Deux petites choses sur l’élection de Trump aux USA

Oui, juste 2 toutes petites remarques qui me sont venues à l’esprit ce matin, quand, le bol de café dans la main gauche, je zappais de la main droite restée libre (à moins que ce ne soit l’inverse) entre les diverses chaines du CAC 40 nous annonçant la surprise US du jour, l’élection « contre toute attente » du décérébré Trump.

Tout d’abord, et le plus important à mes yeux, c’est que cet événement démontre qu’il est encore possible de gagner des élections contre les faiseurs d’opinion, médias et instituts de sondage.  Et franchement, je (re)commençais à en douter (j’avais oublié peu à peu le référendum de 2005).  C’est une leçon très importante à tirer dans la perspective de l’autre élection présidentielle, celle qui nous intéresse (car franchement, l’élection US n’a aucune espèce d’importance et ne changera rien à … rien), la notre, qui arrive à grands pas.  Il est donc possible de convaincre largement, au sein même du peuple.  Alors, au travail !

La deuxième chose, plus légère, c’est qu’il est donc officiellement permis, à partir d’aujourd’hui, de dire du mal des US sans passer pour un infâme rouge victime d’anti-américanisme primaire.  Voulant à tout pris charger la mule Trump, les médias du CAC 40, et les lessivés du cerveau qui les écoutent, vont se mettre (et ont déjà commencé) à l’America-bashing.  Et ça, c’est cool.  Bien sûr, ce faisant, ils ne se rendront pas compte (ou, pour ceux qui en seront conscients, ils tenteront de nous cacher) que, dans le fond, la politique de Trump sera exactement la même que celle de tous ces prédécesseurs et que la merde qu’ils vont décrire est à imputer autant à Trump qu’à tous ses misérables devanciers, puisque seul le seul vrai maitre du jeu, le parti de l’argent, reste inchangé dans les coulisses, même si ses larbins changent sur la scène illuminée.  Mais ne boudons pas notre plaisir et attendons avec impatience les futures analyses (enfin) honnêtes sur l’état de décomposition avancée de la société étasunienne, sur sa population aussi inculte qu’arrogante et sur ses gouvernants aussi impérialistes que soumis au capital.

Et commençons tout de suite avec cette rediffusion (pour ceux qui ne connaissent pas Pierre-Emmanuel Barré, attention, oreilles chastes s’abstenir) :

Birdie Sanders : le sage et l’oiseau

La campagne présidentielle de Bernie Sanders a reçu hier une inattendue (et très petite) contribution à sa campagne électorale alors qu’il prononçait, devant des milliers de personnes rassemblées au Centre Moda à Portland, Oregon, un discours sur l’éducation et le poids écrasant de la dette étudiante aux USA :

Malheureusement, je ne crois pas, ni aux religions, ni aux superstitions, ni aux signes, ni au destin …  et donc Hilary la guerrière l’emportera pour notre plus grand malheur.

Juste un petit moment de poésie dans une campagne de brutes.

Russophobie manipulatrice ou la crise Ukrainienne vue par M. Chevènement

Même si je n’en partage pas complètement toutes les analyses, je me permets de reprendre de larges extraits de ce texte de Jean-Pierre Chevènement paru dans le Monde Diplo de Juin 2015 (et réservé en principe aux abonnés, dont je suis) afin que chacun, et en particulier mes amis proches qui, pour la plupart, sont persuadés que je dors avec un portrait de Poutine au dessus de mon lit, afin que chacun, disais-je donc, puisse voir ce qu’est une réflexion lucide, pondérée, indépendante, cultivée, intelligente et, pour tout dire, à mille lieues du manichéisme ambiant qui règne dès qu’on évoque, par ces temps troublés, le mot de Russie ou pire, le nom de Poutine (vade retro !).

Vue la publicité que je leur fais en permanence sur ce blog, j’espère que le Diplo ne m’en voudra pas trop et qu’ils ne me poursuivront pas pour avoir mis en libre accès des pans importants d’un contenu normalement payant.  D’ailleurs, j’en profite pour en remettre une p’tite couche (on sait jamais 😉 ) : hé, mes amis, si vous en avez les moyens, abonnez-vous au Diplo, et voyez le monde autrement qu’au travers les verres déformants du LibéFigarObsMonde.

