénique. Sauf quand il est en colère comme sur Maïdan ou Tahrir. Le rouge lui va si bien. Le rouge qu’il verse bien sûr, pas le rouge qu’il arbore. La presse aux ordres va maintenant pouvoir se concentrer de manière plus méthodique sur la nouvelle assignation du régime étasunien, la prochaine cible de la pensée officielle, le Venezuela bien sûr. La droite anti-démocratique vénézuélienne ne peut en effet compter que sur un tir de barrage nourri (façon pluie de bombes à la Curtis LeMay) des médias « occidentaux » pour espérer pouvoir reprendre illégalement le pouvoir (faut les comprendre aussi, 18 élections perdues et un coup d’état foiré, ‘sont un peu démoralisé les Kapriles, López et autre Machado). Pour arriver à se ré-accaparer le pouvoir et les richesses du pays sans attendre les prochaines élections, ils ont besoin de leurs brigades internationales de désinformation au meilleur de leur forme et de tout le vocabulaire de la manipulation quotidienne de l’AFP et Reuters (vous savez à base de « manifestation pacifique », « intensification du mouvement », « raz-le-bol populaire », « répression policière », « dictature », « régime totalitaire »), et pour ce qui nous concerne plus directement, de nos plus brillants artilleurs de la démocratie à vitesse variable, les Christophe Barbier, Jean-Pierre Elkabbach, Jean-Michel Aphatie, Nicolas Domenach, Renaud Dély, Yves Thréard, Jean Quatremer, Laurent Joffrin, Daniel Cohn-Bendit, Claire Chazal et Laurent Delahousse, j’en passe et des meilleurs. Aux abris [2], le pilonnage va commencer.

Mais je me laisse emporter … Le but de ce billet était juste en fait de vous faire part d’une petite info concernant … la Grèce. Poursuivre la lecture de « Des nouvelles de … la Grèce … entre autres »

Le mauvais côté de l’Histoire


Le président du régime étasunien, Barack Obama, a affirmé, à propos de la crise en Ukraine, et sans éclater de rire (ce qui est déjà en soi une immense performance), que

« Ce qui n’est pas acceptable, c’est que la Russie (…) viole des principes fondamentaux reconnus par tous »

Il a ajouté, toujours très sérieux :

la Russie est « du mauvais côté de l’Histoire » en Ukraine

Je suis bien conscient que mon influence internationale pèse peu comparée à celle de ce prix Nobel de la paix (tiens, là non plus, personne n’avait pouffé), je me doute en outre que vous vous foutez royalement, et à juste titre, de mon avis sur la question, et je sais que je dois faire très attention à ce que mon anti-étasunisme (qui est loin d’être primaire mais tout à fait construit et argumenté) ne m’entraine pas dans des contrées trop extrêmes (j’ai pris mes cachets, ça devrait donc bien se passer), mais, malgré tout, permettez-moi de vous faire part de ce que je trouve, moi, tout aussi inacceptable.

Je trouve tout aussi inacceptable que le seul pays qui soit en guerre de manière permanente depuis plus de 70 ans (guerre ouverte, guerre secrète, coups d’états, etc) de partout sur la planète et au-delà, qui n’a ratifié pratiquement aucun des grands traités internationaux destinés à tenter de bâtir un monde meilleur, qui assassine régulièrement sur sol étranger principalement des civils (98% du total des morts selon le Bureau du Journalisme investigateur) avec des attaques de drones aveugles (rien qu’au Pakistan, au Yémen et en Somalie, le gouvernement d’Obama a lancé 390 attaques de drones en 5 ans, pour un bilan de 4000 morts dont 954 étaient des civils, et 225 des enfants), qu’un tel régime terroriste, disais-je, s’arroge le droit, ou se croit même tout simplement habilité à parler de paix au nom de « la communauté internationale » en lieu et place de l’ONU qui a été créée à cette fin.  Ça aussi, ce devrait être inacceptable, me semble-t-il.

Je trouve tout aussi inacceptable que la « communauté internationale » Poursuivre la lecture de « Le mauvais côté de l’Histoire »

« The world is a better place » grâce aux USA


« Le monde est un endroit meilleur » , grâce aux USA !

Si, si.  C’est un prix Nobel de la paix qui vous le dit.  Et tous les crimes contre l’humanité ne changeront rien à l’affaire.  L’allégation ne saurait souffrir d’aucune remise en cause.  Ni même du moindre petit sarcasme.  Vous, là-bas!  Je vous ai vu pouffer!  Veuillez ôter tout de suite ce sourire narquois de votre visage d’impie bolchévik!

