Comme je le disais, le pilonnage a bien lieu. Il s’intensifie même. Façon Dresde, écrivais-je alors. Ça ressemble plutôt au bombardement de Tokyo. Je suis donc bien obligé d’y revenir, moi aussi. C’est mon pilonnage personnel, si vous voulez. Mais, je vais faire cours. Promis. Je vais tenter des frappes chirurgicales.
Ça doit rentrer dans votre cerveau, coûte que coûte, ok! François Hollande est en train de réorienter la politique de l’Europe pour « sortir du tout austérité »! Il est déterminé. Brrrr. Ça fait froid dans le dos. Rien ne pourra le détourner de l’objectif qu’il s’est fixé. Renégocier le pacte budgétaire (c’est le petit nom tout mignon du TSCG) et imposer son « volet complémentaire pour la croissance ». Et Blanche Merkel et les 27 nains européens devront s’y faire. Ce que François veut, François l’a, Angela! Compris! Sinon? Eh ben, sinon, la France ne le ratifiera pas, après les élections législatives comme c’est actuellement prévu. Et pis c’est tout. 😀
Pour ceux qui vivent sur la planète des Barbapapas, je rappelle juste deux ou trois trucs factuels sur ce ‘pacte budgétaire » en fin de billet.
À mon tour de pilonner. 😉
Ça doit rentrer dans votre cerveau, coûte que coûte, ok! François Hollande ne compte pas, et ne souhaite pas, renégocier le volet « rigueur budgétaire » du traité. Il est déterminé à réduire les dépenses publiques. Il ne veut pas augmenter les fonctionnaires (ni leur nombre, ni leur salaire). Il souhaite attribuer automatiquement la moitié des nouvelles recettes fiscales éventuelles au remboursement de la dette. Il ne veut pas renégocier la règle d’or. Ni l’équilibre budgétaire rigoureux imposé par la Commission Européenne. Il a accepté la limitation du déficit structurel à 0,5% du PIB, ainsi que les sanctions automatiques de 0.2% du PIB qui vont avec. Enfin, il est totalement partie prenante de plus de flexibilité du marché du travail passant par des « réformes » structurelles du code du travail, et en particulier du contrat de travail CDI. En d’autres termes, il est totalement d’accord avec ce que contient actuellement le TSCG. Je sais qu’aucun journaliste n’en parle. Mais c’est bien la réalité! Tout ceci est dans son programme. C’est écrit! Compris!
Soyons clair. La renégociation « courageuse » de Hollande ne concerne que l’ajout au traité d’un « volet croissance », comme il l’appelle. Encore une fois, ce que tout le monde, depuis, bien sûr, nos chers socialistes hypocrites, jusqu’à nos indéboulonnables journalistes et experts fainéants, nous présente comme une avancée, une ré-orientation, voire une remise à plat de l’Europe néolibérale, est constitué de … 4 malheureuses mesures dérisoires pour tenter de créer des emplois en Europe. 4 mesures dont je vous ai déjà parlé dans « Hollande in Euroland, le pacte faustien » et synthétisées dans un mémorandum: la création d’Eurobonds, un refinancement de la Banque européenne d’investissement (BEI), la mise en place de la taxe sur les transactions financières (TTF) avec tous les pays qui le souhaitent et la mobilisation de fonds structurels. Et voilà! Voilà le « volet croissance » de Hollande. Voilà ce qui devrait changer la face de l’Europe et le sort des travailleurs européens!
Mais qu’est-ce qu’il est bien joué ce film! Tous les acteurs sont extraordinaires. Politiques, journalistes, experts, people. Tous nominables aux Oscars à mon avis. Dommage que le scénario soit connu d’avance.
