Je suis (j’étais ?) abonné à Politis. Tous les vendredis, ou samedis (ce détail de calendrier étant nécessairement soumis aux aléas bien compréhensibles de la chaine de distribution des abonnements par courrier postal), j’entame invariablement la lecture de mon hebdomadaire politique favori (en fait, le seul hebdo auquel je sois abonné 😉 ) par l’édito de Denis Sieffert. Ce dernier fait en effet preuve, semaine après semaine, d’un talent incomparable pour synthétiser parfaitement et tout à fait clairement ce que je pense. Et ce, quel que soit le sujet qu’il aborde (qu’il abordait !).
Quelles ne furent donc pas ma gêne, ma contrariété et mon exaspération, quand j’ai lu son dernier billet intitulé « Complexités Ukrainiennes », dans le numéro 1302 du journal. Se dissimulant derrière ce titre modéré qui nous prépare à un article visant à l’impartialité (inaccessible, on le sait bien), voilà-t-y pas notre habituellement-si-clairvoyant éditorialiste qui s’en va colporter la pénible vieille rengaine entêtante du monde Occidental, « pour ne pas dire occidentaliste » (selon les propres mots de M. Sieffert). Dès l’exergue de son billet, on comprend :
« Le coup de génie de Poutine a consisté à rejouer la Deuxième Guerre mondiale : résistance soviétique contre nazisme. »
Tout son édito, qui se prétend donc plus modéré que le pilonnage d’obus de manichéisme de la presse occidentaliste, est construit sur le mode : « bien sûr l’UE et les USA … bla-bla-bla, mais ce qu’il faut vraiment voir c’est que la Russie … déblatérage-déblatérage-déblatérage »
Surtout qu’il s’agit en fait d’une récidive ! Car c’est son second billet en un mois sur l’Ukraine. Et voici comment débutait le premier :
« Ukraine : Le chaud et le froid
Les dirigeants russes alternent les propos rassurants et les menaces, mais dans l’est du pays, la violence gagne du terrain.On devine assez clairement quelles sont les fins que poursuit Vladimir Poutine. … »
Et voilà, le principal grand méchant machiavélique (machiavélique ? incontestablement, méchant ? probablement, grand ? pas vraiment, et principal ? certainement pas) est montré à la vindicte inculte occidentale. Indubitablement, la lecture de ces 2 articles, même le second supposé être un peu plus équilibré, laisse une sorte de mauvais goût dans la tête, un irrépressible sentiment diffus que tout ce bordel Ukrainien est dû à … la Russie en général et au satanique Poutine en particulier. Lorsqu’on connait le talent d’écriture de M. Sieffert, il ne fait aucun doute que cet effet ne peut être que volontaire, recherché.
Une amie m’a demandé il y a quelques temps quelle était ma position exacte sur la crise Ukrainienne qui, disait-elle, ne ressortait pas clairement (ma position, pas la crise) dans les quelques billets que j’ai pu pondre sur le sujet. Pour ceux que ça intéresse, la voici donc, ma position. C’est en quelque sorte, et de manière tout à fait inhabituelle donc, exactement l’opposée de celle de M. Sieffert. Abritée sous le même chapeau de « complexités Ukrainiennes », je pourrais la résumer ainsi : « bien sûr l’islamophobe-et-homophobe Poutine … bla-bla-bla, mais ce qu’il faut vraiment voir c’est que les USA, l’OTAN et l’UE … déblatérage-déblatérage-déblatérage ».
Pour ce qui est de l’exprimer plus précisément, je préfère laisser l’écran à Poursuivre la lecture de « Ukraine : nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude »