Grèce : pourquoi pas une sortie de l’euro et un défaut sur la totalité de la dette ?

Franchement, ce scénario me paraissait pourtant évident.  La Grèce est en effet actuellement en excédent primaire budgétaire et ils pourraient donc parfaitement subvenir à leurs besoins par leurs propres moyens, si ce n’était ce service de la dette qui les plombe.

Mais je ne suis personne, même pas économiste, donc inaudible.

Mais voilà-t-i pas que ce bon vieux Patrick Artus de Natixis, qui est tout sauf un bolchévique hirsute mais qui nous a néanmoins déjà fourni, à son corps défendant probablement, quelques belles munitions dialectiques sur ce blog, voilà-t-i pas que ce bon vieux Patrick Artus, disais-je, s’est mis en tête de publier hier, 6 juillet 2015, au lendemain du NON historique du peuple grec lors du référendum sur les propositions des créanciers de la dette grecque, un papier qui étudie justement ce scénario-là :  « Peut-on imaginer la situation de la Grèce s’il y a défaut, sortie de l’euro et dévaluation ? »

Ce bon vieux Patrick Artus essaie d’imaginer la situation de la Grèce s’il y avait défaut sur la totalité de la dette grecque (dette publique et prêts à la Banque Centrale de Grèce) suivie d’une sortie de l’euro et d’une dévaluation massive (hypothèse de l’étude : 30%) de leur monnaie :

  • le défaut fait disparaître les intérêts payés sur la dette extérieure et sur la dette publique, mais, en contre-partie, il fait disparaître aussi la possibilité de financer un déficit extérieur ou un déficit public.
  • la dévaluation fait monter le prix des importations, ce qui réduit le revenu réel, mais, en contre-partie, elle améliore la compétitivité des secteurs exportateurs (industrie, tourisme, autres services exportables) et peut attirer des investissements étrangers.

Je vous passe les détails (que vous pouvez aller lire dans l’étude en question), mais sachez que, 7 petites pages et moult courbes et graphiques plus loin, la conclusion tombe sans appel.

Au total, l’effet global du défaut cumulé à la dévaluation serait positif, et ce, même si la dévaluation réduirait le revenu réel des grecs d’environ 10%, car elle aurait en parallèle sur le secteur exportateur (industrie, tourisme, autres services exportables) un effet positif de l’ordre de 6 points de PIB ainsi qu’un un effet positif de l’ordre de 2 points de PIB sur les investissements directs étrangers.

En revanche, le rapport ne dit bien entendu rien du cataclysme que ce Grexit produirait chez les si insensibles créanciers matamores de la Grèce, institutions financières et États européens, dont l’Allemagne et la France.

Quand on sait en plus que le rapport préliminaire de la Commission de vérité sur la dette publique grecque, présidée par Eric Toussaint, a conclu comme on s’y attendait, au caractère illégal, illégitime, odieux et insoutenable de la plus grande partie de cette dette, et que donc, comme d’autres états l’ont déjà fait auparavant tout en ayant de nouveau accès aujourd’hui aux marchés financiers (Argentine, Équateur, Islande pour ne pas remonter trop loin dans le temps), une annulation unilatérale de la dette serait tout à fait justifiée et envisageable, on se demande alors pourquoi le gouvernement Tsipras reste si convenable et, pour tout dire, généreux avec ceux qui essaient pourtant de lui faire courber l’échine et mordre la poussière.

Ah … nous autres … gens de gauche … notre bonté nous perdra 😉

Mais prenez garde tout de même vous autres les Merkel, Hollande, Juncker, Sapin, Moscovici, Lagarde et tous les autres salopards suffisants (et également, vous autres, veules cloportes dirigeants et politiques européens) !  La bonté a ses limites, même chez les gens de gauche !

L’union européenne, implacable bande de djihadistes du néo-libéralisme | Ensemble

Traduit de l’anglais par Mathieu Darge sur le site d’Ensemble (FdG), voici un article de Stathis Kouvelakis, professeur de théorie politique au King’s College de Londres, qui fait partie du comité central de Syriza :

Grèce : l’heure de la rupture | Ensemble.

Extraits :

La peur de la sortie de la Grèce de la zone Euro (Grexit) ne doit plus nous paralyser.

