Bac 2013, les sujets de philo


J’ai pu, par des moyens qu’il ne serait pas très magnanime de ma part de dévoiler ici et qui, de toute manière, ne vous regardent en rien ;-), j’ai pu, disais-je, mettre la main sur certains des sujets du bac de philosophie qui seront distribués lundi matin à 8h00 pétantes.  Comme chacun sait, cette épreuve constitue sans doute la dernière chance qui sera donnée à notre jeunesse de pouvoir réfléchir gratuitement, juste pour la beauté de la réflexion, à l’état de notre monde.  Car viendra très vite le régime lobotomisant universel: 1 comprimé de journal télévisé quotidiennement (13Heure ou 20Heure, France TV, M6, Arte, … ou même le générique TF1, peu importe la marque, la formule chimique restant toujours la même), éventuellement 1 suppositoire du Nouvel Obs ou de l’Express une fois par semaine, chez son dentiste si nécessaire, et de grands bols de soupes de télé-réalité et de séries US à satiété.  Il est précisé qu’une infusion vespérale du Monde ne nuira pas à votre traitement décérébrant.

Comme j’aime la jeunesse et que je tiens à ce qu’elle soit à la hauteur de l’événement, je retranscris ici les 4 sujets en ma possession, accompagnés, si vous me le permettez (ou pas d’ailleurs, c’est pareil), de quelques conseils ou quelques pistes de réflexion toute personnelle sur la question.

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Les exigences de l’Empire, An III


TITRE III – PACTE BUDGÉTAIRE – ARTICLE 3 – PARAGRAPHE 1 e/
Ce mécanisme [mécanisme de correction, NDLR] comporte l’obligation pour la partie contractante concernée de mettre en œuvre des mesures visant à corriger ces écarts sur une période déterminée.

TITRE III – PACTE BUDGÉTAIRE – ARTICLE 3 – PARAGRAPHE 2
Les parties contractantes mettent en place, au niveau national, le mécanisme de correction visé au paragraphe 1, point e), sur la base de principes communs proposés par la Commission européenne et concernant en particulier la nature, l’ampleur et le calendrier des mesures correctives à mettre en œuvre

TITRE III – PACTE BUDGÉTAIRE – ARTICLE 8 – PARAGRAPHE 1
La Commission européenne est invitée à présenter en temps utile aux parties contractantes un rapport concernant les dispositions adoptées par chacune d’entre elles conformément à l’article 3, paragraphe 2. Si, après avoir donné à la partie contractante concernée la possibilité de présenter ses observations, la Commission européenne conclut dans son rapport que ladite partie contractante n’a pas respecté l’article 3, paragraphe 2, la Cour de justice de l’Union européenne sera saisie de la question par une ou plusieurs parties contractantes.

En d’autres termes (moins abscons):

Si un pays (une partie contractante que ça s’appelle) n’est pas dans les clous (du pacte budgétaire), il a alors l’obligation de mettre en œuvre les mesures précises (très précises même puisque sont indiquées nature, ampleur et calendrier) que la Commission Européenne lui proposent sinon la Cour de Justice de l’Union Européenne sera saisie.

Bon, maintenant, vous appelez ça un peu comme vous voulez, mais pour ma part, quand on est obligé de faire quelque chose, ben, j’ai plutôt tendance à quand même appeler ça une … obligation … ou une exigence …  ou un diktat.  Je déconne là ou bien?  Ah oui, au fait, les articles que je viens de citer sont dans le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance de l’Union Européenne, le fameux TSCG contre lequel je vous ai si souvent mis en garde.

Je dis ça parce que depuis deux jours, j’assiste, médusé, à une véritable déferlante de simulation de rébellion exaltée contre la Commission Européenne au motif que cette dernière a eu, tenez-vous bien, l’outrecuidance de réclamer des réformes immédiates de la part de Paris et notamment sur son système de retraites.

« La Commission Européenne n’a pas à dicter à la France ce qu’elle a à faire »

a par exemple déclaré le président français, François Hollande, ce mercredi à Rodez.  Et c’est à qui donne l’image du gars le plus remonté, le plus indigné.  Tous s’y sont collés.  Gouvernement et « opposition ».  Tiens, Bayrou par exemple qui déclare « Quand François Hollande dit que ce n’est pas à la Commission de nous dicter ce que nous devons faire, il a raison. »  Et Claude Bartolone ce matin chez Bourdin.  Z’avez vu ça?  Tout rouge (si je peux me permettre pour un socialiste) qu’il était Monsieur Claude (@9’40 ») quand il éructe 😉 à l’adresse de la Commission Européenne:

«Qu’ils se taisent et qu’ils fassent leur boulot!»

