Échos du matin : propositions chocs (donc modernes) pour l’emploi


Non, mais quel petit joueur quand même ce Gattaz !

On apprend en effet ce matin, si on lit Les Échos (personne n’est parfait), que le MEDEF va publier mercredi un document d’une cinquantaine de pages s’intitulant « Comment relancer la dynamique de création d’emplois en France ? », document avant-gardiste qui liste toute une série d’acquis sociaux (expression traduite automatiquement dans la novlangue des Échos et des grands patrons par le mot « freins ») à supprimer d’urgence afin de créer un pauvre tout petit million d’emplois. Ce même petit million d’emplois que ce même grand patronat du MEDEF avait accepté (du bout des lèvres) de créer si notre gouvernement de droite lui accordait les 40 milliards de cadeaux fiscaux du pacte de responsabilité. Les 40 milliards ont été gracieusement accordé … mais bien sûr, comme on le sait quand on s’intéresse un peu à l’histoire, le capital n’est jamais rassasié et il en faut toujours plus pour nourrir la bête, l’appétit de l’accumulation n’ayant pas de limites !

Dans ce plan imaginatif du MEDEF à paraitre mercredi, on retrouve donc bien entendu les sempiternelles mesures tout à fait innovantes, modernes, futuristes pourrait-on même dire, telles que :

  • la suppression du SMIC,
  • la suppression des 35 heures,
  • la suppression de jours fériés,
  • ou la suppression de la durée légale du travail (afin de permettre de travailler le dimanche et la nuit aux mêmes conditions que la semaine).

Gattaz conclut parait-il le document (que je n’ai pas entre les mains mais je fais confiance aux Échos pour traduire parfaitement, en docile serviteur enamouré, la pensée et les propos de leur maitre et modèle) ainsi :

« Il s’agit avant tout d’animer un débat […] Notre conviction est que nous n’avons pas tout essayé contre le chômage »

Afin d’alimenter le débat, je voudrais donc, en toute humilité, y aller moi aussi de mon propre petit plan de « réformes » chocs pour lutter contre le chômage. Outre bien sûr les propositions incontournables ci-dessus, je propose donc à Gattaz et à Hollande d’aller plus loin et d’envisager :

  • la limitation de la journée de travail à 12 heures avec suppression des pauses (pipi, déjeuner, toussa toussa)
  • l’autorisation du travail des enfants dès 8 ans, pour une moitié du salaire d’un adulte (ou plutôt un salaire proportionnel au poids moyen d’un adulte, imaginatif, vous ne trouvez pas ?)
  • la suppression de tous les jours fériés et des weekends, et partant, des congés payés (qui deviendront de fait obsolètes puisqu’il n’y aura plus de congés)
  • le remplacement du CDI par un système de journaliers où des contremaitres physionomistes choisiront chaque matin, devant les grilles de l’entreprise, les bougres à qui on va accorder généreusement une journée de travail
  • et bien sûr la suppression des syndicats (qui nous cassent les bonbons), des comités d’entreprise (et donc des CHSCT) et du conseil des prud’hommes (ou alors, uniquement composé de patrons)

Je trouve, en toute humilité encore une fois (mon humilité me perdra, je le sais 😉 ), que voilà des propositions autrement plus inventives, dignes d’un grand pays comme la France. Certes, la France du XIXème siècle ! Mais n’est-ce pas justement cela aujourd’hui qu’être moderne ? La régression n’est-elle pas devenue l’apanage de la modernité ?

D’ailleurs, pour être à la pointe de l’avant-gardisme, Poursuivre la lecture de « Échos du matin : propositions chocs (donc modernes) pour l’emploi »

Une tribune d’un autre monde


Non, mais sérieusement vous avez lu la tribune exclusive publiée avant-hier, le 10 février,  par le Monde et le Washington Post, tribune cosignée par les présidents français et étasunien, MM. Hollande et Obama ?

D’un autre monde ! Totalement déconnectée ! Au milieu de la mauvaise vieille bouillie indigeste aux sempiternels poncifs analgésiques flottent de vrais gros morceaux d’endoctrinement impossibles à déglutir. Un texte dans lequel le grotesque le dispute à l’effarant, le sournois à l’inadmissible et le lénifiant à l’inepte.

Extraits choisis (et commentés 😉 ).

« Les responsables français et américains échangent quotidiennement des informations pour lutter contre le terrorisme dans le monde. »

Et lorsque les échanges fonctionnent moins bien, il reste toujours PRISM, voulait ajouter M. Obama, l’œil narquois et le rictus condescendant (mais l’amendement a été rejeté par notre relecteur national). La France s’enorgueillit, selon les propos de notre Président, de participer à la lutte terroriste du régime étasunien contre le terrorisme ? Fière du Patriot Act, des tortures Guantanamesques et autres drones assassins ? Jaurès, reviens !