La décision du gouvernement Syriza de transférer la totalité des réserves disponibles du secteur public à la Banque de Grèce marque un tournant politique. (…)

(…)

Le gouvernement grec a été contraint de signer un accord inéquitable (arrêt du principal mécanisme d’approvisionnement en liquidités des banques grecques) sous la pression du retrait accéléré des dépôts des banques et de la menace de leur effondrement.

Maintenant, avec l’épuisement des fonds publics, désormais insuffisants pour assurer à la fois le service de la dette et les obligations incompressibles de l’État, il est évident que le seul temps gagné a été à l’avantage des institutions européennes et que la partie grecque est exposée à l’intensification du chantage tant ses positions se détériorent.

Le climat belliqueux, sans précédent, de la réunion de l’Eurogroupe de Riga, au cours de laquelle le Ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a été cloué au pilori par ses homologues (y compris ceux de pays pesant d’un aussi faible poids que la Slovaquie et la Slovénie) montre suffisamment clairement de combien d’humiliations le gouvernement grec a eu à souffrir au cours des deux derniers mois.

(…)

La partie grecque n’a pas pris en compte ce qui était évident, dès le début, à savoir que la BCE et l’Union Européenne n’allait pas rester à se tourner les pouces face à un gouvernement de gauche radicale. Dans leur arsenal, l’arme au plus gros calibre est le contrôle des liquidités, et il était totalement prévisible et logique qu’ils s’en servent immédiatement. Et, naturellement, les créanciers ont toutes les raisons de continuer à « serrer le nœud » (l’expression est d’Alexis Tsipras) jusqu’à ce qu’ils aient contraint la Grèce à une capitulation totale.

(…)

Avec la méthode et le contenu de la décision sur le transfert des fonds, i.e. par décret ministériel, le gouvernement (…) pourrait bien avoir créé les conditions, pour des « cacerolazos » à la grecque, ces formes de protestations utilisées par les forces réactionnaires et les oppositions soutenues de l’étranger dans les pays d’Amérique Latine qui tentent de renverser les gouvernements de gauche.

(…)

C’est le moment précis de tenir un discours clair, le seul qui peut avoir un impact et mobiliser le peuple, précisément parce qu’il le traite avec respect, en adulte, agent de son propre destin.

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Syriza, paralysée avant d’exister ?

Beaucoup de mes accointances virtuelles de la blogosphère, nettement plus qualifiées que moi, ont déjà donné leur avis, fort pertinent comme à l’accoutumée, sur ce que d’aucuns appellent la « capitulation en rase campagne », voire « la bérézina »,  de Varoufakis, Tsipras et Syriza face à la Troïka, la BCE, l’Union Européenne, Mame Merkel et le sinistre Schäuble.

Ce n’était toujours pas mon cas.  Cédant à mes vils penchants narcissiques (que j’essaie de réprimer au tréfonds de mon surmoi probablement tout à fait infréquentable), je voudrais aujourd’hui combler cette lacune (qui vous a probablement profondément perturbé, je me doute, si, si, ne le niez donc pas).

La plupart de ceux de mon bord (ceux qui comme moi avaient fondé un véritable espoir de révolution douce en Europe grâce à la victoire de Syriza en Grèce le mois dernier) voient dans cette base d’accord un compromis temporaire ayant pour but d’éviter une crise immédiate tout en permettant au gouvernement de Tsipras de préserver l’essentiel de ses engagements.  Certains y voient même l’achat de temps (4 mois) afin de se préparer à l’inévitable, c’est à dire la sortie de l’Euro (le fameux Grexit).  Vous pouvez par exemple aller lire (si vous jurez de revenir après!) les articles de Jacques Sapir ou de Jean-Luc Mélenchon, ou les billets, plus légers, des Pas Perdus ou de Gauche de Combat.

Mouais …

Désolé les gars, mais j’vous suis pas sur ce coup-là.  Désolé M. Mélenchon, je crois que vous allez pouvoir me classer irrémédiablement parmi les, comment dites-vous encore?, ah oui, parmi les « gauchistes toujours prompts à excommunier qui ne se plie pas à leur mantras abstraites ».

Je peux avoir tort bien évidemment.  Je souhaite avoir tort.  Je dois avoir tort.  J’ai tort, c’est sûr.

Car certes, en étudiant de près les mesures proposées par Varoufakis aux « institutions européennes », que voici, Poursuivre la lecture de « Syriza, paralysée avant d’exister ? »