Tiens, on peut même d’ores et déjà raconter la suite du film. Merkel ne veut rien entendre. Hollande explique. Merkel tape du poing sur la table. Hollande murmure à l’oreille des libéraux européens. La confrontation tant attendue a enfin lieu. Ils se rencontrent, peut-être lors d’un quelconque sommet Européen pour sauver le monde. Vous savez un de ces sommets comme on en a tant connus sous l’ère Sarkozy. Le suspens est à son comble. 2 354 photographes sont accrédités pour couvrir la sortie de la salle de réunion de l’Hôtel Liberax. Les nouveaux piliers du couple Franco-Allemand sortent enfin, après 5 interminables heures d’âpres négociations, apprendra-t-on de source bien informée. Il s’embrassent enfin, là, sur le pas de la porte, au sortir de la salle. 2 354 magnifiques photos immortalisent cet instant historique (encore un, putain!). L’émotion s’empare de la salle, et des rédactions de presse, et des foyers de tous les bons européens qui suivent l’événement sur la boîte de désinformation du salon. La baronne Ashton s’évanouit. Un accord a été trouvé in extremis. Mon dieu que c’est beau une démocratie, la nuit! Le jour, aussi. Qu’ils sont forts ces hommes et femmes d’État! Puis, Hollande et Merkel se séparent, doucement, lentement, avec délice et volupté. Ils sourient. Leurs mains se lâchent enfin. Merkel s’engouffre dans sa Mercedes noire qui démarre en trombe. Sur la banquette arrière de la berline aux vitres teinées l’attendent Barroso et Juncker, le sourire aux lèvres, une coupe de champpagne dans la main droite. Ils trinquent. Hollande, lui, s’attarde un peu. On lui a accordé le droit de faire un peu le paon. Il fait la roue. Il accorde une interview à la horde de journalistes impatients, surexcités, impressionnés. L’homme de gôche qui a fait craqué la femme de droite. Il prend son temps. Il savoure. Les flashs crépitent. Il se lance. « Je … euh … je suis heureux … sommes finalement tombés d’accord sur un … heu … accord … ».
L’accord prévoit … un re-financement de la BEI à hauteur de 120 milliards d’euros (il est autour de 80 actuellement) et une ré-affirmation, pour la 5 ème fois en 4 ans, de la nécessité de mettre en œuvre rapidement la taxe financière.
Ah oui, j’oubliais, il prévoit également la suppression du CDI en France pour le remplacer le CDJ, un nouveau contrat très « compétitif » qui devrait relancer complètement l’emploi dans l’hexagone, le CDJ, le Contrat Du Journalier.
Vous l’aurez compris, j’espère ;-), à mon avis, il ne faut pas fonder énormément d’espoir dans cette « renégociation ». Ce n’est pas d’une renégociation dont ce traité a besoin, nom de nom. Mais d’une disparition pure et simple, un ensevelissement, une désintégration, un éparpillement « Aux quat’ coins d’Paris qu’on va l’retrouver, par petits bouts, façon Puzzle ».
En revanche, pour coller à mon scénario « En mai, fais ce qu’il te plait … la révolution citoyenne européenne« , j’espère toujours beaucoup des Irlandais pour dénoncer, après les Grecs dimanche dernier, cette Europe déviante. Ils se prononcent en effet le 31 mai prochain (voir compte à rebours ci-contre) par référendum sur ce traité. Voilà une bonne opportunité de le « renégocier » façon puzzle, nan?
À mon avis, c’est notre meilleur atout.
Allez les Irlandais, résistance!
Bref rappels sur le TSCG
Le Traité sur la Surveillance, la Coordination et la Gouvernance budgétaire et monétaire, TSCG, ou « pacte budgétaire » pour faire court, établi sous sa forme définitive lors du Conseil informel du 30 janvier 2012, a été signé par les chefs d’Etat lors du Sommet du 2 mars 2012. Il impose, entre autre, la fameuse « règle d’or » qui impose un équilibre budgétaire rigoureux et la limitation du déficit structurel à 0,5% du PIB, ainsi que des sanctions automatiques de 0.2% du PIB. Il s’agit donc d’un abandon sans précédent de la souveraineté des États. L’ensemble des dispositions du traité devront être transcrites dans les législations nationales, dans un délai d’un an suivant l’entrée en vigueur du Traité (prévue d’ici au 1er janvier 2013), sous forme de dispositions contraignantes et permanentes, de préférence constitutionnelles.
Le traité doit être soumis à ratification en France immédiatement après les élections législatives. A la différence du traité sur le MES, le TSCG nécessitera, pour être ratifié, la convocation du Congrès (la réunion des députés et des sénateurs à Versailles) ou l’organisation d’un référendum, car il modifie la Constitution. Ensuite, et contrairement aux autres traités européens qui nécessitaient pour entrer en vigueur la ratification de tous les pays membres de l’UE ou de la zone euro, le TSCG bénéficiera de conditions « curieusement » dérogatoires : le traité pourra commencer à entrer en vigueur même si tous les pays signataires ne le ratifient pas immédiatement. Un seuil minimum de 12 pays sur les 25 signataires a été fixé.
A ce jour, seulement 3 pays ont ratifié le pacte : la Grèce, le Portugal et la Slovénie.
Ils n’ont aucune solution aux problèmes des gens, ils paradent tout en encaissant, les médias relaient… What else ?
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