Quand les mots n’ont plus aucune signification, quand ils ne servent plus à désigner sans ambigüité une chose ou une idée précise, mais son exact contraire,
Quand les politiques n’ont plus aucun scrupule, quand ils n’éprouvent plus aucune honte à dire une chose et son contraire, à dire une chose et faire l’inverse, à changer en permanence de positions,
Quand les journalistes n’ont plus aucune déontologie, quand ils ne se voient plus comme quatrième pouvoir, ni même comme contre pouvoir, quand ils ne s’imposent plus de connaître les faits et de les rapporter intacts au plus grand nombre, quand ils n’ont plus le désir ou les capacités de confronter leurs interlocuteurs à leurs contradictions,
Quand les citoyens n’ont plus aucune culture, quand ils ne se sentent plus le devoir de rester informés de leur histoire, de l’Histoire et de l’offre politique qui leur est proposée, quand ils ne respectent plus la condition fondamentale de la démocratie:
« quelque faible influence que puisse avoir ma voix dans les affaires publiques, le droit d’y voter suffit pour m’imposer le devoir de m’en instruire », Jean-Jacques Rousseau dès l’introduction Du Contrat Social
Quand les êtres humains n’ont plus aucune empathie, quand ils acceptent, sans même que cela leurs paraisse insoutenable, l’idée que l’on puisse dénier à d’autres être humains le droit à être soignés, le droit à être éduqués, le droit à rester en famille, le droit à se loger convenablement, le droit à éprouver plus de difficultés que d’autres sans pour autant devoir être condamnés à l’opprobre, l’abandon et l’oubli, le droit à essayer d’être heureux
Alors …
Alors tous les ingrédients sont réunis pour que soit parfaitement scénarisée, que soit quotidiennement jouée et que soit goulument dévorée l’affligeante parodie de démocratie qui nous est proposée aujourd’hui. La scène est grandiose et les marionnettistes bien cachés au sommet des cintres financiarisés. Le spectacle qui nous est offert met en émoi le tout-France. Les spectateurs-zappeurs-voteurs de se passionner pour ce vaudeville grandiloquent, ce jeu de rôle dans lequel seuls ont survécus Sarkopen, le Nain halluciné, et Hollandreou, le Mage déboussolé.
Tout le monde comprendra qu’il est fondamental pour les marionnettistes que nous continuions de croire que nous sommes en démocratie, que nous sommes donc maîtres de nos destins, que nous avons le choix entre une politique économique libérale de droite et une autre politique économique qui serait de gauche, que nous pouvons donc changer d’orientation, qu’une réelle alternative nous est proposée. Que d’efforts déployés pour nous présenter cette farce de manière crédible. Un exemple ? Tiens, écoutons le Nain halluciné sur RTL, la radio des beaufs réactionnaires, hier matin:
Ce qu’assène péremptoirement, et à plusieurs reprises, M. Sarkozy dans cette interview est inexact. Malheureusement! Devrais-je ajouter en véritable homme de gauche. Mais c’est totalement faux. M. Hollande ne propose absolument pas dans son programme « d’embaucher soixante et un mille fonctionnaires ». Non, il ne propose pas « de créer 60 000 emplois de fonctionnaires »! C’est faux! Pourquoi suis-je donc le seul à réagir, à m’indigner que l’on puisse ainsi mentir ouvertement? Et un président de la République en plus!