Crise ukrainienne, une épreuve de vérité

par Jean-Pierre Chevènement, juin 2015

(…) l’Ukraine n’avait été indépendante que trois ans dans son histoire, de 1917 à 1920, à la faveur de l’effondrement des armées tsaristes.

L’Ukraine telle qu’elle est née en décembre 1991 est un État composite. Les régions occidentales ont fait partie de la Pologne entre les deux guerres mondiales. Les régions orientales sont peuplées de russophones orthodoxes. Les côtes de la mer Noire étaient jadis ottomanes. La Crimée n’a jamais été ukrainienne avant une décision de rattachement imposée sans consultation par Nikita Khrouchtchev en 1954. La tradition de l’État est récente : moins d’un quart de siècle. Les privatisations des années 1990 ont fait surgir une classe d’oligarques qui dominent l’État plus que l’État ne les domine. La situation économique est très dégradée ; l’endettement, considérable. L’avenir de l’Ukraine — adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) ou neutralité — est ainsi inséparable de la reconfiguration des rapports de forces à l’échelle européenne et mondiale. En 1997, M. Zbigniew Brzezinski écrivait déjà que le seul moyen d’empêcher la Russie de redevenir une grande puissance était de soustraire l’Ukraine à son influence (1).

Un dérapage accidentel

Le rappel des faits est essentiel pour qui veut comprendre. La crise ukrainienne actuelle était prévisible depuis la « révolution orange » (2004) et la première tentative de faire adhérer le pays à l’OTAN (2008). Cette crise était évitable pour peu que l’Union européenne, au moment du lancement du partenariat oriental (2009), eût cadré la négociation d’un accord d’association avec l’Ukraine, de façon à le rendre compatible avec l’objectif du partenariat stratégique Union européenne-Russie de 2003 : créer un espace de libre circulation « de Lisbonne à Vladivostok ».

Il eût fallu, bien entendu, tenir compte de l’intrication des économies ukrainienne et russe. L’Union eût ainsi évité de se laisser instrumentaliser par les tenants d’une extension de l’OTAN toujours plus à l’est. Poursuivre la lecture de « Russophobie manipulatrice ou la crise Ukrainienne vue par M. Chevènement »

La guerre aux côtés de nos amis les nazis !

La marche annuelle en commémoration des soldats de la légion lettone de la Waffen SS s’est déroulée hier, froidement, à Riga, en plein centre de la capitale de la Lettonie.  Ça s’appelle le Latvian Legion Day (le Jour de la Légion Lettone) et ça a lieu imperturbablement tous les 16 mars, sous l’œil bienveillant de l’Union Européenne, vous savez le truc qui défend la paix, les valeurs d’humanisme, de lutte contre l’extrémisme et le racisme, le béhachellisme (BHLisme) et bla bla bla :

Après une rapide recherche, il semblerait que seuls Euronews et le Figaro en aient parlé … un peu … juste quelques mots, mais bon, c’est déjà pas si mal par ces temps d’anesthésie pré-guerrière.

Pourtant, c’est pas rien, quand même, nan ?

Réfléchissons.

Des partisans et des anciens membres d’une escouade de Waffen SS défilent dans une capitale européenne, mieux, dans la capitale européenne dont le pays, la Lettonie, assure la présidence tournante de l’Union Européenne depuis le 1er janvier 2015 ; ils défilent en l’honneur de nazis qui ont perdu la vie en combattant du côté allemand pendant la Seconde Guerre mondiale.

Nan ?  Ça choque personne ?  Parmi les dirigeants du « monde libre » ?  Fabius ?  Valls ?  Hollande ?  Merkel ?  Obama ?  Kerry ?  Juncker ?  Schulz ?  Allo, y’a quelqu’un ?  Alors peut-être chez nos éditocrates de la liberté d’expression charliesque ?  Barbier ?  Apathie ?  Cohen ?  Elkabbach ?  Mendras ?  Quatremer ?  Quint ?  Rien.  Bon alors, attendez, peut-être la chemise blanche de BHL ?   Faut croire que ce sont des gens biens finalement, ces légionnaires nazis lettons, puisqu’aucun des braves gens de l’axe du Bien (par opposition à l’axe du Mal composé comme on le sait maintenant des musulmans et des russes, faudrait commencer un peu à connaitre votre géopolitique black&white maintenant les gars!) ne semble y trouver à redire.

Ah si, finalement, heureusement, Poursuivre la lecture de « La guerre aux côtés de nos amis les nazis ! »