« Dans toute l’Afrique et sur les autres continents, nos experts en développement aident des agriculteurs à augmenter leurs rendements et à sortir de la pauvreté. Dans des enceintes telles que le G8 et le G20, les États-Unis et la France s’attachent à promouvoir une croissance forte, durable et équilibrée, l’emploi et la stabilité, et nous relevons des défis mondiaux auxquels aucun pays ne peut, à lui seul, faire face. »

Ce passage serait carrément hilarant s’il n’était pas, malheureusement, aussi insultant pour la capacité de mémoire des Africains. Les « experts en développement » du libéralisme, français et étasuniens, dont les plus « illustres » (genre Camdessus, Strauss-Kahn, Lagarde, Lamy pour quelques représentants français) se partagent depuis toujours la direction de l’OMC, du FMI et de la Banque Mondiale, s’attachent, comme chacun sait, à développer à marche forcée la conversion de toute la planète aux règles du néolibéralisme, en fait à son unique règle, « plus aucune règle économique », avec leur arme de destruction massive favorite, les Plans d’Ajustements Structurels accompagnés de leurs inséparables conditionnalités, dont on connait les résultats sur l’explosion de la pauvreté d’abord en Afrique, puis dans les autres pays infectés par ce virus léthal (tout récemment, la Grèce et le Portugal).

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Mais qu’ils se taisent ! Ou qu’ils s’instruisent ! Ou mieux, les deux !


J’ai tenu jusqu’au 26 janvier, mais là, c’est p’us possible, c’est l’overdose, faut faire retomber la pression, faut que ça déborde.  Et où donc est-ce que je déborde quand je dois … déborder ?  Ben ici même, sur mon blog bien sûr.

Désolé, mais je vais donc, moi aussi, vous infliger quelques commentaires probablement indigestes sur les deux sujets qui occupent (presque) entièrement le temps de cerveau disponible de nos illustres faiseurs d’opinions ces temps-ci.

Évacuons tout de suite le premier puisqu’il s’agit uniquement de lancer un n-ième coup de gueule contre l’utilisation ad nauseam de cette expression vulgaire de « première dame » qui illustre parfaitement l’américanisation rampante de notre culture, sous la tutelle de nos prétendues élites (identifiées comme celles et ceux qui parlent dans la petite boite à images du salon).  Depuis quelque jours, l’expression a totalement envahi l’espace médiatico-politique et a du même coup … totalement fait exploser mes bonnes résolutions pour cette nouvelle année 2014 que je me souhaitais pourtant plus sereine.   Aujourd’hui, c’est l’apothéose.  Une phrase sur deux débitée par nos médiacrates nous parle de première dame !  Qu’est-ce que ça peut m’énerver ça (à prononcer à la mode Jean-Pierre Bacri), vous n’avez pas idée !

Il n’y a jamais eu de première dame en France !  Point, barre.  Rappelons donc que cet américanisme insultant pour tout français républicain qui se respecte était totalement inusité au début de la Vème république (et j’vous parle même pas des 4 républiques précédentes) pour largement se banaliser à partir du régime de Sarkozy 1er jusqu’à atteindre aujourd’hui, sous Hollande 1er, un paroxysme proprement insupportable.  Je ne vous ferai pas l’insulte de vous expliquer pourquoi cette émanation puritaine du régime théocratique étatsunien n’a aucun sens dans notre République et vous laisse à imaginer ce que cette expression pourrait donner si notre président était célibataire (le premier rien?), une femme hétérosexuelle (le premier monsieur?), une femme homosexuelle (la deuxième dame?) ou bien encore un homme homosexuel (le deuxième monsieur?).  Tiens, encore un argument qui milite en faveur d’une refondation républicaine, pour changer notre république présidentielle monarchique en république parlementaire.

Venons-en au deuxième sujet.  Plus sérieux.  Il s’agit bien sûr de la conférence de presse du président de la République le 14 janvier et plus précisément de son pacte de responsabilité.  Et là aussi, ça déborde.

Bien entendu, je ne l’ai pas écouté, ce fourbe.  C’est plus fort que moi, j’peux pas.  L’écouter, ne serait-ce qu’une dizaine de secondes, réveille inévitablement en moi une nouvelle crise d’urticaire fulgurant (dans des endroits que la bienséance m’interdit de localiser).  C’était d’ailleurs la même chose avec son prédécesseur.  Hum, maintenant que j’y pense, c’est également la même chose avec tout un tas de ministres, parlementaires et autres personnages politiques dont seule la sournoiserie égale l’arrogance.  Hum, faudrait que je pense à consulter pour cette histoire d’urticaire fulgurant …

Bref, je ne l’ai pas écouté mais, comme d’habitude, je l’ai quand même lu, Poursuivre la lecture de « Mais qu’ils se taisent ! Ou qu’ils s’instruisent ! Ou mieux, les deux ! »

Les bonnets rouges, nigauds et autres factieux


J’entendais ce matin l’interview d’un bonnet rouge de la première heure (je crois que c’était le maire de Carhaix) refusant que l’on amalgame les bonnets rouges qui ont sifflé Hollande hier lors de la commémoration du 11 novembre aux … bonnets rouges.