Comme s’ils découvraient les choses de la vie.

Ils ont l’air tellement sincères.  On aurait presque envie de les consoler.  Ou alors, ils le sont vraiment, sincères.  Peut-être croient-ils réellement ce qu’ils racontent!  Peut-être sont-ils persuadés que la Commission Européenne n’a pas à dicter ses exigences aux pays de l’UE.  C’est surement ça!  Un tour de bocal, et hop, ils ont oublié qu’ils ont voté cet abandon de souveraineté au parlement européen il y a quelques mois.  Ou alors, ils n’ont pas oublié mais ils n’avaient tout simplement pas tout compris à ce qu’ils signaient à l’époque.  Sont-ils fourbes, amnésiques ou simplement niais?  Quelle question troublante.  Je pencherais pour un savant mélange des trois, dans des proportions différentes suivant les individus (typiquement, un Hollande possède clairement une prédominance du troisième ingrédient alors que pour un Bartolone, le mélange semble plus subtil).

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Les lobbies. Qui sont ces gens qui tirent les ficelles de l’Union Européenne ?


Un excellent reportage de la RTBF, belge donc ;-), réalisé par Mathieu Liétaert et Friedrich Moser (qui en ont la propriété exclusive) sur le business des lobbies dans l’Union Européenne.

2500 structures de lobbying, 15.000 lobbyistes, Bruxelles est le deuxième ville dans le monde comptant le plus de lobbies après Washington DC (à tout saigneur 😉 tout honneur).

Ce film montre la version non officielle de l’intégration européenne.  Il remonte dans le temps et fait l’historique des groupes de pression (lobby) qui gravitent autour de l’Union Européenne.  Ou devrais-je plutôt dire, l’Union Européenne qui gravite autour de ces lobbies, tellement leur force d’attraction Newtonienne est puissante.  De véritables trous noirs, ces lobbies !

Évidemment, derrière les lobbies se cachent (ou pas d’ailleurs) des intérêts privés.  Et on parle pas ici des intérêts privés de Marceline Bolduc, ma voisine d’en face.

Découvrez donc (ou redécouvrez) qui rédige vraiment les textes de loi de la Commission Européenne, textes qui, rappelons-le, composent 80% de l’arsenal législatif national voté en France, qui dirige vraiment les négociations cruciales impliquant l’Europe, telles que, récemment, les discussions sur la crise financière, puis celles sur les crises des dettes souveraines, de qui M. Barroso est-il la marionnette, en somme, qui fait la loi dans cette Europe néolibérale, qui la gouverne.

Sommes-nous naïfs de (encore) nourrir l’idée d’un rêve européen ?

Je dépose immédiatement ce film dans « à ma télé ce soir« .

Le FMI aurait finalement quelques notions d’économie


Même le FMI semble commencer à comprendre !

Il y a 3 jours, le jour même du vote des députés français en faveur de la ratification du TSCG, je dressais la liste éloquemment internationale des économistes indépendants et des institutions économiques officielles qui, de par notre vaste monde globalisé, jugent totalement inepte et même criminelle (certains à retardement, mais, vieux motard que jamais, comme on dit) cette obsession à s’enfermer dans le cercle vicieux de l’austérité institutionnalisée.

Mais jusque-là, vous aurez remarqué (ben, merde, qu’est-ce que vous foutez!), le FMI ne faisait pas partie de ma liste. Normal, au FMI, la règle d’or, l’austérité, le serrage de quiquis, y’quiffent trop. C’est leur politique fétiche. Leur remède standard. Leur réflexe pavlovien. Toujours les mêmes recettes du Consensus de Washington. Toujours demander aux pays de réduire leurs dépenses publiques et de privatiser un max. Quel que soit le symptôme, quelle que soit la conjoncture mondiale, la solution est toujours « moins d’état », pour ces gens-là. Sans revenir sur toutes les crises (financières, économiques, sociales, alimentaires) causées par ces vautours incompétents (Afrique, Asie du Sud Est, ex bloc communiste, etc), souvenons-nous au moins de Michel Camdessus affamant l’Argentine et de Dominique Strauss-Kahn humiliant les Grecs. Et la Lagarde ne fait pas exception à la règle, bien sûr. On n’est pas ex-ministre de l’économie de Sarkozy, l’apprenti Reagan (le Stetson en moins), sans de solides et multiples connexions neuronales néolibérales.

Alors imaginez mon étonnement lorsque j’ai lu ces mots dans la bouche de Daniela Christine:

«Il est parfois mieux, étant donné les circonstances et le fait que de nombreux pays ont mis en place les mêmes instruments de politique économique pour réduire leur déficit, de se donner un peu plus de temps»

Estimant aujourd’hui qu’il faut changer d’approche, elle rajoute même:

«Nous ne pensons pas qu’il soit raisonnable de s’arc-bouter à des objectifs nominaux.»

Ce qu’elle tente d’expliquer avec beaucoup de difficulté, liée à la honte qu’elle doit légitimement éprouver par rapport à ses positions précédentes (je parle de ses positions sur la crise économique mondiale, bien sûr), c’est que les mesures mises en place en Europe (et figées dans le marbre de l’objectif nominal à 0.5% du TSCG) risquent de nous enfermer « dans une spirale diabolique, l’austérité déprimant les comptes publics, etc ». Oh putain ! Mélenchon, sort de ce corps immédiatement !

Pour mieux visualiser ce qu’elle n’ose exprimer clairement, à savoir que les remèdes miracles du FMI n’ont jamais fonctionné, nulle part dans le monde, et ont toujours au contraire apporté récession et chômage de masse, « je vous ai préparé un petit graphique », comme dirait l’inénarrable Lenglet, le transfuge de BFMTV qui a rejoint l’équipe France 2 lors du mercato d’été, en récompense, probablement, de sa dégoulinante interview du président de la République, Sarkozy le 1er (et le dernier espérons-le), réalisée il y a quelques mois.

J’ai choisi 5 pays européens qui appliquent aveuglément depuis 2010 la médecine de cheval du FMI. Trois d’entre sont sous le coup d’un de leurs « plans d’aide » dévastateurs et n’ont donc pas d’autre choix que de suivre leurs ordres sans pouvoir broncher une oreille. Il s’agit de la Grèce bien sûr, de l’Irlande et du Portugal. Et deux pays, l’Italie et l’Espagne, qui ont voulu anticipé les injonctions des 3 petits cochons de la troika (FMI, BCE, Commission européenne), les lèche-cul de la classe Europe si vous voulez, pensant ainsi s’attirer les bonnes grâces de l’enjouée professeur Merkel et du sémillant proviseur Barroso. (source Eurostat bien entendu)

Où l’on voit nettement la crise qui éclate en 2007-2008, le PIB qui commence à remonter en 2010, et là, paf … le chien, ou plutôt, paf … le FMI, application des « mesures salvatrices » et rechute immédiate. Pour 2012, les chiffres ne sont bien évidemment pas encore connus (il reste 3 mois, gros ballots) mais les prévisions sont catastrophiques puisque tous ces pays seront sans doute en récession (au dessous de 0%). Et pour 2013, au secours …

La courbe du chômage pour compléter cette image idyllique:

Attention, tout de même. Notre bonne Daniela Christine n’abandonne pas totalement les philtres, pommades, pilules, granules, élixirs, ampoules et autres suppositoires, aussi douloureux qu’inefficaces, qui remplissent la trousse thérapeutique du bon docteur FMI. Deux jours auparavant, elle recommandait en effet, pour la France, de mener des politiques conduisant à une meilleure compétitivité (tiens, comme c’est nouveau ça!) et elle y allait de cette petite préconisation aussi sibylline qu’incompréhensible::

« Parmi les grandes économies de la zone euro, des politiques qui conduiraient à une demande intérieure plus élevée en Allemagne et à une compétitivité plus forte en France, en Italie et en Espagne seraient bénéfiques »

J’aimerais comprendre comment elle pense pouvoir augmenter la demande intérieure en Allemagne sans faire baisser leur sacro-sainte compétitivité ? Pour booster la demande intérieure, à moins de forcer les ultra-riches à rapatrier leur magot planqué dans les paradis fiscaux et de leur imposer d’acheter un millier de Porsche supplémentaires chacun, je ne vois pas vraiment d’autre moyen que d’augmenter les revenus de ceux qui dépensent ce qu’ils gagnent, c’est à dire les bas et moyens salaires, les pensions de retraite, etc. Mais ça, merde, ça augmente « le coût du travail » comme disent ceux qui ne travaillent pas, et ça réduit donc la compétitivité. De la même façon, augmenter la compétitivité en France, en Italie et en Espagne, ça veut dire baisser encore les salaires et les cotisations sociales. Peut-être même aller jusqu’à s’aligner sur la Chine, ou le Niger, pourquoi pas ! Je proposais même de remettre au goût du jour l’esclavage pour enfin obtenir un « coût du travail » nul. Pas mal, hein Madame Parisot, ça vous plairait ça, n’est-ce pas ? Mais si plus personne de peut plus rien acheter, ben alors … ça va faire baisser la demande intérieure. Hum … Pas facile, hein, Mame Lagarde ! Lisez donc le programme du Front de Gauche, vous verrez comment résoudre ce paradoxe. Allez, un indice, on est bonne poire. Le modèle de la compétitivité est une absurdité puisqu’il est basé intégralement sur l’exportation. Et pour qu’un pays puisse exporter, il faut qu’il y en ait d’autres … qui importent. Il est donc tout bonnement impossible que tout le monde soit « compétitifs » en même temps ! Ceux qui sont « compétitifs » le sont au détriment de leurs travailleurs ! Allez-vous enfin le comprendre ça, bordel de merde ! Pardon, je m’emporte.

Votre attention (vacillante, je suppose, à ce point-ci de ce billet soporifique) aura sans doute noter l’emploi des qualificatifs « douloureux » et « inefficaces » à propos des médecines du FMI. Douloureux, c’est indéniable. Mais inefficaces ? Je ne doute pas que vous placiez en moi une confiance sans borne ;-), mais permettez-moi tout de même d’étayer ces propos. Je rappelle que le but invoqué pour infliger autant de souffrances aux peuples est de réduire la dette publique. Bien, regardons donc:

Ah ben merde ! Ça continue de monter ! Ça marche pas !

Je suis mauvaise langue. Je sais pertinemment que le FMI a quelques notions d’économie. Ils ne sont pas complètements débiles, eux (par rapport aux médias qui ressassent inlassablement la grande fable du néolibéralisme et des bienfaits de la contraction de l’État tous azimuts). S’ils continuent dans leur dogme, c’est qu’il y a une bonne raison. Cela sert bien à quelque chose, ou à quelques uns, devrais-je plutôt dire. Regardez:

Bien évidemment, les intérêts ! Les intérêts que payent les états sur les dettes qu’ils contractent auprès des banques privées (au lieu d’emprunter directement auprès de la BCE comme on le préconise depuis des lustres). Ils ne cessent d’augmenter, ces intérêts. Attention, on parle pas de petites sommes, là. Pour l’Espagne, par exemple, pour un PIB en 2011 d’environ 1000 milliards d’euros, cela représente environ 25 milliards d’euros (de quoi largement combler le déficit de la Sécurité Sociale en France, par exemple). Et on ne parle que du remboursement des intérêts, là. Pas du service complet de la dette ! Le crime profite donc bien à quelqu’un, aux créanciers privés.

Le FMI est le complice de cette bande de malfaiteurs internationale, bande qui accueillera bientôt, grâce à la ratification du TSCG, un nouveau membre, tout aussi sauvage que ses bestiaux collègues, en la personne morale du MES, ce FMI made in Europe.

Et nos hommes politiques qui mettent en place le Traité de Lisbonne, le Six Pack européen, le semestre Européen ou encore le TSCG sont leurs créateurs, des Dr Frankenstein de l’économie qui devront un jour rendre compte.

Traduction des recommandations de l’Empire à la France


Comme vous devez le savoir, par exemple si vous avez lu mon billet d’hier (j’espère d’ailleurs ne pas y avoir franchi la ligne, parfois ténue, qui sépare la dénonciation de comportements antidémocratiques et l’élucubration conspirationniste), l’Empire a éructé ses recommandations spécifiques aux 27 états membres, il y a quelques jours.  Cet événement est désormais traditionnel, vous le savez, depuis l’instauration du Semestre Européen qui oblige les états européens à faire valider leur budget national par la Commission Européenne, à chaque nouveau printemps que Dieu Marché fait.  C’est la deuxième fois que cette procédure est déroulée, et je vous avais d’ailleurs rapporté les recommandations de l’Empereur Barroso pour sa première mise en œuvre, en mai 2011.

Il est très intéressant, pour ne par dire amusant, voire hilarant, de parcourir l’ensemble des recommandations faites aux autres pays.  Une  démonstration hallucinante de l’aveuglement dogmatique qui enferme cette Europe néolibérale devenue totalement démente, comme possédée par le démon du Marché.  Vous y noterez évidemment les satisfécits enthousiastes aux gouvernements les plus réactionnaires pour leurs « réformes » et leurs « efforts » vers la voie de la sortie de crise 😀 (hilarant, je vous dis !).   Le Sarkozat n’est d’ailleurs pas en reste pour ces témoignages d’approbation.  Allez-y, continuer de lire.  Vous vous rendrez compte de l’obsession de la Commission à poursuivre exactement les mêmes méthodes qui ont pourtant échoué partout, en les aggravant encore.  Tournée générale de saignées à tous !

Mais, concentrons nous sur notre propre nombril, si vous le voulez bien.  Poursuivre la lecture de « Traduction des recommandations de l’Empire à la France »