Petite revue de presse sur l’anti-modèle allemand


Ce billet est à l’attention toute particulière de mon ami Lio, suite à notre discussion enflammée d’hier soir, mais bien entendu, tout le monde est libre de s’y intéresser.  Il regroupe un certain nombre de liens vers des articles de presse (que j’ai choisis volontairement pour la plupart dans la presse de droite), démystifiant totalement le modèle allemand, chiffres à l’appui.

Laissez-moi juste commencer par ce tableau construit sur Eurostat qui résume assez bien ce qu’est le « modèle allemand »:

Pour ceux qui ne voient pas bien, voici ce que dit le tableau: entre 2001 et 2009, l’espérance de vie en bonne santé a diminué en Allemagne, de 64.6 ans à 57.7 ans pour les femmes et de 63.2 ans à 56.7 ans pour les hommes.  Je pense que ce recul historique (en temps de paix) devrait suffire à définitivement disqualifier le prétendu « modèle allemand ».

Mais rentrons dans le détail des chiffres pour mon ami Lio.

Commençons par un article de novembre 2011 du Figaro, organe bolchévique bien connu: « L’Allemagne, un modèle imparfait » qui aborde plusieurs points et qui est à lire absolument.  Extraits choisis:

« La croissance de l’Allemagne ne peut venir que des exportations, dont 60% vont vers les autres pays européens. Une crise économique durable des partenaires économiques conduirait à une situation très difficile en Allemagne

L’État ne finance que la retraite des plus pauvres. Les Allemands vieillissants sont encouragés à épargner pour les aider lorsqu’ils seront dépendants.

La dette allemande est la plus élevée de tous les pays européens. Avec 1700 milliards d’euros, elle représentait 83,2% du PIB début 2011, plus que les 60% autorisés par le traité de Maastricht.

Les apprentis constituent une catégorie d’employés sous-payée : une apprentie coiffeuse gagne moins de 300 euros par mois. Le salaire moyen d’un apprenti allemand est de 600 euros par mois.

Le chômage allemand a baissé en Allemagne, revenant de 9,5% en 2005 à 6,5%. Si la croissance a aidé à la création d’emploi, ce taux de chômage cache aussi un système qui a recours au travail à temps partiel et aux «mini-jobs».

L’absence de salaires minimum dans le secteur des services permet aux employeurs de payer les travailleurs moins de 5 euros de l’heure

Selon l’institut du travail de Duisbourg, l’Allemagne compte 6,5 millions de salariés pauvres, qui touchent moins de 10 euros de l’heure.

Deux millions de personnes perçoivent un salaire inférieur à 4 euros de l’heure, soit 720 euros par mois pour un emploi à temps plein. »

Sur le mythe du travailleur allemand qui travaille plus que le travailleur français, citons cet article du Monde de novembre 2011 « Temps de travail : la comparaison trompeuse avec le modèle allemand » qui remet les pendules à l’heure:

« L’Allemagne a plus recours au temps partiel que la France :  21,7 % de sa population active y sont employés à temps partiel en 2010, contre 13,6 % en France, selon l’OCDE. Si on intègre le temps partiel dans le calcul du temps de travail, la durée annuelle moyenne s’élève pour la France à 1 559 heures, contre 1 432 pour l’Allemagne, selon l’Insee.  La durée globale de travail est donc plus faible en Allemagne. »

Un autre article du Monde, de décembre 2011, « Le coût social des réformes outre-Rhin » fait un rapide tour d’horizon des mesures de casse sociale prise par le gouvernement Schröder, et en particulier des lois Hartz (les lois Hartz I, Hartz II ,Hartz III et Hartz IV comme on dit) pour construire leur « modèle allemand »;

« La première loi Hartz oblige les chômeurs à accepter un emploi moins rémunéré que leur allocation de chômage. S’ils sont célibataires et sans enfant, l’emploi peut leur être proposé partout en Allemagne.

La deuxième favorise les « mini-jobs » avec l’exonération des charges salariales pour les emplois payés moins de 400 euros mensuels. Une mesure qui touche plusieurs millions de personnes.

La troisième loi rend plus difficile l’accès à l’allocation de chômage (il faut avoir travaillé un an au cours des deux dernières années) et la durée de cette allocation est réduite à un an.

La quatrième a prévu de fusionner les indemnités sociales et les indemnités de chômage de longue durée, l’équivalent allemand des RMistes que sont les « Hartz IV ».

Sur les retraites, les cotisations ont été augmentées ; l’âge minimal de liquidation des droits pour les chômeurs a été progressivement relevé ; l’âge de la retraite a été reculé à 67 ans.

L’avantage fiscal dont bénéficiaient les retraités est peu à peu supprimé, des plans de retraite par capitalisation aidés par l’Etat pour les plus modestes sont mis en place.

Dans le domaine de la santé, un forfait trimestriel de 10 euros lors des consultations médicales est à la charge de patients, les soins dentaires sont sortis des domaines pris en charge.Les retraités sont mis à contribution pour l’assurance-maladie.

Sur la TVA, le seuil a été relevé à 19 % (au lieu de 16 %). »

Le site MyEurop.info a publié en octobre 2011 un article « La compétitivité allemande? 20% de travailleurs pauvres » décrivant en détails la paupérisation de la population allemande induite par le « modèle allemand » basé sur l’exportation.  Synthèse:

« Une société à deux vitesses. Pour renforcer sa compétitivité et exporter, l’Allemagne à libéralisé son marché du travail et précipité une part croissante des salariés dans la précarité: absence de salaire minimum, travail à temps partiel, « mini jobs » sans assurance maladie ou petit boulots payés 1 euro de l’heure. Aujourd’hui, près d’un travailleur allemands sur cinq est « pauvre ». »

Paupérisation qui se traduit par ce fait historique: « L’espérance de vie des pauvres a chuté en Allemagne depuis 10 ans«  comme l’explique par exemple un article du site Le Post en décembre 2011:

« L’espérance de vie moyenne des personnes aux revenus les plus faibles est passée de 77,5 ans en 2001 à 75,5 ans en 2010 »

Je finis par cet article de Jean-Luc Mélenchon dans Les Échos qui synthétisent parfaitement tous ces chiffres, et d’autres: « Le mythe du modèle allemand« .  Extraits:

« La croissance allemande basée sur les exportations est-elle un modèle généralisable ? Non. 65 % des exportations allemandes sont destinées à la demande des autres pays européens. Si ces derniers imitaient le « modèle allemand » en contractant leurs achats, l’export made by Germany s’écroulerait.

L’OCDE note que les Français travaillent 154 heures de plus par an que les Allemands. Et la productivité des travailleurs français est la plus élevée d’Europe. Elle a progressé sur la dernière décennie deux fois plus vite qu’en Allemagne.

Le taux de fécondité allemand est moitié moindre qu’en France. Depuis trente ans, il y a donc davantage de décès que de naissances outre-Rhin. Le pays est donc poussé à privilégier une économie de rente. La France a un besoin vital d’activité. D’ici à 2060, la population allemande devrait passer de 82 à 65 millions d’habitants. Celle de la France devrait passer dès 2050 à 73 millions d’habitants. »

Lio, est-ce suffisant ?  Ces chiffres et faits sont-ils assez convaincants ?  Je l’espère.  J’espère que tout le monde est bien convaincu que l’Allemagne n’est absolument pas un modèle à suivre !  Le « modèle allemand » est un leurre. Etendu à l’ensemble de l’Union européenne, il mènerait tout droit à la récession. L’intérêt général nous appelle à en finir avec cette fascination morbide pour l’Allemagne.

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