De Grèce, un vent du sud contre la résignation

Une nouvelle semaine s’achève.  Une semaine qui a vu notre petit monde tourbillonner nonchalamment à ses bien belles occupations machinales.

Les fusionnelles foules de la bienpensance charlienne s’en sont retournées chez elles, remisant au fin fond du grenier de leur apathie engagée leur habit du dimanche (de marche) en pure « union nationale » 100% made in France.

Les experts des médias ont continué de nous régaler, jusqu’au bout des nuits, de leurs inestimables péroraisons sur la liberté de la presse, les mesures qu’il serait urgent de prendre pour lutter contre la radicalisation des islamistes de France, que ce soit en prison, sur internet ou à la maternelle, et les restrictions de nos libertés individuelles qu’il serait urbain d’accepter (dans le cadre de notre si chère servitude volontaire) afin de mieux garantir notre sécurité tant menacée (car nous sommes en guerre Mame Lucette ! z’étiez pas au courant !  allez donc acheter des pâtes et du sucre ! vite ! et n’oubliez pas les piles pour votre transistor !).

Les 85 personnes les plus riches du monde sont officiellement devenues aussi riches que 50% de l’humanité, soient 3,5 milliards de personnes, et se sont déclarées tout à fait enthousiastes à l’idée d’aller chercher la richesse des 3,5 milliards restants (ah, que c’est beau cet esprit d’entreprise !).  Leurs missionnaires et serviteurs zélés se sont d’ailleurs immédiatement attelés à la tâche en se réunissant comme chaque année à Davos pour discuter, confronter et affiner leurs stratégies dans la lutte des classes qu’ils sont seuls à mener.

La réécriture de l’Histoire s’est accélérée puisque l’on a appris de source sûre (Porochenko, tout de même, c’est du sûr ça, nan? la preuve c’est qu’il était à quelques pas de Hollande le 11 janvier à Paris et qu’il se pavane à Davos en ce moment même, nananère) que, outre le fait d’avoir envahi l’Ukraine, la Russie est maintenant officiellement responsable (par un tour de passe-passe dont seuls nos médias délavés et nos gouvernants dépravés ont le secret) de la mort des milliers de civils du Dombass pourtant pilonnés sans relâche par l’artillerie de l’armée Ukrainienne, armée dirigée par des nazis et soutenue par l’Otanusue, Le Monde et Arte (liste non exhaustive).  On a également appris que la Russie avait honteusement envahi la paisible Allemagne pendant la seconde guerre mondiale et que l’armée rouge n’était pour rien dans la libération du camp de concentration d’Auschwitz puisque ce sont en fait les ukrainiens de Bandera le nazi qui en serait le héros.

Rien que de très normal donc.

Ah oui, la semaine a également été marquée, c’est vrai, par la mort du roi Abdullah ben Abdulaziz d’Arabie Saoudite.  Nouvelle tragique s’il en est (un peu du niveau de l’annonce de la mort de De Margerie) qui sera heureusement rapidement adoucie par la procession larmoyante des dignitaires du « monde occidental » (un peu la même que la procession du 11 janvier à Paris) venus rendre à Riyad un dernier hommage bitumeux à l’abondante richesse et la considérable influence géopolitique de ce phare de l’humanité.

Pour nous rendre compte de l’importance de l’événement, examinons la réaction officielle du chef du régime étasunien à l’annonce de cette tragédie (il est inutile de s’intéresser aux autres réactions, celles des serviteurs, des sous-fifres, genre Cameron ou Hollande, puisque leur maitre a montré la voie):

Je grossis :

C’est avec un profond respect que j’exprime mes condoléances personnelles et les sympathies du peuple américain à la famille du roi Abdullah bin Abdulaziz et au peuple d’Arabie saoudite.

(…)

Pendant que nos pays travaillaient ensemble pour faire face à de nombreux défis, j’ai toujours accordé beaucoup de valeur au point de vue du roi Abdallah et apprécié notre authentique et chaleureuse amitié.  (…)

Que Dieu lui accorde la paix.

