La lutte des classes pour les nuls


On se souvient tous (enfin, j’parle de ceusses et ceux qui s’intéressent juste un minimum à comment tourne notre monde) de la déclaration éloquemment (quant à l’état de délabrement intellectuel avancé dans lequel patauge notre parti « socialiste » français) franche de notre illustre (dans un rayon d’une bonne centaine de mètres autour de la rue de Solférino, au bas mot) petit ministre du Budget, j’ai nommé Jérôme Cahuzac, dans une émission TV sur France 2 au début janvier:

« La lutte des classes (…) moi je n’y ai jamais cru. »

Cette énormité a fort logiquement déclenché d’innombrables articles et réactions, sur Internet et ailleurs.  Je n’ai donc pas cru bon, à l’époque, de venir y rajouter mon obole totalement inutile.  Même l’apôtre du milieu, du consensus, de la conciliation, j’ai nommé cette fois-ci notre brave béarnais national, le président du MoDem (parti du centre, donc de droite, faut-il le rappeler aux incultes 😉 qui ne sauraient situer ce parti sur l’échiquier politique franchouillard), François Bayrou, ne pouvait faire autrement que de reconnaitre quelques jours plus tard sur France Inter:

« (…) moi, je crois que la lutte des classes, ça existe. »

Effectivement, comment nier la lutte des classes ?

Allez, une spéciale dédicace pour M. Cahuzac (sans entrer dans un exposé marxien qui ennuierait potentiellement beaucoup de monde, qui me serait probablement fatal, et qui devrait de toute manière être d’ores et déjà connu, si ce n’est maîtrisé, par le sieur Cahuzac, en bon socialiste qu’il prétend être), juste un petit exemple récent de cette lutte menée et en passe d’être remportée par la classe dirigeante (et réciproquement abandonnée et en voie d’être perdue par la classe dominée).

Deux événements qui ont eu lieu au mois de janvier.

D’une part, l’annonce des bénéfices pour 2012 de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs (la banque des maîtres du monde), bénéfices qui ont plus que doublé sur l’année et triplé pour le quatrième trimestre. Merveilleuse nouvelle (ne trouvez-vous pas ?) puisque les principaux dirigeants de la banque vont ainsi pouvoir se partager des bonus en actions représentant une centaine de millions de dollars (100 millions !  oui, z’avez bien lu 100 000 000 $ ! avec 8 zéros) pour l’année 2012, dont plus de 13 millions pour le PDG, Lloyd Blankfein (eh, on parle juste du bonus là, c’est à dire en sus du salaire, de quoi dégouter ce malheureux Carlos Ghosn de Renault).

Et en parallèle, le même mois, juste quelques jours après ces annonces, que lit-on dans le Huffington Post ?  Que cette banque de vampires, par la voix de Huw Pill, son économiste en chef (ouhouh, ça calme ça comme titre ronflant, nan ? économiste en chef, brrr, j’en ai des frissons dans tout le corps), préconise comme « solution miracle » pour redresser l’économie française … un abaissement des salaires d’un tiers:

« On estime que la France devrait réduire sa moyenne salariale d’environ un tiers. »

M. Cahuzac, voici donc résumé (car je ne doute pas que vous soyez considérablement pressé et que vous ayez quelque sale usurpateur de titre de transport métropolitain à débusquer afin d’équilibrer votre budget-hors-lutte-des-classes, c’est à dire de droite, faut-il le rappeler aux incultes 😉 qui ne sauraient pas que cette injonction à abandonner la lutte est l’apanage éternel de la classe qui mène le monde) le fond de cette histoire courante du capitalisme débridé, décomplexé, déchainé:

+ 100 millions pour quelques maitres,
– 33% pour des millions de gueux soumis.

Voilà le monde idéal pour ces parasites.  M. Cahuzac y voit sûrement un signe d’amour, de charité, d’empathie, de solidarité de la classe dirigeante envers la classe de ceux qui créent la richesse par leur travail et qui n’en profitent pas (ou de moins en moins).  Mais surtout pas un indice d’une quelconque lutte.

Ouais … moi, au contraire, j’y vois la marque d’une guerre ouverte.  Mais bon, en même temps, j’suis pas M. Cahuzac, c’est sûr.

 

La MES est dite, amen


Les français ont voté.

Ils devront maintenant « choisir » au second tour entre une politique économique dictée par les instruments européens au service de la finance inhumaine (MES, TSCG, Pacte Budgétaire, Semestre Européen, Traité de Lisbonne) et … une politique économique dictée par les instruments européens au service de la finance inhumaine (MES, TSCG, Pacte Budgétaire, Semestre Européen, Traité de Lisbonne).  Ils ont donc choisi de ne se laisser aucun choix.

Peut-être n’êtes-vous pas très nombreux à lire mes billets.  Probablement qu’une très grande majorité des français a voté sans même avoir le début du commencement de la moindre petite idée de ceux que proposaient exactement les candidats.  Sûrement que ce billet ne servira encore pour pas grand chose.  Il est pratiquement certain que je vais redonner les 2 programmes qui restent en lice pour des nèfles.  Combien de gens vont les lire?  Mais tant pis, c’est plus fort que moi, je veux toujours parier sur un sursaut d’intelligence des citoyens.  Voici donc le non-choix que nous nous sommes laissé:

 

Aujourd’hui, je m’en veux énormément.  De m’être laissé aller, encore une fois, à croire que nous serions capables, nous français, en tant que peuple adulte et responsable, d’avoir le courage d’emprunter un nouveau chemin vers une nouvelle société, une société de partage, de coopération et de solidarité.  À mon âge!  Quelle indécrottable jeune con je fais!  Bon, je me trouve une excuse (il faut bien, c’est moi quand même ;-)) dans le fait que c’était la première fois depuis des lustres que cette perspective existait réellement dans un véritable programme de gouvernement, et était proposée démocratiquement aux français.  Dommage.

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Ajout du programme de F. Bayrou au comparatif 2012


Enfin!  À 1 mois et demi de l’élection présidentielle, et le jour même de mon billet sur le foutage de gueule des candidats demandant des chèques en blanc aux citoyens, M. Bayrou a enfin sorti son programme écrit.  Il est paru en ligne le 2 mars.  Je l’ai donc analysé de la même manière que les autres.  Et croyez-moi (ou allez vérifiez, c’est mieux ;-)) je fais preuve à son égard d’un excès de bienveillance maladif en nommant ce bloubi-blouga de bonnes intentions creuses, un « programme ».

Du vent.  Et encore pas une bourrasque.  Encore moins une tornade.  Juste un doux zéphyr.  Une légère brise printanière chargée de platitudes, de riens et de pieuses intentions.

Quelques extraits pour vous montrer le niveau d’engagement, de précision, de clarté, de volontarisme et de force :-D:

« J’organiserai une négociation nationale entre partenaires sociaux dont l’État sera facilitateur, mais dont il ne sera pas décideur » Hm hm

« Je proposerai à nos partenaires européens l’organisation d’un grand sommet Union Européenne / BRICS » Négociation, proposition, merde quand est-ce qu’on a du solide?

« Il faut donc entreprendre un travail en profondeur sur l’image de marque de la France en tant que pays producteur » Bla, bla, bla

« Je proposerai que 10 % du budget européen puissent être fléchés vers des fonds liés à ces priorités » Merde encore des propositions!

« je fixe un objectif que, dans les cinq ans, l’école française entre dans les dix premiers du classement international pour la compréhension de l’écrit, le calcul, les connaissances scientifique et la lutte contre les disparités sociales » Oh putain, il fixe un objectif! Là, c’est du sérieux.

« Il faut refaire de l’école un lieu d’où la violence est exclue et où le respect est la règle entre élèves et enseignants, à l’égard des enseignants et dans la cour de récréation » Moi aussi, moi aussi, moi aussi!  Mais comment?

« Reste le problème lancinant des toutes petites retraites, des retraites à 400, 500 ou 700 euros. Le plan de rééquilibrage doit se poursuivre avec des objectifs inscrits dans la nouvelle loi-cadre que nous ferons adopter sur le principe d’une réforme des retraites et d’une réévaluation des toutes petites retraites qui sont dans notre pays quelque chose qui n’est pas acceptable durablement. »  C’est clair nan? Vous n’avez rien compris?  Franchement, vous y mettez de la mauvaise volonté!

« Pour coordonner, il faut qu’une autorité légitime mette de l’ordre dans le labyrinthe qui est celui des interventions. L’enjeu, c’est de permettre à tous ceux qui sont sortis des circuits de pouvoir prendre un départ nouveau. » Là, c’est clair! Toujours pas? merde.

« La priorité, pour moi, c’est de mieux reconnaître les réussites issues en particulier de l’immigration, de leur donner toute leur place et leur reconnaissance dans la société. »  Que c’est beau! J’en ai une larme à l’œil.

Bref, j’arrête là, je n’ai pas envie de recopier toutes ses platitudes.  Quelques mesures sont néanmoins précises.  Et devinez quoi!  Sans surprise, nous avons à faire à une pure orientation libérale dans la lignée de l’Europe de l’austérité.  Nous retrouvons par exemple:

  • l’inscription de la règle d’or dans la constitution
  • une augmentation de la TVA
  • la diminution des dépenses publiques
  • une refonte du droit du travail (contrat unique avec clause de départ négocié à l’arrivée)
  • un régime de retraite par points
  • pas d’augmentation du SMIC
  • continuité des traités européens honnis

La continuité de la soumission et de la collaboration avec l’ennemi, la finance, l’arrogance en moins.

