Après des semaines de négociations, en fait principalement des menaces et des humiliations envers le peuple grec, le gouvernement grec et la zone euro ont fini par se mettre d’accord sur le plan d’aide final de l’Europe. Il a été voté par l’Eurogroupe ce lundi 20 février (c’est à dire par les ministres des finances de la zone euro). L’Eurogroupe l’a synthétisé dans une déclaration de 3 pages que je vous livre brut de fonderie, c’est à dire en anglais comme il se doit pour faire sérieux.
Vous en avez bien sûr entendu parler. Quelques médias l’ont survolé. D’autres ont donné un peu plus de détails. Toujours sous l’angle officiel bien sûr: ces braves pays européens et ces gentils banquiers vont encore une fois se saigner aux 4 veines pour sauver ces branleurs et voleurs de grecs. On connait.
Mais, je m’étonne (c’est une figure de style car évidemment cela ne m’étonne pas du tout ;-)) de voir que personne ne note le point principal. Si je devais n’en retenir qu’un ce serait celui-ci:
Le but de cet accord est de « s’assurer que la dette publique grecque soit ramenée sur une pente descendante pour atteindre 120,5% du PIB en 2020 » (en anglais dans le texte: « ensure that Greece’s public debt ratio is brought on a downward path reaching 120.5% of GDP by 2020″.
Rendez-vous compte: 120,5% du PIB en 2020 ! Ce chiffre prend toute son absurdité lorsqu’on en rappelle un autre: la dette grecque était de … 127% du PIB en 2009 ! Le massacre implacable de ce pays, la paupérisation de son peuple, l’austérité, la précarité et la pauvreté comme unique avenir pour les décennies à venir, la mise sous tutelle totale de l’économie, l’occupation du territoire par la troika tyranique financière internationale (Commission Européenne, BCE, FMI), tout ça serait donc justifié pour réduire … de 6 malheureux points en 11 ans, en étant optimiste (dixit Junker), le rapport de dette publique à la richesse produite. Je rappelle qu’il était clairement possible de ramener le niveau de leur dette à ce niveau, et même bien inférieur, et ce bien avant 2020 ! Il suffisait de permettre à la Grèce d’emprunter directement à la BCE au taux des banquiers ! Il n’était pas nécessaire d’étrangler leur économie et d’écraser leur peuple avec tous les plans de rigueur successifs.
Et cela ne choque personne !