Je veux bien sûr parler du discours de Barack Obama à ses cons citoyens sur la Syrie, le 10 septembre dernier.  Un discours?  Que dis-je!  Un panégyrique à la gloire de la grandeur éternelle de l’Amérique et des Américains (oui, parce qu’il faut savoir que quand les étatzuniens parlent des « américains », il s’agit en fait juste des étatzuniens, mais bien sûr, pour eux, rien d’autre n’existe, ni n’a existé, ni n’existera sur le continent d’Amérique à l’exception de leur illustre civilisation.  D’ailleurs, si l’appellation de « peuple élu » n’était pas déjà malheureusement réservée, ils se la seraient certainement déjà appropriée depuis fort longtemps), un dithyrambe, disais-je, de « la plus ancienne démocratie constitutionnelle du monde » (world’s oldest constitutional democracy, sic) qui se termine par ces mots traditionnels:

« That’s what makes us exceptional. With humility, but with resolve, let us never lose sight of that essential truth.  Thank you. God bless you. And God bless the United States of America. »

Traduction:

« C’est ce qui nous rend exceptionnels.  Avec humilité :D, mais détermination, ne perdons jamais de vue cette vérité essentielle.  Merci.  Que Dieu vous bénisse.  Et que Dieu bénisse les États Unis d’Amérique. »

Exceptionnels!  Et Dieu qui les bénit!  Le Peuple Élu n°2, en quelque sorte.

Parmi toutes les inepties, niaiseries, fadaises, omissions, contre-vérités et mensonges éhontés habituels accumulés dans cette adresse présidentielle vespérale, j’ai souhaité mettre en exergue le paragraphe qui suit car il synthétise parfaitement, à mon sens, à la fois le contenu du discours en lui-même, mais également le sentiment général d’une grande majorité de béats plus ou moins bien intentionnés de par le monde (dont en particulier la quasi unanimité de nos dirigeants politico-économico-médiatiques):

« My fellow Americans, for nearly seven decades, the United States has been the anchor of global security. This has meant doing more than forging international agreements — it has meant enforcing them. The burdens of leadership are often heavy, but the world is a better place because we have borne them. »

que je pourrais traduire par (sautez si vous maitrisez la langue coboil):

« Mes chers compatriotes Américains (voyez ce que je vous disais!), depuis presque 7 décades, les États-Unis sont une ancre de stabilité pour la sécurité dans le monde.  Ceci a signifié beaucoup plus que de  juste forger quelques accords internationaux – cela a impliqué de les faire appliquer.  La charge qui incombe au meneur est lourd, mais le monde est un endroit meilleur parce que nous avons su la porter ».

N’êtes vous donc pas, comme je le fus moi-même pendant plusieurs minutes, soufflé par un tel aplomb mystificateur?  Une véritable pantalonnade lancée à la gueule cassée de l’Histoire, ai-je pensé!  Sept décades, dit-il?  70 ans?  J’en parlais justement en début d’année dans un billet qui listait les conflits, les interventions, les guerres, les coups d’état, les coups fourrés, les coups tordus dans lesquels « le pays qui rend le monde meilleur » a trempé depuis ces 70 dernières années, depuis le largage de 2 bombes atomiques sur des populations civiles au Japon (une bonne entrée en matière, je trouve, pour ce qui est de rendre le monde meilleur).

Et pourtant, je reste perplexe, encore une fois, devant le peu de bruit, voire le silence absolu, qui a suivi cette forfanterie dans nos médias, chez nos politiques, dans mon entourage.  Sommes-nous réellement si peu nombreux à trouver ce discours indécent, à trouver obscène que l’on laisse les USA et la Russie négocier ensemble le démantèlement de l’arsenal chimique Syrien?  Un peu comme si on demandait à Marc Dutroux et à Émile Louis de définir un programme d’activités extrascolaires pour la petite enfance!  Ou à Jérôme Cahuzac et à Pierre Moscovici d’établir une politique de lutte contre la fraude fiscale!  Ah merde, ça, ça c’est déjà fait, me souffle-t-on dans l’oreillette…

Adoncques, pour finir, je vous propose, avec humilité mais détermination ;-), un … petit jeu, comme sur TF1.  Juste pour connaitre votre avis.  Parmi les innombrables raisons pour lesquelles les USA rendent notre monde meilleur, votez pour vos favorites, comme sur les « anges de l’ile de l’école de la nouvelle popstar academy X ».  Trop suave, non?

Attention, prêt?  À vos buzzers!  Partez!

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