Respect, condoléances, sympathie, valeur, apprécié, authentique, chaleureuse, amitié, paix …. Arrêtez, n’en jetez plus !  C’est qui qu’est mort ?  C’est sœur Thérésa ?

Tiens, comparons par exemple à l’annonce officielle du patron de la maison blanche quand un autre dirigeant à pétrole est mort :

Il s’agissait bien sûr de la mort du président du Venezuela Hugo Chávez.  Un seul petit paragraphe, écrit au nom du peuple étasunien et non pas en son nom propre, adressé au peuple vénézuélien pour leur demander de commencer un nouveau chapitre de leur histoire (en gros, arrêtez de déconner et votez comme il faut maintenant).  Voilà, je vous le traduis intégralement si vous voulez :

En cette période difficile du décès du président Hugo Chavez, les États-Unis réaffirment leur soutien au peuple vénézuélien et leur intérêt à développer une relation constructive avec le gouvernement vénézuélien. Alors que le Venezuela commence un nouveau chapitre de son histoire, les Etats-Unis restent attachés à des politiques qui promeuvent les principes démocratiques, l’État de droit et le respect des droits de l’homme.

Obama qui invoque les droits de l’homme.  On croit rêver.  Mais, ok, entrons dans ce petit jeu pour une seconde, avec quelques petits rappels, aussi déontologiquement essentiels que politiquement inutiles puisque, chez ces gens-là, monsieur, on n’écoute pas, on sait, on n’apprend pas, on montre.   Donc, pour le criminel Obama tout autant que pour ses affidés pleurnichant en Arabie.  Et pour mon pote Vincent aussi (s’il me lit 😉 ).  Deux ou trois p’tits trucs.  Chávez a été élu, quatre fois d’ailleurs, et Abdullah … ne l’a jamais été.  Chávez s’est soumis à un référendum révocatoire (qu’il a remporté).  Abdullah … non rien.  Chávez a utilisé les ressources pétrolières de son pays pour tenter d’améliorer la vie de ses concitoyens, réduisant drastiquement la pauvreté et augmentant considérablement son niveau d’éducation et de santé … alors que Abdullah a utilisé sa rente pétrolière pour enrichir les oligarques saoudiens et les élites occidentales.  Le Venezuela est une république démocratique (dont les procédures de scrutin sont considérées par beaucoup comme parmi les meilleures et les plus sures au monde) dont la constitution a été rédigée par une assemblée Constituante et acceptée par référendum par le peuple à plus de 70% en 1999 alors que l’Arabie Saoudite est une monarchie théocratique dont les violations des droits humains et le militarisme feraient presque passer Kim Jong-un pour Gandhi.

L’un était indépendant, l’autre un allié des maitres.

Mais cette semaine s’achève bien sûr sur un espoir immense, un espoir grec nommé Syriza.  Demain nous dira si l’Europe va enfin pouvoir emprunter le chemin tracé par nos frères d’Amérique du Sud.  Un chemin difficile, semé d’embuches, incertain.  Car le Capital veille, ne lâche rien, n’abandonne jamais la lutte, lui.

Mais au bout du chemin, Obama nous souhaitera peut-être de rôtir en enfer !  Quelle fierté, ce serait !

 

6 Replies to “De Grèce, un vent du sud contre la résignation”

  1. @Aurélie
    Pouchounette (pour ceux qui ne savent pas, une très grande majorité d’entre vous je suppose, mon p’tit chat s’appelle … Syriza, j’déconne, pas, et est surnommée par ses intimes Pouchounette), ouais, donc je disais, Aurélie, c’est Pouchounette Premier Ministre qu’il faut dire ! Biz.

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  2. Souhaitons à Syriza une majorité absolue afin qu’ils puissent sans tarder appliquer leur programme, et ouvrir la voie dans toute l’Europe. Quant à l’infecte Porochenko, son armée de bras cassés appuyée par les étazuniens et les nazis est en train de se prendre une branlée en réplique à sa nouvelle offensive exterminatrice. Manque plus que le QE de Draghi fasse exploser la zone euro, ça fera bien rire les sans dents !

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