Avouez pourtant qu’il n’y a rien qui ressemble plus à un bonnet rouge qu’un autre bonnet rouge (et beaucoup de siffleurs d’hier portaient un bonnet rouge, ce fait est indiscutable).  En même temps, je veux bien concéder qu’il n’y a rien de plus simple que de se mettre un bonnet rouge sur la tête pour se faire passer pour … un bonnet rouge.  Comment donc s’y retrouver ?  Comme nos amis du NPA ou d’ATTAC, ou plus généralement, comme tous ces salariés en proie au désespoir, je vous sens désorienté, confus ;-).  Vous hésitez :-D.   Comment savoir si l’on doit, oui ou non, soutenir ce ramassis hétéroclite ?

Le vendredi 8 novembre au petit matin, à l’heure où la rosée blanchit la campagne, et le gaz carbonique noircit la ville, Jean-Luc Mélenchon proposait, à la matinale d’RTL (pourtant radio qui se dispute âprement avec RMC le titre tant convoité de plus grande radio des beaufs de droite), une manifestation le 1er décembre à Paris (Bercy) pour la révolution fiscale et contre l’augmentation de la TVA au 1er janvier.  Quelques heures plus tard, Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère et porte-parole des organisateurs de la manifestation des beaux nez rouge de Quimper, voulant probablement reprendre la main, appellait sur BFM-TV (chaîne TV d’infos qui se dispute âprement avec i-Télé le titre tant convoité de plus grande chaine TV d’info des bourgeois de droite) à un défilé « quelque part en Bretagne », pour la veille, le 30 novembre.

Lorsque (pour je ne sais quelle obscure raison impardonnable ;-)) on ne suit pas ces affaires-là de (très) près, les mots d’ordre des deux manifestations peuvent paraître assez similaires puisque leur cible officielle concerne une taxe.  La TVA pour l’une, l’écotaxe pour l’autre.  Concentration.  Pour Jean-Luc Mélenchon, la manif du 1er décembre a pour objectif de protester « contre la fiscalité qui favorise les actionnaires et parasite le travail de tous les salariés du pays », et plus précisément, « contre l’augmentation de la TVA qui va ponctionner tous les ménages. »  Et pour Thierry Merret, même si l’objectif de « sa manif » n’est pas aussi clairement énoncé, on peut facilement imaginer qu’il s’agit, dans la continuité de la revendication antérieure du mouvement des bonnets rouges, de demander la suppression définitive de l’écotaxe en Bretagne.

Hum.  Là encore, vous êtes troublé. Si, si, je le sens bien.  Avec qui dois-je défiler pour marquer ma volonté d’un véritable changement de cap, vous demandez-vous ?  Quelle manifestation choisir ?  Voilà la question qui vous hante !

Laissez moi vous aider à y voir plus clair ;-).

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Quelques anticipations sur le TTIP (le grand marché transatlantique)


En cette grisâtre veille de fête des morts, je me devais de lire quelque chose d’adapté.  Quelque chose de bien déprimant et de bien révoltant, vous voyez le genre.  Mon choix s’est donc porté tout naturellement sur un rapport économique étasunien, émanant du Economic Policy Institute, concernant les attaques législatives du régime étasunien sur le monde du travail aux États-Unis.

Pourquoi ce rapport concernant le travail aux États-Unis est-il intéressant, à mon avis, pour nous autres pauvres européens?  Parce qu’il préfigure ce qui nous attend.  S’instruire sur les conditions économiques et sociales aux US, c’est malheureusement un peu comme lire dans le marc de café concernant nos propres futures conditions.  Depuis l’avènement du capitalisme débridé, le régime étasunien constitue en effet le laboratoire lugubre où se concoctent les pires recettes qui sont ensuite exportées sur toute la planète, y compris sur notre vieux continent.  Cela me rappelle d’ailleurs quelques camarades étudiants, il y a bien des lustres de cela, qui déjà à l’époque répétaient sans cesse, des étoiles (environ une cinquantaine) plein les yeux, des bandes (environ une grosse douzaine) sur leur R8 gordini, à propos de tout et n’importe quoi: « putaingue (cela se passait à Marseille ;-)), on a au moins vingt ans de retard sur les ricaingues ici, mais tu verras, ça finira par arriver chez nous aussi ».

Le rapport, pour en revenir à lui, fournit une étude détaillée de toutes les lois, votées sur 2011-2012 à travers tous les états étasuniens, qui attaquent, portent atteinte, restreignent ou abrogent les standards, les protections et les acquis des travailleurs dans ce pays de damnés de la terre:

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