Quoi qu’il en soit le comparatif des programmes 2012 est maintenant à jour (aux erreurs et oublis près).

Tiens, j’en profite pour vous faire part de la dernière que j’ai entendue ce matin même sur BFMTV de la bouche même de L. Fabius chez Bourdin.  Mais comme vous ne l’entendrez probablement nulle part ailleurs, voici.  Il parlait de la fumeuse tranche à 75% de Hollande.  Et bien, il semblerait que le pédalo se soit pris une nouvelle bourrasque en pleine tronche puisqu’il a encore changé de direction.  D’après Fabius, il ne s’agirait là que d’une mesure exceptionnelle, temporaire, pour cause de crise.  Rien de structurel donc.  Dormez braves spéculateurs de la City, vous n’avez rien à craindre d’un tel homme.  Il n’est vraiment pas dangereux.  Et c’est lui qui le dit.

Résistance!

 

 

Vive la 6ème république, non aux chèques en blanc


Rendez-vous compte.  À 1 mois et demi de l’élection présidentielle, 2 des candidats parmi les 4 chevaux préférés des propagandistes sondagiers n’ont même pas de programme écrit !  Et le « grand favori », donné vainqueur avec prétendument plus de 10 points d’écart au second tour selon les faiseurs d’opinions, bien qu’en ayant un (de programme), ne semble pas vouloir (ou pouvoir) s’y tenir plus que ça!

Je résume la situation :

Candidat Statut objectif du programme Mes qualificatifs sur les programmes (attention subjectivité detected ;-))
Marine Le Pen Programme écrit depuis fin 2011 nauséabond, rétrograde, droitier, libéral à l’intérieur de l’hexagone, sclérosant, replié sur soi, apeuré, xénophobe, misogyne
Nicolas Sarkozy Pas de programme écrit ? (ultra libéral pour sûr)
François  Bayrou Pas de programme écrit ? (très libéral pour sûr)
François Hollande Programme écrit avec dérives orales admises (?!) Petit bras, de gauche sur les aspects sociétaux, libéral sur les aspects économiques et sociaux, incomplet, dans la continuité, sans perspective, faible, sans volonté, soumis
Jean- Luc Mélenchon Programme écrit et disponible depuis septembre 2011 Ambitieux, fort, radical, courageux, social, socialiste, européen, internationaliste, écologique, complet, précis, chiffré, raisonnable, cohérent

Une insulte à l’intelligence des français, ne trouvez-vous pas ?

Ah, par contre, pour faire des coups avec des annonces tonitruantes (buzzifiantes devrais-je dire de nos jours) aussi inattendues qu’incongrues, alors là, y’a du monde !  Quelle avalanche de nouvelles propositions dans tous les coins depuis quelques jours !  Un véritable feu d’artifice.  On en a plein les yeux.

Prenez F. Hollande par exemple.  Il annonce sur TF1 il y a quelques jours (le 27 février 2012), au beau milieu d’une tranche incroyable de vide intersidéral nappée d’une fine couche transparente d’absence de rien, il annonce disais-je donc, une “nouvelle tranche d’impôts à 75% au delà de 1 000 000 € de revenus par an”.  Ça sort d’où ça ?  De chez nous, ça c’est sûr, mais sinon, quelle mouche bolchévique a bien pu piquer notre François? Car en tous cas, ce n’est pas dans son programme écrit.  Bon tout le monde sait bien qu’il s’agit uniquement d’une tentative de repêchage de voix à gauche après sa dernière dérive droitière à la City de Londres.  Dieu que ça peut tanguer un pédalo dans la tempête !  On sent bien l’urgence et l’impréparation de « sa bombe ».  On voit bien que la proposition nouvelle n’a été passée au filtre de la cohérence globale du programme du candidat.

Creusons un peu.

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À ceux qui s’apprêtent à voter pour Bayrou ou Hollande


À mes amis de gauche déboussolés ou timorés.

Malgré l’omerta (au mieux !) médiatique qui pèse contre le Front de Gauche, j’espère que vous n’êtes pas restés sans noter le plagiat sans vergogne de notre vocabulaire opéré par MM. Bayrou et Hollande dans leur discours de lancement respectif.  Même si j’attends avec impatience l’officialisation écrite de leur programme (les paroles s’envolent), on connait néanmoins leur adhésion pleine et entière au concept de la libéral-démocratie qui applique ses programmes de droite depuis tant d’années dans toute l’Europe.  On peut donc d’ores et déjà affirmer que cet emprunt aux idées du Front de Gauche se limitera à la surface des mots et ne correspondra bien entendu à rien de concret dans les dits programmes tant attendus.

Allez, un petit exemple de ce manque d’inspiration (de solutions ?) de M. Bayrou:

Et pour ne pas être en reste, une petite brève également pour l’autre composante de cette montagne de vent qu’est le centre droite: M. Hollande serait donc de gauche ? 

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