J’ai beaucoup hésité à prendre le clavier. La campagne a été longue, soutenue, tendue et franchement, je ne vous en voudrais pas si, vous laissant aller à une saine envie de déconnexion, vous décidiez de ne pas lire ce billet. Moi-même, en cet instant où je m’élance à taper ses premiers mots, je sais que je vais avoir au moins autant de mal à l’écrire que vous à le lire. D’ailleurs, peu importe que vous le lisez ou pas car de toute manière, vous savez déjà ce qu’il y a dedans et vous n’y apprendrez donc probablement rien de nouveau. Alors pourquoi se faire chier, me demanderez-vous grivoisement ?
Il ne s’agit pas, bien sûr, de vainement tenter de retourner à la dernière minute ceux qui ont déjà fermement arrêté leur intention de vote. Il est temps d’admettre qu’on ne peut plus grand chose pour tous ceux qui ont décidé de voter pour un des « candidats réalistes », Macron, Fillon, Le Pen ou je ne sais quel autre Hamon, et si, à Dieu ne plaise, leur volonté devait finalement l’emporter le 7 mai, soyez assurés que je n’aurai alors de cesse que cette volonté glacée s’applique le plus rapidement et le plus complètement à leurs enfants et petits-enfants (qui sauront apprécier, j’en suis sûr, la vie qu’on leur aura ainsi façonnée).
Non, si j’écris ce billet, c’est tout benoitement pour mes archives personnelles, pour conserver une trace de l’argumentaire qui a guidé mon choix dans ce moment (probablement) historique. Par manque total d’humilité, je n’arrive cependant pas à complètement renoncer au fol espoir que cela puisse en outre consolider quelques conversions de vote que j’ai personnellement engrangées (dont certaines pour lesquelles je ne suis pas peu fier, je pense à ma mère par exemple) ou même, soyons totalement immodeste, que ce petit mot puisse finalement convertir quelques indécis ou abstentionnistes (je pense à mon ami Syd par exemple).
Donc, dimanche, comme il y a 5 ans, je me rendrai dans l’isoloir avec enthousiasme. Je voterai, oh surprise !, pour Jean-Luc Mélenchon et pour le programme de la France Insoumise, l’Avenir en commun.
Il existe des milliers de liens sur Internet qui vous détaillent les bonnes raisons de voter Jean-Luc Mélenchon, et je ne vais donc pas me lancer tête baissée dans un inventaire à la Prévert de Mes bonnes raisons à moi perso :
Si je devais n’en retenir et ne vous en présenter qu’un seul, je pense que j’opterai pour l’argumentaire émérite présenté dans cette revue des études de 20 ONG non-partisanes (et pas des moindres, genre Oxfam, Amnesty International ou Greenpeace), qui, après comparatif détaillé des programmes de chacun des (5 principaux) candidats sur les questions cruciales de notre époque (pour que les êtres humains vivent dans la dignité et puissent subvenir à leurs besoins vitaux, que l’environnement et les écosystèmes soient préservés, que nos libertés et nos droits ne soient pas bafoués, et que certains statuts sociaux ne soient pas dénigrés), concluent de manière unanime à la nette supériorité du programme l’Avenir en commun sur tous ses adversaires.
Pour être plus clair, dans chacun des domaines ci-après, ces ONG ont classé le programme de Jean-Luc Mélenchon en première position, surclassant nettement tous les autres :
- écologie
- justice climatique
- alimentation
- lutte contre la pauvreté et les inégalités
- place de la solidarité
- partage des richesses
- souveraineté alimentaire
- respect des droits humains
- liberté d’expression
- aspects humains
- sécurité
- justice
- égalité homme-femme
- éthique et animaux
- culture
- agissements des industries du médicament
- insécurité routière et l’usage de l’alcool et du tabac
- chiffrage du programme
Il parait évident que cela devrait suffire à emporter le vote de n’importe quel citoyen soucieux du bien commun. Mais force est de constater que tel n’est pas le cas puisque d’aucuns hésitent encore. Alors, j’ajoute cette très courte vidéo des p’tits jeunes de Osons Causer qui a le mérite de remarquablement synthétiser ce que moi aussi je considère comme les 3 forces majeures du programme l’Avenir en commun, savoir, la putain d’urgence écologique (comme ils disent), la stratégie de refonte de l’Union Européenne et la convocation de la Constituante pour une 6ème République.
Mais cette petite vidéo présente un second intérêt : elle aborde de manière ma foi fort bien construite l’argument fondamental adressé aux déçus de la politique, aux dégoutés, aux réfractaires, à tous ceux qui ne veulent pas ou plus voter. Syd, écoute-les.
Oui, l’élection présidentielle est un pari, c’est exact. Doit-on faire confiance à Mélenchon et ne sera-t-il pas tenté, une fois élu, d’oublier toutes ses promesses et de se la couler douce ? Qui peut le dire ? Moi-même, qui, au vu de son parcours politique rectiligne, lui fait pourtant d’ordinaire assez confiance, ne mettrais certainement, je vous le dis clairement, aucune partie de mon corps (si parfait 😀 ) à couper sur le fait qu’il tiendra ses engagements ! Mais, en ces temps que tout le monde s’accorde à sentir comme historiques, le pari n’en vaut-il pas le coup ? Que risque-t-on à donner sa chance au seul programme qui puisse ré-illumniner le chemin de l’humanité ? Quitte à ce que nous le suivions à la culotte une fois élu pour que Notre programme soit appliqué à la lettre.
Ceci est d’ailleurs exactement l’argument que développe brillamment Frédéric Lordon (après une première partie non moins brillante consacrée à l’analyse « du système, de son antisystème préféré qu’est le FN et de cette calamité de la différence indésirable que représente la candidature Mélenchon ») dans son dernier billet, « Les fenêtres de l’histoire », daté du 19 avril 2017, et qui se conclut par ses mots :
« L’histoire se montre parcimonieuse quand il s’agit d’ouvrir quelques fenêtres aux dominés. Mais il lui arrive de le faire, même si c’est sur le seul mode de l’entrebâillement. Sans doute les luttes sociales n’ont-elles pas à attendre que les fenêtres s’ouvrent toutes seules, et il leur arrive de les forcer elles-mêmes — 1968, 1995… Mais elles ne se portent pas plus mal quand quelqu’un vient leur tirer le loquet. La moindre des choses c’est de ne pas dormir à ce moment-là et, bien réveillé, de donner de l’épaule comme il faut, pour qu’enfin on respire. »
L’Avenir en commun est probablement l’une de ces rares fenêtres de l’histoire qu’il ne tient qu’à nous d’entrebâiller ce dimanche 23 avril puis le dimanche 7 mai 2017. Je promets solennellement d’aider alors à donner le coup d’épaule décisif, dans la rue ou ailleurs, pour faire entendre raison à Mélenchon s’il en était besoin et « pour qu’enfin on respire ».
Franchement, n’est-il pas temps d’exercer la possibilité ? Voilà la seule question.